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The Metallica Blacklist

FRED H
Journaliste

Metallica

Ce « The Metallica Blacklist » se révèle copieux, généreux, mais aussi inégal et peut-être trop ambitieux. En virant les redondances, les ratages et ce qui n’apportent rien de nouveau, il y a moyen de se goupiller un double CD plutôt pas mal.
53 titres
Death et Thrash
Durée : 245 min 27
Sorti le 10/09/2021
2756 vues
BLACKENED RECORDINGS INC.
Dans la carrière de Metallica, il y a indéniablement un avant et un après leur disque sans nom (ou éponyme si on veut) sorti en 1991. A ce jour, ce « Black Album » (surnom lié à la pochette presque entièrement noire) demeure leur plus grand succès en termes de ventes (plus de 30 millions d'exemplaires écoulés à travers le globe et seize certifications disque de platine rien qu’aux USA).

Avec ce cinquième skeud studio, le combo est définitivement entré dans une autre dimension. Tournées mondiales gigantesques, grands barnums scéniques, sollicitations de tous ordres, produits dérivés et parutions discographiques jusqu’à l’indigestion, etc. Musicalement, cet effort a surtout opéré un virage majeur pour les Mets. Tempos plus lents, titres plus courts, structures plus simples (parfois basées sur un unique riff). Entre la production perpétrée par le canadien Bob Rock (ancienne gloire du glam qui à cette période-là était connu pour avoir sévit avec The Cult et Mötley Crüe) et l’approche plus « accessible », certains fans ont totalement décrocher.

Quoi qu’il en soit, pour célébrer les trente ans de leur opus monument, en plus de la réédition entièrement remastérisée de ladite rondelle (rien à redire sur l’excellent boulot réalisé), les Four Horsemen publient un monstrueux coffret rempli de reprises de ce même disque monolithe. Sur 4 CDs, les quatre gars ont compilé 53 morceaux commis par une kyrielle d’artistes issus d’univers musicaux divers et variés. Tous ces protagonistes ont donc revisité les douze chansons de la galette référence. Notons au passage que les bénéfices de ce « The Metallica Blacklist » seront versés à plusieurs œuvres caritatives choisies par la pléthore de musiciens participant à ce projet.

Après écoutes, il est clair que Lars et ses comparses ont ratissés TRES LARGE. Tout y passe ou presque : Metal, hip-hop, free jazz, indie-folk, punk, reggae, country, rap, pop, sonorités latino, et mêmes des assemblages-bidouillages électro machins. Il y en a pour tous les gouts et ça vient d’à peu près partout (France, Suède, Mexique, Colombie, Irlande, Inde, Angleterre, Mongolie, etc). Du coup, dans ce maelstrom de quatre heures et quart de musique (gloups ?!), il faut faire le tri.

D’abord, on trouve les partisans relativement fidèles au matériel source. Certains s’en tirement correctement (Corey Taylor, Volbeat) et d’autres passent à côté par trop de similitudes (Weezer, John Pardi). Ensuite, il y a ceux qui sortent de leurs genres de prédilections pour s’aventurer là où on ne les soupçonne pas ou mal (Tomi Owó et Alessia Cara = la nouvelle génération du R&B). Cela offre des choses plutôt intéressantes et surprenantes (dans le bon sens). S’ensuivent les adeptes du pompage qui utilisent des samples voire carrément des parties des morceaux originaux pour créer leurs propres mix(tures) (Mexican Institute of Sound, Flatbush Zombies, Chase & Status, The Neptunes, le Mashup 'Don’t Tread on Else Matters' de SebastiAn, l’expérimentation reggaeton de J Balvin). Globalement, les résultats sont des plus bof bof. Et puis, il y a les loupés qui n’arrivent pas à égaler la qualité du modèle et/ou des autres performances concurrentes (St. Vincent, Vishal Dadlani et sa clique, Diet Cig, My Morning Jacket, … entre autres).

En fait, il y a une chose qui n’aide pas à l’assimilation de cette « liste noire », c’est le séquençage. Livrer ces adaptations dans le même ordre que le skeud modèle, on peut comprendre et pourquoi pas. Cependant, coller successivement cinq-six-sept… et jusqu’à douze versions d’un même titre, c’est beaucoup trop. Qui a envie de s’infliger une grosse heure de zique avec une même chanson quand bien même l’interprète change (c’est le cas pour 'Nothing Else Matters') ? Le masochiste à ses limites.

Dans ce grand tout, on tombe tout de même sur de vraies pépites. En vrac, on peut citer le rockabilly 'Sad But True' de Jason Isbell and the 400 Unit, l’orientation indus de 'Enter Sandman' par Rina Sawayama, le minimaliste 'The Unforgiven' de Moses Sumney, la berceuse 'Nothing Else Matters' de Phoebe Bridgers, ou encore quelques variantes keuponnes (The Chats, OFF!). On a là des curiosités qui font du bien ('Through the Never' en langue mongole par The HU, l’instrumental grattes sèches 'The Struggle Within' par le duo Rodrigo y Gabriela, le tourbillon jazzy 'My Friend of Misery' par le saxophoniste Kamasi Washington, l’escapade espagnole de Ha*Ash).

Pour être complet, les partisans ultimes des quatre cavaliers - qui n’en auraient encore pas assez - peuvent se jeter sur le gigantesque « Deluxe Box Set » qui est publié en parallèle. A l’instar des précédents et autres disques déjà ressortis dans ces versions méga coffrets en édition limitée, le groupe a vidé ses archives personnelles pour proposer une fois encore tous un tas de trucs rares et inédits sous différents formats (audios, vidéos, papiers, goodies). Le pavé vous coutera tout de même 239.98$ (prix sur le Met Store). Quand on aime on ne compte pas.

Qu’on veuille l’admettre ou non, Metallica et son « black album » ont marqués la planète metal mais aussi en dehors. Tenter d’apporter quelque chose de nouveau en allant puiser dans d’autres univers et styles était une vraie bonne idée. Ce « The Metallica Blacklist » se révèle copieux, généreux, mais aussi inégal et peut-être trop ambitieux. Pour être positif, en virant les redondances, les ratages et ce qui n’apportent rien de nouveau, fort d’un séquençage corrigé, il y a moyen de se goupiller un double CD plutôt pas mal.

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