«Ce « Polaris » goupillé par Los Disidentes Del Sucio Motel mêle savamment Rock, Stoner et doom. Prescription médico-musicale : A consommer matin, midi et soir jusqu’à plus soif.»
Que le temps passe vite les amis. Le dernier skeud en date de Los Disidentes Del Sucio Motel (« Human Collapse ») a déjà cinq ans. Depuis lors, la formation d’origine strasbourgeoise à donner quelques concerts ici et là (principalement en France, et notamment au Hellfest en 2017, mais pas que) et a aussi pris le temps de se poser.
Présentement, LDDSM nous revient avec un album concept (le groupe aime bien cela) baptisé « Polaris ». Selon les cinq musiciens, pour leur quatrième opus (en quinze ans d’existence), ils ont cherché à « s’attaquer aux perspectives célestes logées au creux de l’humain » ?! (en gros, le pourquoi du comment de la place de l’Homme dans l’univers).
Ce nouvel effort apporte quelques changements. D’abord, Julien, le bassiste historique s’en est allé et a été remplacé par Katia Jacob (Glaciation, Vent Debout) qui, outre la 4-cordes, officie également aux claviers et chant-chœurs. Ensuite, et une fois encore, le quintette a choisi de faire évoluer sa zique. Pour résumer, le pur et dur Stoner des débuts (fortement inspiré par cliques ricaines telles que Kyuss, QoTSA, Fu Manchu, Eagles Of Death Metal), bien que toujours présent (l’écrasant 'Horizon'), se voit ici agrémenté d’une belle louche de progressif (le sombre 'The Key'), d’un soupçon de post rock, et d’une bonne dose de Doom psychédélique ('Blood-Planet Child' et ses pincements expérimentaux). Ces ajouts ouvrent, élargissent, enrichissent les compositions et participent à cette identité artistique particulière mais au combien rafraichissante.
Globalement, les titres donnent surtout dans le mid-tempo avec malgré tout quelques fulgurances par moments ('The Plague', 'Alpha Ursae Minoris'). Les adeptes des gros riffs fuzz ('Dark Matter') et de distorsions ont de quoi se réjouir (car il y en a et pas qu’un peu). Les grattes dominent sur les claviers jusqu’à que nos frenchies choisissent délibérément de mettre leurs synthés plus en avant (la première partie instrumentale et « mise en ambiance » de 'Earthrise'). En constant (et parfait) équilibre, on oscille entre légèreté et intense lourdeur (le space Rock 'Blue Giant').
Coté chant(s), c’est une formule à trois vocalistes (le sixcordiste Nicolas, le claviériste Daniel, et la bassiste Katia) qui nous fait face. Même si ce sont les timbres masculins qui se distinguent le plus, le trio vocal s’avère bien équilibré (globalement tout le monde en même temps) et joue aussi sur la diversité. Selon les compos, la triplette est (sciemment) un chouia en arrière-plan des autres instruments ou un peu plus en avant et en chœurs (le mélodique et entêtant 'The Great Filter').
Servi par une production que l’on peut qualifié d’impeccable et moderne, ce « Polaris » goupillé par Los Disidentes Del Sucio Motel mêle savamment Rock, Stoner et doom. Prescription médico-musicale : A consommer matin, midi et soir jusqu’à plus soif.