Le passionné d'égyptologie qu'est Karl Sanders ne cesse de creuser dans cette mythologie qui lui est chère depuis son plus jeune âge, au point d'en avoir fondé son groupe autour d'elle. Nile, difficile de faire plus clair et plus authentique comme choix de groupe. Simple, efficace, difficile à oublier tout comme son brutal death technique qui lui, en revanche est très complexe à l'instar de sa passion. Nile, quatre lettres qui parlent d'elles-mêmes; Nile qui suscite une impatience attente dès que son leader annonce qu'il travaille sur un nouveau chapitre de sa quête.
C'est donc avec un enthousiasme certain que je vais vous parler du dixième opus du groupe américain originaire de Greenville (Caroline du Sud), "The Underworld Awaits Us All", disponible dans les bacs digitaux le 23 août prochain via Napalm Records et digne successeur de l'excellent "Vile Nilotic Rites" paru il y a déjà cinq ans !
Comme je l'avance dans mon introduction, je ne pèse pas mes mots en qualifiant ce nouvel album comme étant le digne successeur du précédent disque qui avait déjà mis la barre très haute ! Nile monte d'un cran ici. Non pas dans la brutalité, la vitesse, ni même la technicité, le quintet américain n'a plus rien à prouver; mais dans sa façon de mettre en scène tout son savoir-faire, d'avoir su aller encore plus loin dans ses fouilles archéologiques en étant davantage inspiré par le rendu de l'ambiance que par son impact sur l'auditeur.
Soyez rassurés les amis, la galette va vous en mettre plein la face pendant près d'une heure, mais de façon plus subtile et authentique. On sent que Karl a mis ses tripes dans cette oeuvre et qu'il a demandé à ses acolytes d'en faire tout autant. Plus familièrement, ils ont déballé leurs baloches sur la table pour déployer l'artillerie lourde !
Onze titres dont le classique interlude à mi-parcours pour souffler un peu ("The Pentagrammathion of Nephren-Ka") et une apocalyptique outro instrumentale ("Lament for the Destruction of Time"); pour le reste c'est de la boucherie fine avec un hors d'oeuvre brutal assaisonné de terreur "Stelae of Vultures" qui annonce un menu dense rehaussé de blast beats dévastateurs dont l'intensité est difficilement qualifiable !
Après avoir pu échanger quelques mots avec Karl Sanders, la composition de cet album devient plus claire. Tout en restant fidèle à sa passion, il cherche à explorer l'au-delà, ce qui donne un sens tout naturel au titre de la galette. Personne ne revient de la mort mais l'idée que nous nous retrouvions tous dans un monde sous-terrain traduit le concept évoqué ici.
En se concentrant sur le fil de la tracklist, Nile tape dans le mille en délivrant une musique plus organique avec une sonorité captée au niveau des instruments sans effet, ni compression afin d'en sortir l'essence même du jeu de chacun des membres de la formation. Il en ressort un son massif, purement Metal; et pour véhiculer une atmosphère épique, voire romantique, Nile a fait appel à de vrais choristes afin de parsemer quelques morceaux de choeurs accompagnant souvent le refrain scandé par le frontman, Brian Kingsland ("Naqada II Enter the Golden Age", "Overlords of the Black Earth" par exemple). Ce choix permet d'éviter d'utiliser des claviers pour transmettre cette ambiance; Karl affirme ainsi sa volonté de déployer un album résolument Metal, résolument organique, en un mot : pur !
Dans la progression de ce dixième méfait, on sent que les 2/3 de ce dernier sont très rapides et brutaux. C'est clairement un déferlement de violence dont le rythme imposé par Georges Kollias est surnaturel ! Le dernier tiers, à partir de "Doctrine of Last Things" distille des morceaux plus lents, plus sombres, plus lourds et dont les durées respectives de chacun d'entre eux sont aussi plus longues. Nile met l'accent sur la fin de vie et le passage vers le monde sous-terrain qui nous attend tous. Il est clairement illustré par un éboulement de pierre, de sol qui s'éventre, d'une Terre qui disparait....
Avec ce dixième disque, Nile arrive à surprendre en magnifiant son death metal déjà fort bien maîtrisé. Inspiré, novateur et toujours aussi rentre dedans, "The Underworld Awaits Us All" est une pépite qui convainc instantanément et qui mérite d'être appréciée comme un bon vin de garde.
1. Stelae of Vultures
2. Chapter for Not Being Hung Upside Down on a Stake in the Underworld and Made to Eat Feces by the Four Apes
3. To Strike with Secret Fang
4. Naqada II Enter the Golden Age
5. The Pentagrammathion of Nephren-Ka
6. Overlords of the Black Earth
7. Under the Curse of the One God
8. Doctrine of Last Things
9. True Gods of the Desert
10. The Underworld Awaits Us All
11. Lament for the Destruction of Time