Retour des norvégiens de LEPROUS deux ans après Malina, un album qui marquait un premier pas de rupture dans les sonorités du groupe. LEPROUS est difficilement classable, après être passé d'un Metal progressif à un Rock alternatif toujours progressif. La rupture sera cette fois encore plus brute, plus marquée, mais quand bien même. Leprous a beau varier ses sonorités, il possède une identité tellement propre, tellement marquée, que l'on ne peut plus se permettre de le ranger dans une case unique. Il survole tout les styles en les intégrant complètement à sa propre identité.
Ce sixième album studio enregistré entre février et juillet 2019 au Ghostward Studio avec le producteur David Castillo (Malina)et l'ingénieur du son Adam Noble (Placebo, etc..) atteint des résultats époustouflants en terme de composition et d'exécution. Un mélange de pureté sombre et de technique tant musicale que de mixage où chaque note est à sa place. En terme d'écriture de texte, ce disque représente également un petit bijoux avec le combat contre la dépression auquel a fait face Solberg. Textes très personnel donc, qui nous font voyager du départ de la maladie jusqu'à sa fin. Soulignons la magnifique pochette qui a été choisie pour illustrer les propos de l'album. Pas besoin de créer quelque chose de neuf quand la peinture de l'artiste indonésien Elica Adiganto se marie si bien avec le thème développé par le groupe.
« Below » ouvre l'album on ne peut plus calmement. Dès ce premier titre nous constatons que l'accroche ne se fera pas immédiatement mais qu'il est nécessaire de se plonger dans l'histoire que les chansons racontent. Les guitares ne sont pas rentre dedans mais bien disséminées avec précaution en apport aux superbes mélodies vocales et claviers. Le violons atteint son but et l'émotion est à son comble. Toujours calme mais différent avec son rythme plus funk, « I lose Hope » accroche votre tension au gré de l'évolution. Certain penseront même à MUSE malgré une très grande différence entre les deux groupes. Les titres épurés continuent avec notamment « Observe The train » qui contient du très bon travail vocal et un refrain hyper accrocheur.
Les rythmes dansants arrivent avec « By My Throne » et sa basse hypnotique très groovy. Les interventions de nappes synthétiques sont bien plus nombreuses sur cet album et aident à la perfection pour poser l'ambiance générale. « Alleviate » est malgré ses allures de single, une très belle montée en puissance. Le groupe nous porte d'une simplicité solitaire vers une énergie libératrice qui fait du bien à l'oreille. Arrive alors la partie la plus progressive du disque. « At The Bottom » avec son voyage entre plaines et montagnes vous tiendra en haleine sur toute sa longueur alors que « Distant Bells » avec un minutage identique vous plongera dans l' état de transe nécessaire pour supporter le malheur. L'ambiance est la force de ce morceau mais pas que : l'émotion du chant est une force établie sur l'entièreté de l'album.
Le titre le moins déroutant pour le fan de LEPROUS est certainement « Foreigner ». Court, concis et bien rythmé, il reste facilement dans la tête et fait remuer la nuque. Le poids lourd de ce disque avec ces plus de onze minutes va vous ravager les neurones sans difficulté. « The Sky Is Red » est un chef d' oeuvre du progressif à la LEPROUS. Le groupe s'amuse techniquement tout en nous emportant dans un tourbillon inexplicable qui ne voit guère de fin joyeuse.
Dire que cet album n'a rien de Metal n'est pas difficile. LEPROUS s'est éloigné de ces sonorités depuis l'album précédent, mais enfonce le clou totalement au point de se demander si il a encore sa place ici. La réponse est pourtant évidente : Oui ! LEPROUS ne peut que rester dans nos rangs de par sa grande qualité, sa liberté d'aller là où il veut comme il le veut. Leprous ne se trahi pas car il est identifiable à cent pour cent. Ce groupe on ne peut plus honnête nous livre avec Pitfalls un summum de qualité dans tout les domaines. A vous de juger en vous laissant submerger par ce voyage dantesque.