La formation Parisienne, ambassadrice cultissime, dûment reconnue dans le monde du Heavy Speeed, en tenant compte du reliftage apporté en 2010 à «La Terreur », nous sort son 10ème album.
Nous repartons d’un line-up mixte entre vétérans fondateurs (Phil, Pascal et Didier) et jeunes loups dotés d’un bel engagement (Julien et Nicklaus, déjà solide baroudeur).
A quoi pouvions-nous nous attendre ? Partant du titre de l’album, nous constatons d’emblée le message fort lancé : nos gaillards ne se soumettront point !!! Qu’en déduire ? Justement, l’écoute de cette nouvelle galette nous en apprend plus et, en ce qui me concerne, m’a permis d’avoir des clés permettant d’objectiver le sentiment du jour.
Etant un passionné de musique symphonique, que grande fut ma surprise de découvrir une remarquable intro «L’aube noire » qui vous transporte littéralement. Je la regrette courte mais il y a fort à parier que le dosage était savamment pesé. Le spectre de Bruno Massé passe (N.D.L.R. : Auteur du livre éponyme évoquant les péripéties d’amis soudés contre le nouvel ordre mondial). Serait-ce un clin d’œil ?
Le second titre fuse, « La mort en face », et ô bonheur, on y perçoit puissance, un chant plus grave surplombant des riffs excellents, on s’envole dans des passages épiques (on n’est pas plus lents que chez Amon Amarth), on retrouve un bon heavy solidement ancré dans ses bases et des pointes speedées de haute volée. A peine le titre écoulé que vous réalisez qu’il s’agit mieux que d’un simple titre, c’est plus poussé qu’un bon hit, c’est un véritable hymne qui s’offre à nous.
Nous partons ensuite découvrir la « complainte de Déméter », nous trouvant dans un morceau plus posé dans une agréable architecture mélodique mais assez vif ; le tout guidé par un chant vindicatif. Non, nous ne voyageons pas avec la Déesse Grecque de l’agriculture, ni n’allons militer dans une association d’hommes de la terre, nous voguons au gré des marées, emportant à notre bord, le cercueil de Lord Vlad Tepes. Que vient foutre Dracula ici ? Mais justement, n’est-il pas le symbole par excellence de l’insoumission, lui qui combattit avec cruauté, les ennemis Ottomans de l’époque ? Et nous « recherchons une nouvelle terre, scrutant les ombres noires à la proue du navire, qui se décime ».
A peine remis de notre croisière, nous sommes surpris par le passage d’un B17, qui sur le 4ème titre, est voué à un voyage pérenne dans le monde fantomatique de l’oubli. On peut apprécier le bon jeu de batterie, frappant avec précision, double pédale, mitraillant…et ces riffs de guitare qui vous restituent avec excellence l’angoisse d’une errance éternelle, sans carte de navigation.
A ce stade de l’album, il y a une bonne chance d’être conquis. A moins de rester nostalgique des premiers albums !
Vient le tour du titre éponyme, à peine les riffs introductifs posés, nous nous retrouvons à califourchon sur le dos d’un rhinocéros, fonçant dans un magasin de porcelaine. Ce morceau est tout bonnement magnifique, très actuel. La bête n’est pas morte ni prête à entrer en maison de repos.
Autre constat : Bon sang, ADX s’est « powerisé » !! Les autres titres, « L’Irlandaise », « Cosaques » et « La Furie », gardent les mêmes qualités que déjà évoquées et c’est alors gageure que d’isoler un titre en particulier car la qualité est omniprésente, la galette est cohérente dans son univers richement agrémenté.
Je me dis aussi que nous serons nombreux à écouter cette œuvre et seront certainement nombreux à pouvoir disserter quant au meilleur titre. N’est-ce pas là bon signe d’un produit de qualité ?
En conclusion, je trouve que cet album est puissant, intelligent, construit, mélodiquement travaillé. Contrairement à des groupes « cultissimes » qui se sont essoufflés, nous voyons qu’ADX a intégré modernité en sublimant le sens sacré de l’Heavy Speed. J’en prends pour preuve mon morceau coup de cœur « Les oubliés » qui vous martèle d’emblée les tympans, tout en jouant le sauveur du triangle dramatique de Karpman, vous enlaçant dans un midi tempo se la jouant mélodique et presque apaisant. Mais non, pas de slow chez nos Parisiens.
Nous retrouvons les ficelles d’ADX, maniant avec brio les messages ésotériques par usage immodéré du second degré tout en ayant la finesse de vous glisser quelques éléments historiques.
Mon verdict est posé : Cet album est excellent et va plus loin que leur « Ultimatum » lancé il y a 2 ans. Cette fois, on est davantage dans l’action. ADX vous invite à un grand voyage, et vous ne voyez pas le temps passé sur le chemin. Sans doute détiennent-ils les clés de la longévité !!