AUGUST BURNS RED
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Metalcore
Chroniques

Phantom Anthem
Enora
Journaliste

AUGUST BURNS RED

«''Phantom Anthem'', le metalcore comme succession de rêves, parfois entraînants, parfois décousus !»

11 titres
Metalcore
Durée: 54 mn
Sortie le 15/08/2017
11082 vues
FEARLESS RECORDS
Je pense que nous serons tous d'accord sur le fait qu'August Burns Red n'a pas besoin d'être présenté. On retrouve donc les Américains pour leur nouvel album intitulé Phantom Anthem, qui fait suite à Found In Far Away Places, sorti en 2015. Sans totalement déroger à leur Metalcore coutumier, le groupe avait initié des changements avec des titres teintés de passages plus atmosphériques, une voie qui ne se retrouvait pas, par exemple, chez leurs confrères de Parkway Drive, qui sortaient l'album Ire la même année. La question est de savoir si ces idées novatrices ont trouvé une suite à travers Phantom Anthem, sans pour autant perdre l'identité originelle du groupe !

Ce nouvel album débute de façon explosive avec le bouillonnant, mais néanmoins mélodique, « King Of Sorrow ». Guitares virtuoses et lourd duo basse-batterie se superposent, le tout mis sous pression par les hurlements de Jake Luhrs. Avec « Hero of the Half Truth », on revient à des sonorités plus traditionnelles. Un interlude aux cordes, sur lequel s'ajoutent les guitares, vient cependant rehausser le ton un peu fade de ce morceau qui emprunte à différents univers musicaux sans cohérence. « The Frost » manque également d'unité dans sa composition. Une mélodie presque trop douce se retrouve prise en otage par les cris agressifs du chanteur, mais le mélange ne prend pas.

Les premières notes de « Lifeline » sonnent cependant comme une délivrance ! August Burns Red n'a pas oublié les recettes qui marchent et nous propose un morceau énergique et lourd à souhait, avec des breaks merveilleusement efficaces. Le solo de guitare casse le rythme de la chanson, mais n'en perd ni la force ni la beauté. « Invisible Enemy » a de quoi devenir un hymne du Metalcore par sa puissance brute. Une véritable palette des screams se déploie pour le plus grand plaisir de nos oreilles, et la basse confère une véritable assise au morceau. Un break monstrueux achèvera de convaincre les sceptiques !

Il semble bien que les deuxième et troisième titres de l'album étaient des errements passagers puisque « Quake » n'est pas en reste après les deux précédents morceaux qui pourraient être considérés comme une introduction à cette chanson à la rythmique implacable ! « Coordinates » est l'occasion de reprendre sa respiration et le parallèle avec le titre « Gone With The Wind », de l'album « All Our Gods Have Abandoned Us » d'Architects est presque une évidence, pas tant au niveau purement musical (bien que la comparaison soit explicable par l'alternance de passages doux et mélodiques et d'autres plus musclés et tendus), mais bien dans l'atmosphère qui se crée.

Cependant, les Américains ne tardent pas à repartir à l'assaut avec « Generations ». L'ouverture mélodique de « Float », est vite rattrapée par un Metalcore classique qui n'a, malgré cela, pas le côté insipide de « Hero of the Half Truth ». Le titre « Dangerous » entame un retour au calme en dépit d'une batterie violemment martelée. C'est avec « Carbon Copy », un morceau plus intéressant par sa rythmique découpée, sur laquelle se calque la voix, que par sa mélodie, bien qu'on ne dise jamais non à tant de vitalité, que se termine cet album. Le changement de ton qui se manifeste dès la moitié de la chanson se ressent comme un engourdissement, semblable au temps de latence lorsqu'on émerge du sommeil.

Et peut être que c'est ainsi que « Phantom Anthem » doit être perçu : une longue nuit de sommeil ; mais certainement pas du point de vue de la langueur, plutôt comme une succession de rêves, parfois entraînants, parfois décousus. Bien que réussi dans l'ensemble, la force de certains titres de l'album ne peut occulter l'incertitude et les contradictions d'autres, dont le ton semble ne pas avoir été donné. Si les évolutions initiées avec « Found In Far Away Places » se retrouvent ici, on peut regretter que ce nouvel album soit moins lisible que le précédent.