Premier disque qui alterne entre heavy metal dans la tradition de son ancienne formation et la volonté de s’en écarter à moyen terme. A voir (ou plutôt d’entendre) quels chemins ce KK's Priest pendra finalement.
Fin avril 2011, peu avant la théorique tournée d'adieu de son combo Judas Priest (qu’il a fondé), et après seize albums studio et 42 ans de bons et loyaux services, le six-cordiste et compositeur Kenneth (alias « K.K. ») Downing annonçait officiellement sa retraite.
En coulisse, tout n’était pas aussi « simple » (cf. son autobiographie « Heavy Duty : Days And Nights In Judas Priest » parue en 2018). Entre les nombreux conflits au sein du groupe, les relations tendues avec le management, et les prestations scéniques qu'il jugeait ne plus être à la hauteur, l’intéressé a longtemps penser que son départ avait été « orchestré ». Bien que se sentant lésé et en colère, l’anglais avait tout de même gardé l’espoir d’un possible retour auprès de ses « frères », notamment en 2018 lorsque Glenn Tipton avait annoncé sa décision de se retirer des tournées à cause de sa maladie de Parkinson. Voyant ses diverses demandes de come-back refoulées, le britannique a dû se rendre à l’évidence et se résoudre à « passer à autre chose ».
Alors, K.K. s’est lancé dans un projet perso qu’il a choisi de baptiser KK’S Priest (ses anciens compères n’ont visiblement pas du tout apprécié la référence… gloups ?!). Pour l’accompagner, le bientôt septuagénaire (il fêtera ses 70 printemps le 27 octobre qui vient) a contacté le vocaliste Tim « Ripper » Owens (The Three Tremors, ex-… Iced Earth, Malmsteen, … et ex-membre de Judas P.), le gratteux A.J. Mills (Hostile), le bassiste Tony Newton (Voodoo Six) et le batteur Sean Elg (Deathriders, Cage). Initialement annoncé, Les Binks, l’ex-frappeur du Priest, n’apparait finalement pas sur le présent opus (forfait sur blessure au poignet apparemment).
Musicalement, pour ce premier effort intitulé « Sermons Of The Sinner », on (re)trouve - de manière assez évidente - des sonorités familières et disons plutôt « classiques heavy metal » ('Wild And Free'). Pour peu qu’on aime les duels de six-cordes saturées, on est servis. La paire Downing et Mills s‘accorde bien entre riffs speed/thrash rageurs (la plage éponyme) et soli furieux (le mélodique 'Hail For The Priest').
Parmi les bons points, on note la place de choix accordée au bassiste Tony Newton qui est bien plus mis en avant que son confrère praticien de la 4-cordes (le discret Ian Hill) de chez qui vous savez. Le gars « Ripper » est aussi un élément de satisfaction. Celui qui remplaça le « Metal God » Rob Halford (pour « Jugulator » et « Demolition ») alterne cris fracassants ('Hellfire Thunderbolt' et ses hurlements de banshee) et phrasés féroces. Le gaillard en a dans le buffet. Par instants, certaines intonations évoquent le style puissant du teuton Ralf Scheepers (Primal Fear).
A côté de cela, on nous inflige des morceaux sans trop d’intérêts, basés sur les gros clichés du genre (l’hymne banal dédié aux bikers 'Brothers Of The Road') ou des paroles d’un stéréotype affligeant ('Raise Your Fists' « in the air », NdT : Levez vos poing en l’air) ?!
Toutefois, on a également le droit à des orientations moins prévisibles et donc plus attrayantes. Le quintette propose des compositions plus longues (8-9 minutes pour certaines) mêlant accents progressifs ('Sacerdote Y Diablo'), ambiances Saxon-iennes/Black Sabbath-iennes ('Metal Through And Through') ou inspirations à la Iron Maiden ('Return Of The Sentinel'). On espère que ces routes préparent le terrain pour le prochain skeud (qui à priori serait déjà en préparation).
Dix ans après avoir quitté Judas Priest, Mister Downing accouche, avec son nouveau projet, d’un premier disque qui alterne entre passé assumé (comprendre du pur heavy metal dans la tradition de son ancienne formation) et la volonté de s’en écarter à moyen terme. On attend donc de voir (ou plutôt d’entendre) quels chemins ce KK's Priest pendra finalement.