Malgré l’ambition affichée de proposer quelque chose de neuf, Lamb Of God reste dans sa zone de confort, ce qui n’empêche pas le groupe de signer un album efficace et maîtrisé
Depuis 1994 (et tout d’abord sous le nom Burn The Priest), Lamb Of God n’a cessé de s’affirmer sur la scène américaine à coup d’albums et de prestations scéniques pour le moins explosives. Cinq ans après « VII : Sturm und Drang », et maintenant que Art Cruz a remplacé Chris Adler à la batterie, le groupe semble prêt à ouvrir un nouveau chapitre, c’est en tous cas ce qui a été annoncé, avec « Lamb Of God », un album éponyme chargé de promesses de renouveau.
Avec un clip disponible depuis mi-mars, ‘Memento Mori’ est un morceau intriguant par son style dans un premier temps minimaliste mais qui ne propose finalement rien de fondamentalement novateur. Simplicité, plus que nouveauté, semble ici être synonyme d’efficacité alors que ‘Checkmate’ débute avec une introduction qui place presque l’auditeur en studio avec le groupe. Le duo Art Cruz, à la batterie, et John Campbell, à la basse, trouve parfaitement son équilibre et propose des lignes rythmiques militaires, en témoigne ‘Gears’ qui passe de refrains groove à des soli de guitares dans une atmosphère plus chaude et teintée de Rock. Toujours aussi engagé et convaincant, Randy Blythe semble être habité, comme l’ensemble des musiciens d’ailleurs, d’une énergie renouvelée, à l’image de ‘Reality Bath’ dont la conclusion rappelle néanmoins les influences sur lesquelles est bâti Lamb Of God. La fougueuse ‘New Colossal Hate’ porte en elle les ferments de la colère hargneuse qui semble animer le groupe depuis ses débuts, ce qui n’est pas déplaisant.
A la manière d’une plongée dans une version plus sombre d’Alice au Pays des Merveilles, l’introduction de ‘Resurrection Man’, qui donne le ton du morceau dans son ensemble, a le mérite d’éveiller un intérêt certain pour cette proposition plus lente sur laquelle les guitares de Mark Morton et Willie Adler sonnent comme des voix de sirènes entre deux breaks. Les références Hardcore de Lamb Of God se voient renforcer par la participation de Jamey Jasta, fondateur du groupe Hatebreed entre autres, sur ‘Poison Dream’. Autre collaboration notable qui emmène le groupe plus franchement vers le Thrash, ‘Routes’ avec Chuck Billy apporte une certaine forme de fraîcheur à l’ensemble. Il faut également saluer le chant clair de ‘Bloodshot Eyes’ qui permet au titre de se distinguer ! Meurtrière et déchaînée, ‘On The Hook’ signe la conclusion de cet album sans rien apporter de vraiment neuf mais en confirmant que Lamb Of God maîtrise son sujet.
Si « Lamb Of God » reste une excellente production du genre, Lamb Of God ne semble pas entrer pleinement dans la nouvelle ère que ses musiciens appelaient de leurs vœux et annonçaient. Partant de ce postulat, les amateurs du groupe y trouveront les bonnes recettes qui ont fait son succès et les curieux remarqueront quelques innovations, mais il en faudra plus pour véritablement changer la donne, ce qui est loin de signifier que le groupe signe un opus décevant.