Quatre ans après le saignant ''Carnivore'', Body Count is back in the house avec ''Merciless'', huitième déflagration sonore qui ne fait pas de quartier. A soixante ans passés, on pourrait croire Ice-T assagi et fatigué de se battre contre les injustices d’une Amérique qui ne fait plus rêver depuis longtemps. Que nenni ! Epaulé par son fidèle compagnon d’armes Ernie C et un line-up ultra solide, Mister T dégaine ses punchlines et tire à boulets rouges sur l’establishment, les politiciens, le Ku Klux Klan et tout ce qui gangrène la patrie de l’Oncle Sam.
Et quoi de mieux qu’un bon vieux thrash des familles pour accompagner cette hargne verbale ! L’opus démarre sur une intro typique BC, sorte d’avertissement à ce qui va suivre. L’écrasant 'Merciless' au riff ‘’Iommesque’’ lance les hostilités, la violence des textes rappelant le 'No Remorse' de l’album précédent. 'The Purge', morceau influencé par le film homonyme, se montre plus véloce et agressif via les growls d’un George ‘’Corpsegrinder’’ Fisher (Cannibal Corpse) possédé.
Si Slayer reste la principale influence du gang, les nostalgiques de l’âge d’or de Suicidal Tendencies devraient prendre leur pied sur cette cuvée 2024. La basse slappée de Vincent Price sur 'Fuck What You Heard' rappelle un certain Robert Trujillo. Les soli de 'Lying Motherfucka' et 'World War' n’auraient quant à eux pas dépareillé sur ''The Art Of Rebellion''.
'Drug Lords', featuring Max Cavalera, fait parler la poudre façon hardcore 80s alors que 'Live Forever', qui tend le micro à Howard Jones, s’aventure sur le terrain du metalcore.
Quelques samples viennent égayer 'Psychopath' (sur lequel intervient Joe ‘’Fit For an Autopsy’’ Bad) et un 'Do Or Die' au phrasé rappé qui rappelle le background hip hop du frontman.
Mais la perle rare de cette galette reste bien sûr la reprise du 'Comfortably Nomb' de Pink Floyd. Ce qui pourrait passer pour une incongruité, voire un crime de lèse-majesté, s’avère une très belle surprise. Ice T réussit l’exploit de moderniser cette superbe pièce via des textes on ne peut plus actuels, tout en gardant l’essence même de l’original et ce, grâce David Gilmour, venu en personne poser un solo revisité sur ce classique intemporel.
Contrat rempli pour le septette de Los Angeles qui, tel un Cabernet Sauvignon californien, se bonifie avec les années. On espère une descente prochaine du gang dans notre ‘’hood’’ pour une mothafucka party explosive.