«Cette nouvelle édition de « Grand Declaration of War » est absolument incroyable, elle offre une nouvelle existence à des compositions qui malheureusement n'avait pas le son qu'elles méritaient à l'époque»
Mayhem est incontestablement le groupe dont l'histoire est la plus fascinante : Meurtre de son créateur, suicide de son chanteur (photos à l'appui), procès d'un ex-membre à la Une et une vérité bien dissimulée qui ne sera sans doute jamais connue. Le plus troublant, c'est qu'on en oublierait presque la musique avec tout ça, pourtant les Norvégiens ont sorti plusieurs albums, lives et EPs, dont « Grand Declaration of War » en 2000, qui est aujourd'hui réédité en grandes pompes par Season of Mist. Mayhem n'est pas seulement l'un des fondateurs du True Norwegian Black Metal, c'est également un groupe dont la légende dépasse de loin le cadre musical.
Quand « Grand Declaration of War » est sorti en 2000, on en oubliait presque qu'il s'agissait seulement du deuxième album studio de Mayhem. Il sortait 6 ans après le culte « De Mysteriis Dom Sathanas » et plus de 15 ans après la création du groupe par le regretté Euronymous. Il faut dire que l'extra-musical avait pris une place tellement importante, qu'en ce début de millénaire, voir Mayhem sortir un album était un vrai événement en soi. Mais être précédé par sa légende n'est pas forcément un avantage, « Grand Declaration of War » n'a pas eu la reconnaissance et le succès escomptés, bien loin du Black Metal de souche de « De Mysteriis Dom Sathanas » ou même du furieux EP « Wolf's Lair Abyss » (1997), cet album a surtout filé la migraine. L'orientation stylistique prise par Mayhem avait surpris, un Black froid incluant des sonorités Indus / Bruitiste, mêlé à un chant grave et clair, un son de batterie ignoble surplombés par une production fade le tout avec un artwork horrible, on frôlait l'incident diplomatique de très près. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire et se rendre compte de ses erreurs, jamais. Du coup, 18 ans plus tard, Mayhem décide de donner une seconde chance à « Grand Declaration of War », ce qui est quand même une vraie bonne nouvelle.
Pour ce faire, les Norvégiens et Season of Mist on vu les choses en grand, il fallait bien un ponte pour s'occuper du mixe et du remaster (oui, c'était nécessaire), c'est donc au très en vogue Jaime Gomez Arellano (Cathedral, Ghost, Paradise Lost) que la tâche a été confiée. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'après une seule écoute la différence est frappante, le travail de Jaime Gomez Arellano est hallucinant, « Grand Declaration of War » possède désormais un son bien plus direct et violent, chaque riffs ou frappe de batterie dégage une puissance incroyable qui résonne bien après avoir été joué. Il suffit d'écouter 'In The Lies Where Upon You Lay' pour s'apercevoir à quel point le rendu est exceptionnel, c'est un véritable déferlement de haine qui s'abat sur vous, une colère à la fois froide et angoissante. L'effet est similaire avec les surpuissants 'A Time to Die' et 'Completion In Science Of Agony, Pt. 1' qui renvoient un aspect des plus malsains. On en vient légitimement à se dire que « Grand Declaration of War » n'était pas mauvais mais que sa production en 2000 n'avait rien pour lui rendre grâce. Tout est devenu plus limpide y compris les titres plus expérimentaux comme la doublet 'A Bloodsword And A Colder Sun, Pt. 1/Pt. 2' , ce ravalement de son est une vraie bénédiction (le mot est sûrement mal choisi) pour cet album tant décrié. Même les vocaux de Maniac ont plus d'épaisseurs, c'est dire à quel point cette nouvelle version est bien foutue. Mais il n'y a pas que le son qui a fait l'objet d'un lifting, l'artwork a également été changé et ce n'est pas un mal. Exit la colombe piégée dans les fils barbelés, Glyn Smyth a eu la bonne idée de la coller dans les bras du Christ, ce qui au demeurant à bien plus de gueule. Et pour finir, « Grand Declaration of War » sera disponible dans les formats habituels mais aussi dans un coffret exclusif en bois robuste avec du cuir véritable cousu sur le dessus comprenant 7 vinyles, un livret de 32 pages, une sérigraphie et un back patch.
Incroyable Mayhem qui arrive 18 ans après la sortie d'un album ultra décrié a en faire un objet merveilleux. Cette nouvelle édition de « Grand Declaration of War » est absolument incroyable, elle offre une nouvelle existence à des compositions qui malheureusement n'avait pas le son qu'elles méritaient à l'époque. Si vous êtes en froid avec cet opus, vous pourriez très vite changer d'avis après avoir écouté la version 2018, du moins c'est ce qu'on vous souhaite.