Avec son plutôt très bon et presque inespéré « Firepower » sorti en 2018, Judas Priest aurait pu tirer sa révérence de la plus belle des manières, après plus de cinquante d’existence. Seulement voilà, six ans, une pandémie, une opération à cœur ouvert pour Richie Faulkner et une intronisation au Hall of Fame plus tard, le combo a décidé de remettre le couvert pour nous livrer « Invincible Shield », son dix-neuvième effort.
Soyons clairs, la formation britannique a décidé de frapper fort. Guitares en avant toutes, plusieurs morceaux cognent sans pitié ('Panic Attack' et son démarrage au clavier qui renvoi à la période « Turbo »). L’album regorge de refrains fédérateurs ('Gates Of Hell', 'Giants In The Sky' et son intermède acoustique bien amené) et de riffs meurtriers ('Sons Of Thunder'). Les Anglais passent du pur power metal (l’épique chanson éponyme, la beigne 'As God Is My Witness') au heavy (l’entrainante 'Crown Of Horns', 'The Serpent And The King') en passant par le hard rock. Le terrain est connu et pourtant l’efficacité est au rendez-vous.
Entre les soli de fous en cascades ('Devil In Disguise'), les duels « à toi, à moi », les ponts à gogo, les breaks de partout et les nombreuses parties instrumentales, les six-cordistes pourfendeurs Faulkner et Tipton sont à la fête, et nous aussi. Même s’il n’apparait plus en concert pour cause de la maladie de Parkinson, Glenn (soixante-seize ans) reste toujours aussi impliqué en cosignant (en trio avec Richie et Rob Halford) tous les titres (sauf un) et en s’octroyant quelques solos.
Dynamique et moderne, la production de Andy Sneap est une grosse claque. Une fois encore, sans négliger la section rythmique basse/batterie, celui qui officie en tant que guitariste de tournée pour le Prêtre depuis 2018 nous sort un énorme son de grattes. Poussé dans ses derniers retranchements par cet acolyte aux manettes, le « Metal God » offre une prestation vocale exemplaire. A soixante-douze piges (tout comme le bassiste-pilier Ian Hill), le frontman met tout le monde à genoux. Tour à tour puissant ou hargneux ('Trial By Fire'), le septuagénaire s’est aussi moduler son chant aigu (parfois perçant) tout en jouant de quelques effets ('Escape From Reality').
L’édition deluxe fournie trois bombes supplémentaires, et pas des fonds de tiroirs en plus. Outre deux autres pistes bien heavy (la rentre-dedans 'Vicious Circle', la mélodique 'Fight Of Your Life'), le quintette ose une ultime « surprise ». Différente du reste du disque, cette compo à l’atmosphère inquiétante voit le retour des synthés en intro ('The Lodger' écrite par « Bob » Halligan Jr a qui on doit déjà 'Some Heads Are Gonna Roll').
Solide de chez solide, « Invincible Shield » est un opus tout simplement flamboyant. Si cette offrande au dieu Heavy Metal devait être la der des ders pour Judas Priest, la sortie se ferait par la très grande porte. Gros respect les gars.