Bien que le Rock ne soit pas du tout ma tasse de thé, me voilà amené à écouter le second album d'un groupe nous venant tout droit du Massachusetts.
Sur papier, Highly Suspect officie dans le registre musical du rock alternatif.
A ce stade, je me dis qu'il conviendra de recourir à toute la diplomatie utile pour ne pas froisser les artistes qui ont bossé durement pour sortir leur second album.
Ils ne peuvent être tenus pour responsable de mes propres goûts musicaux, aux antipodes de leur univers de prédilection.
Plaçant mon faible enthousiasme de côté, je me plonge dans la carrière du groupe.
Highly Suspect, sous forme de trio, s'est formé en 2009. Nous pouvons donc supposer une bonne expérience préalable.
Mais qui donc se cache derrière une identité étrangement liée au domaine de la justice ?
Les frères Meyer : Rich à la basse et Ryan à la batterie. Pour les compléter, le guitariste, claviériste et chanteur Johnny Stevens.
Un premier élan de sympathie m'a envahi lorsque j'ai découvert l'engagement de ces jeunes artistes.
En effet, ils commencèrent leur parcours en jouant des reprises mais pas de n'importe qui ; voyez-vous-même : Pink Floyd, Jimi Hendrix, pour ne citer qu'eux.
Rapidement, l'inspiration créatrice va s'emparer de nos gaillards. Les E.P. vont se succéder, au nombre de 4 jusqu'en 2013.
Leur premier album sortira en juillet 2015, « Mister Asylum » et par l'entremise de la très sympathique chanson « Lydia », le groupe parviendra à se hisser à la 4ème place du chart US « Mainstream Rock Songs ». Excusez du peu !
Ce premier opus avait séduit en France. On y trouvait des racines Grungy et pouvions ainsi découvrir un excellent frontman, homme de charisme au timbre vocal super intéressant. L'osmose rythmique entre les frères était bien présente.
Les voici donc avec un second album : «The Boy Who Died Wolf » et une seconde collaboration avec Joel Hamilton (Iggy Pop, Unsane, Tom Waits, Elvis Costello).
Pourquoi donc changer une équipe qui semble avoir gagné sur la première galette ?
Je me passe en boucle ce nouveau cru…
La première idée qui me vient à l'esprit, c'est que ce groupe est une sorte de titanesque « The Presidents of the United States of America » mais en version Grungy-alternatif. Ils sont époustouflants.
L'album s'ouvre sur « My Name Is Human Explicit » qui dégage une atmosphère musicale éthérée et de type stoner avec sa saturation « crasse ».
Le chant démarre en tempo hyper rapide presque en mode Rap pour ensuite se poser dans l'esprit Rock. Johnny monte rapidement dans un registre à la Eddie Vedder. Nous passons d'un slow tempo à une atmosphère torturée ; le travail de composition y est carré, c'est efficace et porteur.
Je ressens les sensations que pouvaient apporter les solides « Soundgarden ».
Sur le second morceau, « Look Alive, Stay Alive Explicit », je craque totalement sur l'engagement Punkoïde qui écrase tout.
Dans ce registre, Johnny reste parfaitement à l'aise. Le riffing est percutant. La base rythmique déménage. Pour ma part, c'est clairement un coup de foudre. La puissance apportée rappelle Slayer qui s'était lancé dans des reprises sacrées de la scène Punk. A la différence, nos artistes possèdent réellement une touche personnelle, et peuvent prendre de toutes autres directions lorsqu'ils montent dans la violence musicale, amenant vraiment de la surprise où on ne l'attend pas.
La troisième piste vous ravira, montrant un superbe refrain légèrement mélancolique, sur fond musical vous touchant aux tripes. Là aussi, nous trouvons une perle grungy alternative. C'est énorme.
Sur « For Billy », nous naviguons davantage dans un espace rock n'roll ; c'est engagé, plein de vie. Le chant est vraiment superbe. Les riffs de gratte sont plus simples dans leur architecture de composition mais l'excellence réside surtout dans la pertinence globale d'appuyer à des moments plus opportuns, ce qui permet de vous garder en haleine.
Sur « Serotonia, nous trouvons un espace revival teinté de Blues Rock. La rythmique est en slow tempo mais non moins prenante. Ce morceau apaise l'âme. Votre esprit est happé dans un tourbillon spatial doté de 1 000 couleurs.
« Postres » s'élance dans une forme d'allégresse, le chant est presque jovial, il y a de l'élan et des touches Jazzy-Blues qui viennent donner un petit grain de folie. Les touches du clavier sont malmenées pour notre plus grand plaisir.
A la 7ème piste, « Send Me An Angel » vous plonge dans un profond recueillement. On sent le chant habité de sincérité. Moins de joie au programme mais une musique qui est plus spirituelle. Ce morceau pourra faire le grand bonheur des fans de Doom.
« Viper Strike » offre une dimension assez « Smashing Pumpkienne » pour ensuite s'aventurer vers un punk-rock de très bon aloi. Superbe moment musical.
La surprise nous vient de « F.W.Y.T. » versé dans le monde du rap et du Funky.
Retour dans l'émotionnel avec ce « Chicago » assez poignant. Quelques jolies notes de clavier viennent vous bercer tout au long de la progression temporelle de cette petite perle de douceur.
Nous terminons avec « Wolf », le plus long morceau de cette galette, restant dans ce registre de profondeur introspective mais avec un chant pouvant aller dans des aires plus agressives pour ensuite se repositionner dans le calme apparent. Je vous recommande ce morceau après une journée bien merdique.
Globalement, avec cet album, Highly Suspect offre un univers musical riche, leur art nous transporte véritablement dans d'autres dimensions.
Votre esprit voyagera au gré de leurs sonorités. Le chant est superbe.
Ce trio ira loin, très loin.
De plus, je réalise que nos Ricains peuvent aussi s'enorgueillir d'être en mesure de captiver un auditoire métalleux tant ils font revivre cette âme du Grunge avec brio.
Quant aux fans de rock, cet album est incontournable pour vous.
Nous pressentons un avenir brillant pour Highly Suspect.