Il aura fallu attendre vingt ans pour voir la bande la plus brutale de Knoxville, les légendaires Brodequin, revenir sur le devant de la scène. Brodequin se forme à la toute la fin du siècle dernier et pour célébrer le passage au nouveau millénaire sort son premier album “Instruments of Torture”, aujourd’hui considéré comme un classique absolu du brutal death. Ce disque est tellement important et culte dans la scène Brutal Death qu’il fait de l’ombre aux deux autres albums du groupe: “Festival of Death” (2001) et “Method of Execution” (2004). Par la suite, Brodequin se met en hiatus et ce n’est qu’en 2017 que le trio se reforme pour faire des concerts et puis progressivement s’est remis à la composition. Et nous voici en ce début d’année 2024, avec le quatrième album du trio de Knoxville: “Harbiger of Woe”.
“Diabolical Edit” ouvre ce nouvel album et dès les premières notes, on se rend compte d’une chose, Brodequin n’a perdu en rien sa sauvagerie et brutalité. Aucun temps mort, une batterie qui se rapproche plus de la sulfateuse, les guitares nous martèlent de riffs vicieux et ce chant guttural d’outre tombe si caractéristique, ce nouvel album est un véritable rouleau compresseur, Brodequin compte bien reprendre sa place de roi du Brutal Death avec une telle entrée en matière.
“Harbinger of Woe” est un album à prendre dans son ensemble, c’est une punition dans son entièreté. Comme le rythme ne ralentit quasiment jamais, difficile d’extraire un passage en particulier tant la barre est mise haute tout du long. Mais je dois bien avouer que je trouve absolument folle toute la première partie d’album. De “Diabolical Edit” à “Of Pillars And Trees”, le groupe se montre absolument impérial et au sommet de son art. Brodequin nous malmène dans tous les sens et grâce à l’intensité malsaine de sa musique, il réussit à retranscrire l’horreur des tortures médiévales que le groupe s’évertue à nous décrire. Sur la fin de “Of Pillars and Trees”, le groupe s’offre une légère trêve, le tempo ralentit et une basse ronronnante est beaucoup plus mise en avant. Mais cette trêve n’est là que pour mieux nous replonger dans son monde de souffrance.
Cet album est d’une furie et d’une violence qu’il est rare de trouver aujourd’hui. Beaucoup de groupes, je pense au deathcore notamment, tentent toujours de repousser les limites en faisant des breakdowns toujours plus long et ridiculement idiots, qui sur le long terme deviennent fades et le côté violent du deathcore ne devient que façade très vite… Alors qu’ici, Brodequin ne relâche jamais la cadence et réussit à toujours plus nous impressionner par la violence de certains passages et la vitesse d’exécution complètement délirante de ces derniers.
Bon, vous l’aurez compris ce nouvel album des américains est un véritable coup de cœur. Brodequin était un groupe que j’appréciais déjà bien et j’étais plus qu’hésitant face à ce retour qui sonnait un peu opportun. Mais non, Brodequin est revenu remettre les pendules à l’heure et à repris sa couronne qu’il avait quelque peu délaissée.