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Almost Christmas

Fabien
Journaliste

Lee Aaron

Oscillant entre rock, blues, pop et parfois folk, les choix de Lee Aaron sont pour le moins courageux et lui offrent l'occasion de s'amuser comme une gamine ce dont, à l'évidence, elle ne se prive pas.
12 titres
Metal
Durée : 42
Sorti le 26/10/2021
1699 vues
A une époque où l'âgisme devient la mode et permet de disqualifier quiconque accuse au moins cinq décennies au compteur, il est des univers qui refusent de rendre les armes. Le Metal en est l'incarnation flagrante quand on constate la santé insolente de ces anciennes étoiles qu'on disait déclinantes et qui, au détour d'un come-back détonant, affolent jusqu'aux morveux qui pensaient être les seuls à avoir inventé la poudre de perlimpinpin. Parmi ces renaissances, il en est une qui se singularise par sa pertinence, c'est celle de Lee Aaron. L'accorte Canadienne avait, il est vrai, particulièrement soigné son retour avec la sortie de Radio on ! Retour indiscutablement réussi de l'aveu même des vieux quinquagénaires cacochymes quoique toujours libidineux mais aussi des jeunes pousses affriolées par le savoir-faire de la dame.

Cette cure de jouvence semble avoir eu pour effet de totalement désinhiber the Metal Queen puisqu'elle a décidé, quelques mois seulement après son dernier opus, de commettre un nouveau délit au titre explicite, ''Almost Christmas''. L'initiative a de quoi surprendre mais témoigne de l'énergie de la donzelle qui n'en finit plus de surprendre son monde. L'impression qui se dégage de cette démarche est une sensation de liberté totale comme si désormais le plaisir comptait seul, réhabilitant pour le coup une sorte de version rock'n roll du carpe diem.

Parce qu'il faut vous le dire tout net, de hard-rock il n'en sera point question ici, point de riffs endiablés, ni de feulements canailles. The Metal Queen possède en effet un sens aigu du contrepied et s'affranchit de tous les protocoles métalliques en s'offrant une petite gourmandise nostalgique composée de... reprises de Noël.

Formulé ainsi, on peut comprendre le froncement de sourcils de certains, un froncement dubitatif en partie légitime. Mais les choses sont évidemment plus complexes. Oscillant entre rock, blues, pop et parfois folk, les choix de Lee Aaron s'avèrent pour le moins courageux et lui offrent l'occasion de s'amuser comme une gamine ce dont, à l'évidence, elle ne se prive pas.

Le fait est qu'elle ne s'interdit aucune fantaisie et c'est peut-être là que résident à la fois la force et la faiblesse de cet album. Si l'on se surprend à tapoter franchement des petons sur le 'Merry Christmas Everybody' de Slade, si l'on est emporté par les ondulations félines de 'Zat You Santa Claus' interprété en son temps par Louis Armstrong ou si nous lui savons gré d'avoir osé convoquer les Pet Shop Boys et leur détonant 'It doesn't often Snow at Christmas', on considérera toutefois qu'à trop se faire plaisir, Lee Aaron a sans doute vu ses beaux yeux plus gros que le ventre. A cet égard, ses versions de 'The Fiddle and The Drum' de Joni Mitchell mais aussi du magnifique 'All I Ever Get for Christmas is Blue' de Over the Rhine, quoique vocalement très abouties, n'apportent pas la plus-value escomptée aux morceaux originaux. Est-ce vraiment un problème ? En l'espèce sans doute.

Reste quoi qu'il en soit, une démarche louable à bien des égards dont il ne faudrait pas mésestimer le caractère festif. Souvent rafraîchissants, impeccablement interprétés et parfois agréablement dépoussiérés par l'énergie communicative et la voix gorgée de feeling de la belle Canadienne, les standards s'enchaînent et saupoudrent piste après piste leur nostalgie floconneuse. Les plus grognons ne verront peut-être pas l'intérêt d'une telle sortie et la jugeront dispensable, on peut les comprendre, les autres ouvriront plus conséquemment leurs chakras et se laisseront aller à apprécier le culot et le savoir-faire d'une mère Noël pour le moins émoustillante.

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