Le vétéran guitariste Floridien, Jon Schaffer d'Iced Earth nous revient avec un 12ème album, s'imbriquant dans une belle carrière de 29 années au service du Power Heavy Thrash. Iced Earth ne brille pas par la pérennité de son line-up tant les changements furent légion.
Ceci dit, cette conjoncture particulière n'a pas empêché Jon et ses artistes « du moment » de cheminer dans la voie du respect puisqu'en début de carrière, ils firent tournée Européenne avec les fameux Blind Guardian., tournèrent plus tard avec Nevermore et s'attirèrent une bonne reconnaissance.
Les albums se succédèrent jusqu'à l'éblouissant « Burnt Offerings » de 1995.
Jon nous a toujours montré qu'il veut le meilleur pour son projet, n'hésitant pas, comme un boss gestionnaire, à liquider les collègues qui ne travaillaient pas en suffisance ou qui avaient une éthique douteuse. Bien des têtes sont tombées mais le show a toujours continué inexorablement.
C'est qu'il est déterminé notre Ricain.
Lorsque nous savons que le génial vocaliste Matthew Barlow a passé, en 2 périodes distinctes, 14 années à la cause du « coeur glacé », on ne peut s'empêcher d'avoir une pensée bien délicate à son attention. Dans son cas, il s'agissait surtout d'une réorientation professionnelle vers le secteur des forces de l'ordre.
Les plus anciens d'entre vous se rappelleront du concept album «The Dark Saga » inspiré de Spawn, héros de comic Book fantastique.
L'an 2000 qui annonçait un bug généralisé nous révéla surtout un « Horror Show » respectable qui allait mettre en scène les personnages du monde de l'épouvante qui ont tous titillé notre imaginaire d'enfant et, pour certains, même d'adulte !!!
En 2003, Iced Earth accueillera aussi le célébrissime Tim Owens, émérite chanteur sur 2 albums de Judas Priest, qui, ironie du sort, restera avec Jon pour un nombre similaire d'opus. Qui n'a pas craqué sur le titre fabuleux ''The reckoning'' issu du solide « The Glorious Burden » de 2004 ?
Pardonnez-moi, je ne résiste pas : youtu.be/n8VlQWKymIg
En 2007, un énième nettoyage de line-up impliquera que notre cher Jon, faute de bassiste et de guitariste, assumera toutes les parties lui-même pour la composition de « Framing Armageddon (Something Wicked Part 1) ». C'est dire l'engagement du gars !!!
Passons les autres changements qui survinrent dans la juste logique des choses car dans Iced Earth, la pérennité se trouve dans l'éternel changement.
En 2011, le plus important à retenir sera l'arrivée du chanteur Canadien Stu Blok tout droit venu de « Into Eternity ». Ainsi, il posera sa voix sur Dystopia et sincèrement, suscitera notre respect au vu de sa motivation alors que l'on pouvait avoir le sentiment que l'univers musical perdait en puissance sans doute avec l'usure du temps. Nous y trouvions des arrangements simples teintés de mélodies minimalistes par rapport à de bien plus belles productions livrées jadis.
Malgré tout, l'album était plaisant, ne nous y trompons pas.
Le dernier album, « Plagues of babylon » sorti en 2014 confortera l'intérêt pour Stu mais aussi l'impression qu'Iced Earth perdait de sa verve, prenant du bide sans en créer pour autant.
Quel saint fallait-il prier pour espérer retrouver le « Iced » qui déchire ?
Et voilà la nouvelle galette qui va tomber en juin…
Mais à quel line-up nous attendre cette fois ?
Je vous le confirme, Jon est toujours à la barre, nous ramenant Brent Smedley derrière les futs.
Exit Troy Seele, nous découvrons Jake Dreyer (Il nous vient de Witherfall, a pondu un album à son nom) à la lead guitare. A la basse, c'est toujours Luke Appleton et au chant, notre cher Stu.
Lorsqu'on a demandé à Jon comment ''Incorruptible'' se compare aux albums précédents de Iced Earth, il a déclaré : ''Tous nos albums sont bons mais sur ce dernier j'ai un très bon sentiment, et le groupe aussi. Il est vraiment très spécial. Ça va vraiment être quelque chose de spécial, mec. Je sais que les musiciens le disent toujours, mais il y a quelque chose qui se passe ici, donc c'est cool. Nous sommes tous très enthousiastes à ce sujet.''
Pas de concept album cette fois, mais 10 titres individuels sans liens entre eux.
Allez, après 10 écoutes, je vous livre mes humbles impressions.
« Great Heathen Army » ouvre le bal sur une magnifique intro épique teintée de Folk. L'univers musical explose ensuite dans un heavy power speed accrocheur, soutenu par un chant en timbre plus grave. Le morceau se mémorise facilement, son accès est aisé et donne une impression agréable.
S'ensuit « Black Flag » qui nous immerge dans le monde des pirates en finesse mélodique tout en gardant un tempo moyen. Stu nous pousse un petit chant aigu par moments, ce qui est très agréable. C'est rythmé et bien sympathique. Nous apprécions le jeu de basse bien engagé de Luke (la force est avec lui).
Petit coup de coeur sur le très beau « Raven Wing », campant dans la douceur, amenant un chant pausé et profond. Pour rassurer les gens qui n'aiment pas trop le trip slowly, l'évolution vers l'énergique arrive rapidement, nous entraînant dans le sillage. Le petit fond de clavier fait du bien. Le refrain est bref mais bien ficelé. On y trouve des paroles assez spirituelles.
Sur « The Veil », nous plongeons dans un registre Meat loafien, découvrant Stu qui opte pour un tout autre registre de chant et ma foi, c'est aussi bon que surprenant. Les riffs explorent une ambiance plus éthérée.
Vous vouliez de l'arrache-tête, en voici avec le super « Seven Headed Whore » qui fuse dans le thrash de bon aloi. Superbe morceau, tout y est avec un chant à la Judas Priest. C'est un pur régal. C'est cet Iced là que j'aime, bon sang, encore…Il y a comme une touche musicale à la Métallica.
S'ensuit « The Relic (Part 1) » qui montre des balises assez rock n'roll sans s'ancrer dans le bluesy.
Là, tout un chacun peut être touché tant on ratisse large. Le refrain est accrocheur. Ça pourrait passer à la radio publique sans ennuyer quiconque.
Une autre surprise, de taille, est apportée par « Ghost Dance (Awaken The Ancestors) » qui nous invite à une sorte de promenade chamanique. La complémentarité des guitares s'entend davantage ici. C'est bien l'instrumental qui est mis à l'honneur. Très beau moment de prise de recul.
Sur » Brothers », l'ambiance nous rappelle que nous les hommes, restons des humains avec des sentiments forts. La pointe de virilité est toujours posée dans le riffing, le refrain fait mouche tant il est captivant. C'est une façon de nous rappeler les liens forts qui peuvent nous unir dans certaines circonstances.
Retour au super Thrash avec « Defiance » qui est séduisant, comportant pointe de puissance, construction efficace. Les ingrédients sont là.
Le b.a.ba de nos besoins en matière de métal se love dans l'ensemble. Un chouette solo dans la seconde minute, transcendé par un chant aigu de bon aloi.
L'album se clôture sur « Clear The Way (December 13th, 1862) » qui évoque la bataille de Fredericksburg, plus précisément la première bataille menée sur
place entre 114 000 Nordistes commandés par Ambrose Burnside et 72 500 Confédérés menés par Robert Lee.
L'inexpérience de Burnside face au solide Lee, allait coûter la vie à plus de 1 250 Fédérés tant les défenses Sudistes étaient organisées et imprenables.
Ce qui est fabuleux, c'est que dans ce titre, Iced Earth esquisse une ambiance musicale totalement cohérente avec le thème, nous immergeant dans une brigade irlandaise commandée par Thomas Francis Meagher, déjà victorieux lors de la bataille d'Antietam 2 mois plus tôt. Nous comprenons au gré des notes que la stratégie n'est pas affinée, nous devons traverser une rivière, prendre de face des positions dûment défendues. Les Irlandais en veulent, ils ont un grand courage. Nous chargeons…mais tombons sous les balles. Les pertes seront très lourdes ce jour-là, 11 800 Unionistes seront grièvement blessés. La cornemuse joue….nous n'en réchapperons pas…
Mais quelle belle apothéose pour fermer l'oeuvre. Et rassurez-vous, le rythme est là, on est au coeur de l'engagement. Magnifique moment.
Dès que tout a été écouté une première fois, nous constatons que nous ne pourrons pas reprocher le travail de diversification musicale effectué cette fois. Iced Earth nous emmène contempler des paysages différents, nous livre des rythmes divergents. Le tout est très agréable et conviendra à tous les amoureux du métal en général.
Ce n'est pas encore le registre de la tuerie que nous attendons tant mais on est bien au-deçà du minimum syndicaliste.
Je ne puis donc que vous recommander de plonger sur l'opus car il y a fort à parier qu'il vous apportera apaisement, parfois engouement plus qu'agacement.