"Spirituality and Distortion" est une œuvre d'une immense beauté, aux grandioses mélodies, aux chants transcendants et où folie et virtuosité se côtoient allègrement.
Igorrr, projet du visionnaire Gautier Serre est un véritable O.V.N.I. musical dans tout les sens du terme. En effet, rien que vous connaissez ne ressemble à Igorrr, tant le projet est barré, original et innovant. Dans sa musique, Igorrr fait converger tellement de style que d'en faire une liste exhaustive serai vain, mais dans ce qu'il ressort principalement, c'est un large mélange de metal extrême (Black et Death en majorité), de Breakcore, de musique classique ou encore de notre bonne vieille musette ! Igorrr n'est pas un arriviste, cela fait plus 15 ans qu'il nous fait voyager dans son univers. « Spirituality and Distortion » est son quatrième album, deuxième sous la houlette de Metal Blade Records. Metal Blade qu'il a rejoint pour la sortie de « Savage Sinusoid » en 2017. C'est grâce à ce dernier que le groupe sorti de la confidentialité des initiés et acquis une large renommée mondiale et se vit faire plusieurs tournées à l'internationale.
Faire une critique d'un album d'Igorrr est un challenge en soi tant la musique est singulière et expérimentale. La puissance d'Igorrr est dans sa capacité à confronter des univers musicaux que tout oppose et à rendre le tout cohérent. Dans cet album nous voguons entre musique baroque, musiques traditionnelles, metal extrême et bien d'autres genres. Sur « Spirituality and Distortion », le travail effectué est titanesque, en effet la quantité d'instruments utilisé dépasse l'entendement, mais aussi Igorrr c'est de la débrouillardise. En effet, nombreux de ces instruments sont créés en studio à partir d'objets recyclés comme par exemple une bonbonne de gaz pour créer les percussions d'intro de « Himalaya Massive Ritual ». Dans un album d'Igorrr, il n'est pas choquant de trouver un morceau mixant la musette et le black metal comme par exemple « Musette Maximum », Gautier Serre laisse sa folie créatrice jouer à sa place et réussi à nous sortir des morceaux de cette acabit complètement barré.
Dire que Igorrr est un groupe expérimental serai un euphémisme tant la folie qui transpire de cette musique est palpable. En effet, Gautier Serre se donne la liberté de faire les expérimentations musicales qu'ils veut, nous ne savons jamais sur quoi quel mélange nous allons tomber. C'est ainsi que nous nous retrouvons avec un morceau comme « Kung-Fu Chèvre » qui mélange, en son sein, du scream, des chants traditionnels, de l'accordéon, un passage où on se croirai dans « Rabbi Jacob » sur des parties blastées, tout un tas d'arrangements électroniques,... et le tout réussi à être cohérent, écoutable et incroyablement dynamique.
Igorrr c'est aussi des voix, celles de Laure le Prunenec et Laurent Lunoir. Sans eux, la musique d'Igorrr serait beaucoup moins magistrale tant leur contribution est sans pareille. La maestria dont ils font preuve est incroyable. Même si par rapport aux albums précédents Laurent Lunoir (chant crié et growl) se fait plus discret, ses apparitions vocales sont remarquablement grandioses et diablement efficaces, sur « Paranoïd Bulldozer Italiano » par exemple, le growl qui nous est donné à la fin du morceau est d'une violence ! Par ailleurs, sa comparse, Laure le Prunenec (chant clair et lyrique), se voit attribuer une place de choix dans les compositions. En effet, chacune de ses performances est transcendante tant elle apporte de la grâce aux morceaux. Le passage de fin de « Himalaya Massive Ritual » est d'une puissance qui, pour ma part me donne des frissons. Même sensations dans les morceaux « Overweight Poesy », « Lost In Introspection » ou encore « Polyphonic Rust ». En plus des deux voix principales, Igorrr invite très souvent de nombreux chanteurs de divers horizons afin de coller au mieux aux ambiances qu'il souhaite créer. Sur l'album précédent, Travis Ryan de Cattle Decapitation s'était prêter au jeu sur différents morceaux. Sur « Spirituality and Distortion », ce n'est autre que Georges Fisher a.k.a Corpsegrinder de Cannibal Corpse qui nous gratifie du morceau le plus brutal de l'album : « Parpaing ».
En conclusion, pour vous faire une réelle idée de ce qu'est Igorrr, le mieux c'est d'aller l'écouter, en effet des mots n'ont pas assez de forces pour retranscrire la musique d'Igorrr. Igorrr revient en ce début d'année, avec un album repoussant une nouvelle fois les barrières de son propre genre et nous délivre une œuvre d'une immense beauté, aux grandioses mélodies, aux chants transcendants et où folie et virtuosité se côtoient allègrement.