« Lightless » est une œuvre-monde qui permet à Vipassi de nous offrir un canevas d’une incroyable qualité invitant à l’introspection et à l’expression des émotions humaines.
On ne pouvait pas imaginer de meilleure formation pour Vipassi que celle rassemblant Dan Presland à la batterie (Black Lava, ex-Ne Obliviscaris, ex-Virvum (live)), Ben Boyle (Black Lava, ex-Aphotic Dawn) et Benjamin Baret (Ne Obliviscaris, ex-Primordial Space, ex-Ad Patres (live)) aux guitares et Arran McSporran (Virvum, An Endless Cycle, ex-Demonic Resurrection (live)) à la basse. Depuis « Sunyata » (2016), le groupe s’était fait discret mais quant on voit la qualité de « Lightless » qui vient d’être dévoilé via Season Of Mist, on ne peut que leur pardonner leur absence !
Commençons par souligner l’excellent travail de mixage et de mastering de Mark Lewis, dont la réputation n’est plus à faire, de l’Audio Hammer Studios tant il parvient à restituer tout le relief des compositions de Vipassi et à leur rendre justice en ne sacrifiant aucun élément sonore au cours du processus ! « Lightless » s’écoute avec une facilité affolante mais nécessite une grande attention pour en saisir toute la subtilité et la richesse ; je ne peux donc que vous encourager à passer et repasser cet album tant chaque morceau semble se révéler un peu plus chaque fois.
Ecartons tout de suite la petite déception que constitue ‘Neon Rain’, ses vingt secondes de chant de gorge en introduction et sa conclusion au son des clochettes. Bien que le nom du groupe fasse référence au vingt-deuxième Bouddha, l’ajout de ces éléments musicaux est très artificiel et n’apporte rien au titre ni à l’album. Maintenant que c’est fait, plongeons dans ces créations de haute volée qui se veulent l’illustration de l’opposition entre la lumière et l’obscurité. Ce projet ambitieux prend la forme de morceaux faisant tantôt la part belle à la batterie de Dan Presland (‘Lightless’), tantôt à la basse d’Arran McSporran (‘Labyrinthine Hex’) sans jamais oublier les guitares de Ben Boyle et Benjamin Baret.
En tant qu’album, « Lightless » est très difficile à décrire tant il donne en fait l’impression de se déployer comme une œuvre en plusieurs dimensions. Ce qui est certain c’est qu’il donne à voir la maturité du groupe qui s’est attaché à nous offrir des impressions fugaces, des émotions mouvantes, des sensations évanescentes. A travers des nappes de guitares ou des rythmiques frénétiques, les membres de Vipassi démontrent toute leur capacité à concevoir un univers sonore dynamique au sein duquel ils nous invitent. Si je ne devais retenir que deux morceaux, il s’agirait des poétiques ‘Morningstar’ et ‘Suination Glow’.
A sa façon, « Lightless » est une œuvre-monde, si vous me permettez cet emprunt à la littérature. C’est-à-dire une œuvre qui cherche à donner vie à un monde complet avec l’objectif de représenter et éclairer le monde réel. Chacune et chacun y projettera des ressentis qui lui sont propres mais Vipassi nous propose en tous cas un canevas d’une incroyable qualité invitant à l’introspection et à l’expression des émotions humaines.