« « Incarnation » est une très belle réalisation dont les membres d’In Hearts Wake ont toutes les raisons d’être fiers grâce à un bon équilibre composé de featurings explosifs, de compositions solides et d’une touche d’audace très appréciable ! »
Quatre ans après « Kaliyuga » (2020, UNFD), nous retrouvons les Australiens d’In Hearts Wake pour un septième album intitulé « Incarnation », le premier sans le bassiste et chanteur Kyle Erich présent dans le groupe depuis 2011. Le chanteur, Jake Taylor, a décrit ce nouvel opus en expliquant qu’il s’agissait de « la face sombre » de l’album « Divination » (2012, UNFD) sur lequel « chaque chanson est inspirée par le sens et les idéaux d’une carte de tarot ». En conclusion, il indiquait : « ‘Incarnation’ reflète ‘Divination’ et s’y oppose diamétralement. »
Dès ‘Spitting Nails (Wheel of Fortune)’, on remarque que le mixage donne une certaine impression d’écrasement avec trop peu de distinction entre les lignes musicales dans les graves. Au-delà de ce petit bémol, le morceau a un indéniable potentiel en live et propose un pont bien pensé. Sur l’ensemble de cet album, la capacité d’In Hearts Wake a construire soigneusement ses titres se ressent avec le bon contraste entre la batterie rapide de Conor Ward et les riffs de guitare d’Eaven Dall sur ‘Hollow Bone (The World)’ ou encore dans la solide structure de ‘Gen Doom (The Hierophant)’ qui se démarque par des enchaînements couplets, refrains, ponts très originaux et qui préservent le groove de l’ensemble.
Un autre bon point à mentionner c’est que le quatuor s’inscrit dans la lignée de groupes moteurs de la scène Metalcore comme Architects ou While She Sleeps avec par exemple la performance vocale d'‘Hollow Bone (The World)’ ou encore ‘Shishigami (The Empress)’ en featuring avec l’ingé-son japonais Kaito Nagai. Mais ces influences ne prennent jamais le pas sur l’identité musicale du groupe, en témoigne ‘The Flood (Justice)’ en featuring avec le très reconnaissable Winston McCall de Parkway Drive dont le scream puissant et l’engagement rendent le titre encore plus percutant sans jamais perdre la patte sonore d’In Hearts Wake.
Et puisqu’on parle de featuring intéressant, n’oublions pas le très bon ‘Michigama (The Magician)’ qui voit Chad Ruhlig (For the Fallen Dreams), David Gunn (King 810) et Alfonso Civile (Heartsick) prêter main forte à In Hearts Wake pour un morceau débordant d’énergie qui joue sur des ambiances à la croisée du Nu Metal et du Deathcore, allant jusqu’à évoquer des groupes comme Thy Art Is Murder ! Dans sa lignée directe, ‘Shellshock (The High Priestess)’ en featuring avec Garret Rapp (The Color Morale) propose une ligne de guitare plus mélodique ainsi qu’un travail sur le chant clair qui permet d’apporter un peu de diversité à ce que le groupe nous a proposé jusque-là.
Le dernier point clé avec « Incarnation », c’est justement l’originalité puisque le quatuor australien nous offre une composition particulièrement audacieuse à travers ‘Orphan (The Devil)’. Laissez-vous porter par ses rythmique déconstruite et les libertés prises sur les sons de guitare ! Impossible de ne pas citer ‘Feeding the Dead (Temperance)’ et son minimalisme dans la superposition du scream et des lignes instrumentales ; d’ailleurs, le son de guitare n’est pas loin de nous faire penser à du Humanity's Last Breath. Du côté de ‘Tyrant (The Emperor)’, on s’attarde sur l’atmosphère sombre, la propreté du scream et le break bien réalisé, alors que ‘Transmission (The Sun)’ insiste une ultime fois sur l’évidente préoccupation mélodique d’In Hearts Wake qui donne presque dans le Rock avec une élégance rafraichissante.
En conclusion, « Incarnation » est une très belle réalisation dont les membres d’In Hearts Wake, qui retrouvent leur public comme quatuor, ont toutes les raisons d’être fiers. On retiendra un bon équilibre global composé de featurings explosifs, de compositions solides et d’une touche d’audace très appréciable pour un groupe de Metalcore et on regrettera peut-être que cet album ne dure « que » 39 minutes tant un douzième titre aurait été bienvenu.