«Pas de surprises à attendre. Malgré tout, l’œuvre comporte assez de belles réussites americana folk rock pour nous emmener et nous faire passer un bon moment.»
Mine de rien et sans faire trop de vagues, cela fait désormais/déjà 18 piges que Jake Smith alias The White Buffalo trace sa route. Depuis quasi 2 décennies, l’homme à la carrure de rude bûcheron mêle (hard) rock-country, folk, americana, blues et même un rien de soul. Outres ses propres galettes (jusqu’à lors six efforts et trois EP), le lascar à également bossé pour la télévision (plusieurs titres écrits pour les séries Sons of Anarchy, Californication ou encore The Punisher).
Deux ans après « Darkest Darks, Lightest Lights », le buffle blanc revient avec son septième méfait « On The Widow's Walk ». Outre 2 ou 3 pistes façon rock « rythmé » (l'ouvreur 'Problem Solution', les Springsteen-iens 'No History' et 'Faster Than Fire'), finalement peu de chansons rapides sur cet opus. On le sait, derrière l’image du grand gaillard bourru se cache en fait beaucoup de sensibilité. Une fois encore, notre chanteur, guitariste, conteur d’histoires et auteur-compositeur américain promène sa voix de baryton sur chacun des morceaux. Son timbre, unique, profond, rocailleux, résonne au milieu de grattes tantôt acoustiques tantôt électriques et de douces notes de piano appuyées. C'est plutôt pas mal réussi sur les morceaux les plus calmes ('Sycamore', 'River Of Love And Loss' qui rappelle fortement Townes Van Zandt).
Épaulé par ses comparses (le sixcordiste-bassiste Christopher Hoffee, le batteur Matt Lynott), l’étasunien a opté pour l'approche enregistrement live et première prise. Tout est parfaitement équilibrée grâce à la prod' goupillée par Waylon « Shooter » Jennings (fils de la légende country du même nom), qui effectue également quelques parties de piano et claviers ici et là. Smith évolue avec aisance comme un poisson dans sa rivière avec ses ambiances americana folk relativement immersives ('Come On Shorty', la piste éponyme et son refrain facile mais efficace à la « ha hahahha haha »).
Beaucoup de ballades donc (le délicat 'The Drifter', le fragile 'I Don't Know A Thing About Love') où plane un sentiment de nostalgie et de mélancolie. Ces mélodies douces amères touchent au cœur (le tout autant poignant qu'envoûtant 'Cursive'). Avec son phrasé lancinant et omniprésent (atouts majeurs du Monsieur reconnaissons le), notre sympathique chevelu-barbu nous parle de ses sujets de prédilections (la vie, la marche implacable de la technologie, la puissante mère nature).
Avec son « On The Widow's Walk », The White Buffalo nous embarque en terrain connu. Pas de surprises à attendre. Malgré tout, l’œuvre comporte assez de belles réussites americana folk rock pour nous emmener et nous faire passer un bon moment.