Depuis 2017, de l'autre côté de l'Atlantique, les petits gars de Bishop Gunn commencent à se bâtir un joli petit Curriculum Vitae. On peut notamment citer leur apparition remarquée à la huitième édition annuelle du « Chillin' the Most Cruise » de Kid Rock, leurs présences à différents festivals (le Peach Fest, le Pilgrimage ou le Laid Back) et les premières parties récentes pour Black Stone Cherry et Whiskey Myers. 2019 ne s'annonce pas trop mal non plus avec une tournée européenne en compagnie du chapeauté Slash et de sa clique de conspirateurs.
Bref, en Mai 2018, le quatuor livrait son premier effort baptisé « Natchez » (en référence à la ville natale du groupe située dans le Mississippi). On peut dire que les lascars n'avaient pas faits les choses à moitié. Ils avaient choisis d'enregistrer dans divers studios réputés (dont le célèbre Muscle Shoals Sound Studios d'Alabama qui a vu passer entre autres Lynyrd Skynyrd et The Rolling Stones) et sous la houlette des producteurs Casey Wasner et Mark Neill (respectivement nominé et vainqueur aux Grammy). Le résultat ne s'était guère fait attendre. La rondelle s'était vite retrouvée propulsée directement 4eme au Billboard Blues et s'était hissée à de très bonnes places dans divers autres classements US. Malgré ces plébiscites, l'album est passé quasi inaperçu dans notre bel hexagone. Réparons immédiatement cet écart. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Composé de Travis McCready au chant, Drew Smithers à la guitare, Ben Lewis à la basse et Burne Sharp à la batterie, les américains distillent leur Rock blues avec délectation et modernité. Les garçons alternent les pistes racées ('Anything You Want', 'Silver Street') et le rock groovy des seventies ('Right There With Me', 'Shine' et ses cuivres chaleureux) où les interventions d'harmonica et les nombreuses licks – variations de riffs - de grattes ('All The Ways') sont fort bien amenées. Les racines Rhythm and blues sont TRES présentes tout au long de l'album (la douce ballade mélancolique 'Devil Is a Woman' et ses choeurs Soul). Rien de surprenant donc que nos quatre larrons reprennent un classique ('Baby What You Want Me To Do') du guitariste-chanteur bluesman Jimmy Reed (lui aussi né dans l'État du Magnolia). D'abord tout tranquille, le milieu de ce morceau est tout simplement dynamité par une partie de boogie en-dia-blée qui vous embarque totalement. Tout ça sent bon le vieux whisky local non frelaté (nos quatre larrons ont d'ailleurs tourné un film publicitaire pour une grande marque de liqueur). On s'y croirait.
Les textes sont particulièrement travaillés. Le vocaliste nous narre des tranches de vies dans le Sud, le vrai, l'authentique, et ce qu'il faut faire pour tenter de s'en extraire (l'opener 'Southern Comfort' ou l'excellente et désespérée compo finale 'Alabama'). « Priez pour le meilleur mais attendez le pire », vous voyez le genre.
Comme le disait toujours la bonne Maman de ce cher Forrest Gump - également natif du cru dans la ville fictive de Greenbow (mais on ne va pas chipoter) : « La vie, c'est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Toutes les friandises de Bischop Gunn proposées ici dans ce « Natchez » sont un savoureux mélange de rock sudiste, de soul et de blues. N'attendez plus.