SORTILèGE
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Heavy Metal
Chroniques

Phoenix
Fred H
Journaliste

SORTILèGE

«Grâce à des réarrangements vocaux et musicaux de son répertoire passé, boostée par une prod’ massive et actuelle, SORTILEGE EST BIEN DE RETOUR»

14 titres
Heavy Metal
Durée: 63 min 25 mn
Sortie le 27/08/2021
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En l’espace de seulement trois ans (de 1983 à 1986), Sortilège a marqué la scène metal française des années 80 grâce à un EP éponyme et deux skeuds (« Métamorphose » et « Larmes de héros ») de hard heavy de qualité. Finalement, entre galères avec les maisons de disques, tensions internes, et manque de soutien du public (échecs des opus en versions anglaises), le combo décide de se séparer. Chacun suit alors son propre chemin.

Trente-trois ans passent (on oublie la tentative éphémère de 1992) et la formation originaire de Paris se reforme en 2019. C’est reparti pour une série de concerts, on parle d’un disque live et même d’un nouvel effort studio. Malheureusement, les membres fondateurs n’arrivent pas à s’accorder (c’était trop tentant) et une scission définitive en deux parties s’opère. Chaque clan revendiquant le blase, il y aura d’un côté un Sortilège conduit par les guitaristes Didier Demajean & Stéphane Dumont, et de l’autre il y aura une incarnation du même nom menée par le chanteur historique Christian « Zouille » Augustin.

Présentement, c’est cette seconde mouture qui nous préoccupe. Pour ce come-back, « Zouille » s’est entouré de nouveaux compagnons. On trouve les sixcordistes Bruno Ramos (Manigance) et Olivier Spitzer (ex-Satan Jokers) ainsi que le bassiste Sébastien Bonnet et le frappeur de futs Clément Rouxel (tous deux ex-musiciens de sessions pour le projet Zuul FX).

Pour ce « Phoenix », la clique a choisi de réenregistrer douze « classiques » puisés dans les trois méfaits existants et aussi de proposer également deux inédits. C’est un peu toujours le cas avec ce type de « disque compilation » (track-list visiblement décidée par la maison de disques), selon les gouts de chacun, untel aurait préféré tel morceau plutôt que tel autre, cette piste ci à la place de celle-là, etc. Allez, ne boudons pas notre plaisir car il y a ici plein de bonnes choses à s’envoyer dans les esgourdes.

D’abord, même si le quintette fait du neuf avec du vieux, pouvoir réentendre tous ces titres avec une production digne de ce nom est vraiment agréable. On ne peut qu’apprécier les très bons boulots accomplis sur la co-réalisation (supervisée par messieurs Spitzer et Augustin en personne) et le mix (signé Tony Arconte) du skeud. Ça envoie du gros son, bien dynamique et moderne (l’implacable 'Messager'). Une seconde jeunesse est donc offerte à toutes ces compos (on pense notamment aux bastos issues du EP qui n’avaient jamais eu de prod’ à la hauteur). Certaines pépites ont beau avoir plus de trente piges, elles font encore leur petit effet (l’incontournable 'Délire d’un fou').

Sans dénaturer le matériel initial ni trahir le passé (les fans apprécieront), la nouvelle équipe s’est (ré)approprié les titres en changeant ici un solo ou une intro, là un arrangement ('Civilisations Perdues'), un bout de ci, ou une partie de ça. Les remaniements sont tantôt légers ('D’ailleurs' ici un rien accéléré) et parfois plus profonds (l’hymne 'Sortilège' et ses chœurs fédérateurs, les boulets de canons 'Mourir pour une Princesse', 'Marchands d’Hommes', 'Chasse le Dragon'). Dans certains cas, c’est un véritable lifting en règle qui a été opéré ('Quand un aveugle').

Ensuite, malgré les trois décennies et demie de plus au compteur, la voix de Christian est toujours aussi (sur)puissante (forcément un peu moins qu’a époque… quoique). Même s’il a laissé deux-trois envolées aiguës et autres montées criardes ('Majesté'), notre hurleur a adapté ses lignes de chant en fonction de ses capacités vocales d’aujourd’hui.

Enfin, il y a la présence de deux (et plutôt bons d’ailleurs) titres inédits. Si l’un allie riffs bien heavy et refrain imparable ('Phoenix'), l’autre n’est pas en reste entre puissance et mélodie ('Toujours plus haut'). Ces nouveautés se fondent dans l’ensemble sans dépareiller.

Pour emballer tout cela, n’oublions pas de mentionner la sublime pochette signée par le Graphic designer et hyper prolixe Stan-W Decker qui sévit depuis de nombreuses années avec une kyrielle de combos (Vulcain, Adx, Avalon, Primal Fear, Hardline, Jorn, Etc.).

Grâce à des réarrangements vocaux et musicaux de son répertoire passé, boostée par une prod’ massive et actuelle, la renaissance du « Phoenix » s’opère. Beaucoup doutait de ce come-back risqué. Au-delà de la guerre intestine sur le nom (qui ne concerne que les protagonistes impactés), SORTILEGE EST BIEN DE RETOUR, et c’est ça le plus important. Rendez-vous en 2022 avec du matériel 100% inédit (c’est ce qui est prévu en tout cas). On a hâte de découvrir tout ça.