Février 1972, nous sommes à San Francisco et la température y est agréable ! En allant chez mon disquaire préféré hier, j'ai déniché un vinyle à la couverture sympathique : le visage dessiné d'une femme qui porte un médiator blanc sur sa langue verte ! J'ai bien aimé ! Alors je me suis dit : « Pourquoi pas l'acheter !! »
Le disquaire me disait qu'il s'agit d'un trio allemand nommé Wedge et que ce nouvel opus – leur deuxième – s'intitulait « Killing Tongue ». Il a d'ailleurs retrouvé un petit article sur eux dans le dernier Creem (America’s only Rock’n’Roll Magazine) et c'est comme ça que j'ai appris que le combo est constitué de Kiryk Drewinski au chant et à la guitare, de David Gotz à la basse et à l'orgue et d'Holger “The Holg” Grosser à la batterie.
Bref ! Ma moustache trémousse d'avance ! Et dès que le saphir de mon tourne-disque se pose sur le premier sillon, je sens que je vais passer un bon moment.
« Nuthin’ » démarre en trombe : guitares bien crunchy comme on les aime, une rythmique qui emballe, une envolée d'orgue absolument géniale et un final tout en progression. Sommes-nous certains qu'ils ne sont pas américains ?
Clairement, on est séduit par la rythmique à l'orgue et le solo qui s'en suit sur « Lucid ». L'esprit des Doors survole le magique « Tired Eyes », long de plus de 7.36 mn avec en sus une envolée de riffs hard de guitares.
Ce que j'aime bien chez Wedge, c'est qu’on baigne totalement dans l'esprit musical de ce début des années 70 sans tomber excessivement dans le blues, dans le folk ou dans le psychédélique. Tout est dosé avec talent, comme c'est le cas du titre « Quarter To Dawn ».
J'ai un grand faible pour « Killing Tongue », la title-track qui me rappelle ce jeune groupe anglais Uriah Heep qui cartonne bien en Europe, tout comme le très puissant « Push Air », un brulot rock entrainant et alternant des instants plus groovy. Passionnant !
Pour être une surprise, ce deuxième album des allemands de Wedge, s'en est une ! « Killing Tongue » est un concentré 70's rock absolument jouissif !