Les afficionados de Stoner desert rock US connaissent forcément Brant Bjork. Il fut évidement l'emblématique batteur de LA référence ultime du genre … Kyuss. Depuis son départ de ce combo culte (1994), il s'est encanaillé avec Fu Manchu (cinq skeuds derrière les toms) et à surtout monter ses propres projets (pour lesquels il s'occupe de quasi tout : chant, guitares, … production). Douze disques ont donc vu le jour que ce soit sous son nom ou en collaborations (avec les copains du 'The Bros', l'unique galette du groupe Ché, …). Courant 2013, il reprend les baguettes à la demande de son pote John Garcia (Hermano, Unida) pour Vista Chino et l'enthousiasmant album « Peace » qui va avec. Pour son treizième effort solo, Mister Cool s'acoquine de nouveau avec Bubba Dupree … ami de longue date, co-auteur attitré, sixcordiste et membre du Low Desert Punk Band. Le duo s'est occupé de l'écriture des chansons et s'est fait seconder ici et là pour l'interprétation par le bassiste camerounais Armand Sabal-Lecco (Paul Simon, Manu Dibango,…), Nick Oliveri (ex-Queens of the Stone Age) pour quelques choeurs et du vocaliste Sean Wheeler.
A l'instar des productions précédentes, Brant distille son Rock avec des teintes de blues, de jazz voire de funk (‘Lazy Wizards' et ‘Pisces'). L'américain laisse parler ses influences. Evidemment, il y a du Hendrix par ci ('Chocolatize') et du Black Sabbath par-là (‘Nation Of Indica'). Ça groove sévère avec des riffs simples mais diablement efficaces et toujours planants (le morceau éponyme). Les grattes rythmiques sont bien grassouillettes comme on les aiment (‘Pretty Hairy'). On replonge dans une ambiance seventies (‘Charlie Gin' ou les tout-est-dans le-titre ‘1968' et ‘Brand New Old Time'). Notre gourou du stoner revisite (sans imiter) des sonorités retro en y incorporant sa « patte » très personnelle. Les guitares psychédéliques façon hippie enfumé ne sont pas oubliées non plus (‘Swagger & Sway'). Toutes ces explorations auditives conduisent à un psychotrope musical dès plus agréable. Artiste complet, Brant a intégralement enregistré « à la maison » (une partie dans la villa « Zainaland » de son épouse située à 29 Palms et le restant dans son home studio à Venice Beach). Les prises sons, le mix et le mastering ont été confiés à Yosef Sanborn. A la tête de Massive FX pedals à Los Angeles, ledit bonhomme a conçu pour nos zicos quelques « Wah-wah » spéciales que l'on retrouve tout au long de cet opus (‘Somebody', …). Du coté des textes, notre lascar aux multiples couvre-chefs met l'accent sur les sujets qui le touche. Il dénonce l'hypocrisie des élites, le racisme, le sexisme, la lutte quotidienne pour trouver la paix et l'(in)compréhension dans la société américaine d'aujourd'hui. Il y a matière à dire effectivement.
Bien qu'il n'y ait rien de vraiment nouveau sous le sacré soleil californien, « Mankind Woman » est sans conteste du Brant Bjork pur jus de la première à la dernière seconde. On est face à un Stoner Funk Rock de qualité (car admirablement exécuté et hypnotique) que l'on savoure paisiblement et avec bonheur en se prélassant sur son hamac tout en sirotant une boisson fraîche.