Formé en 2020 à Bamberg, petite ville du sud de l’Allemagne, Kanonenfieber est un one-man band orchestré par le multi-instrumentiste Noise. Ce dernier, après avoir lu les mémoires de son arrière-grand-père, vétéran de la Première Guerre Mondiale, décide de lui rendre hommage via un projet musical dédié. Et quoi de mieux qu’un blackened death metal chanté dans la langue de Goethe pour évoquer les atrocités de ce conflit meurtrier.
Après un premier ''Menschenmühle'' de qualité paru en 2021, le Bavarois nous revient avec ''Die Urkatastrophe'', second long qui poursuit l’exploration des horreurs de la Grande Guerre, chaque corps d’armée se voyant ici mis à l’honneur via un titre dédié (infanterie, chars, sapeurs, cavalerie, aviation naissante, etc.).
Si le précédent opus versait majoritairement dans le death, celui-ci privilégie le côté black, en témoignent les nombreux tremolo picking qui parsèment l’œuvre. De même, la voix se veut un plus rauque même si les lignes vocales se voient régulièrement doublées par un chant plus caverneux sur les refrains, pour un rendu plus puissant.
Les structures des morceaux alternent intelligemment parties rapides et passages heavy, dans une volonté de contraste plus marqué. Ainsi 'Menschenmühle' démarre-t-il en trombe avant de proposer un lourd break aux textes scandés sur une rythmique martiale. De même, 'Ritter der Lüfte' vient souffler le chaud des blasts puis le froid d’un low-tempo.
De nombreux samples viennent habiller les morceaux, qu’il s’agisse de discours d’époque ('Grossmachtfantasie', 'Sturmtrupp', l’intro de 'Lviv zu Lemberg'), de bruits de champs de bataille ('Gott mit der Kavallerie' et sa batterie cadencée), ou de pelles creusant un sol rocailleux (le solennel 'Der Maulwurf', aux forts accents progressifs).
Précédé de 'Verdun', court instrumental en son clair sur fond de canonnades, 'Ausblutungsschlacht' se veut le plat de résistance du disque. Introduite par un riff lourd et grave comme son thème l’exige, cette pièce épique se pare de discrets claviers et d’une voix off avant de se conclure sur les notes tristes d’un piano esseulé.
'Als die Waffen Kamen', titre acoustique au chant clair délicat, vient refermer sur une note mélancolique cette cuvée 1916, pardon 2024, qui risque de faire parler la poudre sur scène.