C'est au cours d'un séjour en République Tchèque que Thomas Eriksen, le génial et fort sympathique musicien qui se cache derrière l'entité Mork depuis plus de 15 ans, a eu la révélation d'intituler son cinquième méfait "Katedralen". Inspiré par l'environnement de Prague et souhaitant sortir du cadre qu'il s'impose depuis 2013, année de parution, de son premier opus "Isebakke", Thomas décide de s'accorder davantage de liberté au cours de son processus de composition et dévoile un matériel s'éloignant de son précédent album et revenant à des racines plus authentiques.
Déployant un disque aussi massif et ténébreux que l'artwork, une nouvelle fois confié à l'artiste français David Thiérrée, où les personnages se font happer par une cathédrale aux arcades et piliers gigantesques, Thomas, au travers de son one man band Mork, emmène son auditeur dans des contrées glaciales et obscures où la noirceur des riffs est aussi incisive que les reliefs de la Norvège.
Débutant, comme elle finit, par une mélodie jouée à l'orgue d'église, l'ambiance de la galette est indiscutablement froide et peu hospitalière. Ne se mettant aucune contrainte, le multi-instrumentiste incorpore dans ses compositions des ingrédients aux influences multiples donnant naissance à une tracklist très inspirée et hors de sa zone de confort.
Il en résulte quelque chose d'authentique et d'organique avec des plans musicaux riches et variés n'hésitant pas à mêler black'n'roll, groove, dissonance, scream horrifique, chant clair, joie, mélancolie pour produire, ainsi, un ensemble incroyablement cohérent dans lequel les racines du black norvégien restent omniprésentes.
Bien que les mélodies semblent simples, et le rythme très accessible, il n'en demeure pas moins que cet album est complexe et qu'il faudra quelques écoutes et un environnement bien particulier pour l'apprécier à sa juste valeur. Pour l'anecdote, ce matériel a pris tout son sens, pour moi, lors d'une de mes multiples écoutes au cours d'une balade, seul, en pleine forêt.
Etant enfant unique et portant seul son projet musical, Thomas est habitué à ne compter que sur lui-même. Toutefois, il s'est entouré de trois artistes incontournables de la scène extrême scandinave pour donner encore plus de présence à son disque. C'est avec le concours de Nocturno Culto (Darkthrone), Dolk (Kampfar) et Eero Pöyry (Skepticism) que Mork rajoute sa pierre à l'édifice du black norvégien grâce à ce nouveau matériel qui montre toute la maturité acquise par ce jeune artiste à la carrière musicale brillante.
Particulièrement bien mixé et mastérisé, le son déployé reste true mais propre et je trouve çà très appréciable surtout lorsque l'on perçoit distinctement les parties de basse qui offrent le groove dont je parle plus haut dans cette chronique. On sent que l'artiste a pris son temps afin que tout concorde pour créer cette ambiance à la fois inquiétante et intrigante; ce petit quelque chose inexplicable qui fait que l'on a envie d'avancer en terrain hostile malgré son côté effrayant.
"Katedralen" distille toute la quintessence de l'oeuvre de Mork. En rejetant toutes les règles que Thomas s'imposait dans son processus créatif, il réussit à déployer un matériel mature, honnête dans lequel il livre toute son âme.
Tracklist :
1. Dodsmarsjen
2. Svartmalt
3. Arv
4. Evig Intens Smerte
5. Det siste gode i meg
6. Fodt til a herske
7. Lysbaereren
8. De fortapte sjelers katedral