Fin combo 2010, quand la tournée pour leur album « The Incident » s’est achevée, les membres de Porcupine Tree ont décidé de mettre le groupe « entre parenthèses ». Chaque musicien a œuvré de son côté. Steven Wilson s’est lancé à fond dans sa carrière solo et dans divers autres projets. Le bassiste Colin Edwin à lui aussi fait ses trucs en solitaire et a officié avec Metalic Taste of Blood. Le batteur Gavin Harrison a migré chez The Pineapple Thief. Enfin, le claviériste Richard Barbieri a notamment bossé avec Steve Hogarth (de Marillion). Des envies d’ailleurs en somme.
Finalement, un peu à la surprise générale (possible que sans les confinements successifs imposés rien de concret n’aurait émergé), le groupe reprend vie fin 2021 avec la sortie d’un single et l’annonce d’un futur effort à paraître en juin 2022. Voilà donc ledit (onzième) méfait, baptisé « Closure/Continuation » (NdT : Clôture/Suite).
Premier constat, Colin n’est pas de la partie. Dixit Steven, les choses se sont faites naturellement. Alors qu’il était chez Gavin pour composer, il s’est mis à la 4-cordes et à jammer avec le maitre ès baguettes. Cette approche inédite a permis de trouver un son différent et a surtout donner la direction générale de la présente galette. Même si les sieurs Wilson, Barbieri et Harrison ont captés leurs parties « à distance », il s’agit d’un travail d’écriture bien plus collaboratif qu’à l’accoutumée. Sur les sept chansons de l'édition standard, une seule ('Of the New Day') est signée uniquement par mister Wilson. Cela change/contraste fortement avec les réalisations précédentes où Steven avait la main mise sur beaucoup plus de rôles.
Comme personne n’était dans la confidence de cette future sortie de hiatus (pas même les entourages, le management ou la maison de disques), la triplette a pu œuvrer sans pression ni contraintes de dates imposées. Rassurez-vous, on (re)trouve ce socle rock progressif cher à Porcupine Tree ('Rats Return' et ses accents jazzy). Un rien de metal, un chant aérien tout en émotion, de jolis refrains, des belles mélodies, quelques accalmies pop (la fausse ballade 'Dignity'), et de passages en ruptures plus légers (le tout et un 'Harridan', 'Chimeras Wreck' et sa structure labyrinthique).
Comme souvent avec l’Arbre Porc-épic, il y a toujours quelque chose qui vous tourne dans la tête et qui vous pousse à écouter et réécouter encore et encore. Il est clair que les expériences hors de leur formation référence (depuis une décennie) pour le trio pensant ont ouverts d’autres possibilités. Les plus mélomanes et fans de nos britanniques retrouveront des accointances (là un riff, ici un arpège, …) avec des œuvres précédentes. Sachant que certaines présentes compositions sont issues d’idées et de démos initialisées juste après « The Incident », on comprend mieux les filiations.
Entre Steven le « maniaque » du contrôle absolu, Gavin aussi « technique » que subtil et plein de groove, et Richard plus « instinctif » et adepte de « l’expérimental », l’équilibre se fait. Les nuances et finesses sont légions (gros boulot sur les arrangements). Une chanson sort tout de même du canevas « classique ». Pas de gratte, seulement de l’électronique et la batterie (le minimaliste 'Walk The Plank'). Malgré tout, ça reste et sonne comme du PT.
Plusieurs morceaux sont (trop ?) longs (quatre oscillent entre sept et quasi dix minutes). Ceux qui se procureront l’édition deluxe auront droit à trois titres supplémentaires (la magnifique 'Love In The Past Tense', la prog pop 'Never Have', l’instrumental King Crimson-ien 'Population Three'). Attention tout de même, l’écart de couts entre la version standard et la limitée est TRÈS significatif/dissuasif (environ +50€).
Bien que le groupe se soit de « reformé », rien ne dit si ce « Closure/Continuation » est/sera ou non leur ultime offrande. Seuls Steven Wilson et ses potes ont (peut-être) la réponse. Cela étant, les récents propos du chanteur-guitariste laissent tout de même à penser qu’il s’agit là d’un moyen de refermer proprement l’histoire de Porcupine Tree. Maintenant, si on nous demande notre avis sur ce « Stop ou Encore », on aimerait plutôt la seconde option. Qui vivra verra.