S'il paraît entendu que l'Albion est souvent de nature perfide, elle n'en demeure pas moins capable de sortir des groupuscules métalliques d'une qualité redoutable. Et si certains pensaient que le jubilé d'Elizabeth allait constituer la seule information importante de ce mois de juin, c'était sans compter sur la sortie de ''Living Without Death's Permission'' de RXPTRS, étrange blaze du reste que les initiés et tous les happy few prononceront Raptors, l'explication doit exister... quelque part. J'ai ainsi pu lire ici ou là qu'on tenait en la personne de ces bouillants Britanniques la nouvelle sensation du moment. A vrai dire, ce statut est toujours délicat à assumer tant il est galvaudé, alors qu'en est-il vraiment ?... sensation véritable ou simple vapeur ?... Voyons cela.
D'emblée, 'Burning pages' fournit un premier élément de réponse et force est de constater que ce morceau liminaire est à même de mettre tout le monde d'accord... une voix de tête percutante, un phrasé chaloupé, des plans de guitare inspirés et costauds... cette entrée en matière est, il est vrai, des plus réussies et flatte l'oreille instantanément... restait à transformer l'essai et à ce petit jeu RXPTRS ne déçoit pas. En effet, les cinq gentlemen n'auront de cesse tout au long de cet album d'édifier un objet musical plutôt original voire parfois subtilement excentrique porté notamment par la versatilité vocale d'un frontman qui en fait des tonnes et ce avec un art consommé de la théâtralité.
Rock, punk, métal, le quintet semble assez peu se soucier de l'étiquette et aborde chaque morceau, j'allais dire chaque saynète, avec une énergie baroque et finalement assez jouissive. Il suffit d'écouter 'The Death Rattle' et ses choeurs féminins parfaits pour s'en convaincre, les idées fusent et l'on se retrouve finalement à fredonner des refrains toujours agréablement ficelés mais qui ne cèdent jamais à la facilité. Implacable et punchy à l'image d'un 'Demons in My Headphone' tout simplement addictif ou d'un 'Collapse' aux enluminures mélodiques remarquables, RXPTRS se révèle accrocheur en diable tout en cultivant une authentique singularité. Cette singularité passe notamment par des ruptures de rythme constantes, des soli qu'on n'attendait plus et tous ces petits grains de folie dont RXPTRS parsème allègrement ses morceaux.
L'atout majeur du quintet de Bristol demeure tout de même son frontman qui éclabousse l'ensemble de ce bel édifice de son talent vocal, talent qui n'est pas sans rappeler parfois Miles Kennedy, on a connu pire comme analogie. Clair ou plus abrasif, l'organe de monsieur Roach semble beaucoup s'amuser à brouiller les pistes et laisse libre cours à sa virtuosité sans pour autant verser dans la démonstration. Expressif et percutant, il procure à l'ensemble ce petit air foutraque qui innerve chacune des compositions et qui met en valeur l'écheveau mélodique plutôt bien fichu de ses compères. Tantôt groovy, tantôt franchement musclé, le riffing, sans être révolutionnaire, recèle toujours quant à lui ce plan agréable ou surprenant ('Gutterflies') ou encore ce refrain indiscutable ('Rock Bottom') qui s'impose comme une évidence. C'est, quoi qu'on en pense, musicalement très au point, les musiciens évoluant à leur aise dans tous les registres y compris le plus brutal.
Il y a au bout du compte peu à jeter dans cet album, et si l'on sera peut-être un peu moins convaincu par ce 'Let Me Die How I Want' paresseux qui clôture l'album, la totalité des titres contient en revanche ce petit plus qui fournira à chacun sa petit dose de dopamine. Alors, sensation du moment ou non ? Je dirais peut-être... voire plus. Quoi qu'il en soit RXPTRS, c'est vraiment KPXWQA. Les initiés comprendront... ou pas.