«« Vicious », un album qui nous fait passer par toute une palette d'émotions que seul Halestorm est capable de susciter avec autant de sobriété entre hymnes Rock, évocations Punk et douces balades»
Depuis la fondation du groupe, en 1997, Halestorm s'est imposé comme un des groupes phares du Hard Rock américain actuel, emmené par les frères et soeurs Lzzy et Arejay Hale. « Vicious » est leur quatrième album et, les trois précédents étant d'une excellente qualité, nous avons de vraies attentes quant à ce nouvel opus, voyons sans attendre si le groupe reste au niveau !
Les premières notes presque dissonantes de guitare qui ouvrent « Black Vultures » nous mettent immédiatement dans l'ambiance, tout comme l'accalmie qui suit, portée par la voix, toujours magnifique, de Lzzy Hale, et soutenue par la basse. Une rythmique lourde et terriblement tirée en arrière apporte la touche plus groove dont le titre avait besoin. Le groupe semble renouer avec des atmosphères qui flirtent avec le malsain mais conservent une touche de lumière, d'espoir. « Skulls » a de quoi nous surprendre avec le début à la voix qui ressemblerait presque à certaines passages des chansons de MIA, dans un genre tout autre, je vous l'accorde. Si vous arrivez à rester de marbre sur ce morceau, toutes mes félicitations car la rythmique très chaloupée, qui laisse encore une fois une très grande marge de manoeuvre à la basse de Josh Smith, est tout bonnement irrésistible. Halestorm sort des sentiers battus et ça leur réussit incroyablement bien ! Reconnaissable en une fraction de seconde grâce à son riff explosif, « Uncomfortable » nous emporte dans un tourbillon musical délicat mais où la colère gronde, en témoigne les paroles : « I did it all, to break every single preconceived notion that you have / I did it all to shake every single one of your emotions... and just to make you / Uncomfortable! ». Les guitares sont saturées à souhait et nous replonge dans le Rock US chaud et parfois gras du groupe. On revient vers quelque chose de plus calme avec « Buzz » où la frontwoman du groupe s'accorde davantage de libertés vocales et ne cesse de nous impressionner avec son timbre et les effets dont elle habille sa voix. La simplicité instrumentale apparente du morceau rend son investissement encore plus palpable.
« Do Not Disturb » est un morceau qui semble dans la retenue mais qui cache en fait un potentiel incroyable dans la sobriété et l'efficacité de sa ligne musicale. Les guitares de Lzzy et Joe Hottinger font des miracles avec l'appui de la batterie qui ne lâche pas un seul instant la voix, véritable fer de lance de cette chanson. Halestorm semble avoir donné davantage d'importance aux rythmiques entraînantes sur cet album, ce qui s'avère payant. La sensualité de « Conflicted » en fait sans aucun doute l'un des meilleurs morceaux de cet album ; et la meilleure façon de vous exprimer ce que cette chanson évoque est de citer les paroles d'un autre bijou du groupe, à savoir « I Get Off » (2009), c'est-à-dire : « It's so much more exciting / To look when you can touch ». Si cela vous intrigue, il ne vous reste qu'à écouter la chanson ! Décidément, la formation tourne vraiment bien ensemble, ce qu'incarne très bien la douce mais inquiétante « Killing Ourselves To Live ». Une certaine forme de tension, particulièrement alimentée par la guitare, sous-tend la composition, répondant à la voix de la chanteuse. Batterie et basse sont plus en retrait ici mais leur présence se devine à certains moments. A mi-chemin, la chanson change radicalement et prend des aspects de contes gothiques au son de cloches. Pour les plus habitués au groupe, les solos de guitare ne sont jamais loin, rassurez-vous ! Avec « Heart Of Novocaine », Halestorm revient vers un duo à la guitare acoustique et à la voix. Cela leur va si bien qu'on se demande presque comment on a pu attendre aussi longtemps pour en écouter un. La légèreté de la ligne de guitare met l'accent sur la voix qui nous balance des vagues d'émotions pures, donnant au morceau le relief d'une confession, d'un récit de vie.
Le Hard Rock plein de peps du groupe nous arrive en plein visage avec « Painkiller », lourde dans la composition et lumineuse dans la voix, à peine étouffée. Peu à peu, avec une lenteur maîtrisé, Halestorm nous mène jusqu'à l'apogée du morceau, jusqu'au point de non-retour d'où on se laisse tomber sans retenue jusqu'à disparaître dans les limbes embrumées de la formation américaine. Si le titre « White Dress » aurait pu évoquer un mariage, et donc une chanson calme et romantique, les musiciens prennent le contre-pied absolu pour nous proposer une chanson Punk et apocalyptique qui met en avant la basse et la batterie d'Arejay Hale. La tradition des groupes Punk-Rock à chanteuse se retrouve ressuscitée et dépoussiérée par Lzzy Hale et sa bande ! « Vicious », le titre éponyme, semble être une invitation à poursuivre dans cette voie autour du message : « What doesn't kill me makes me vicious ». Le groupe reste fidèle à son idéal, soit célébrer la bizarrerie, les monstres, les freaks et appeler à se battre, à rester fort ! Après ce message, le groupe a fait le choix de clore cet album avec la tendresse de « The Silence », à nouveau en duo guitare-voix, parfois souligné d'une légère rythmique. Mises sur le même plan sonore, les deux mélodies se mêlent, s'enlacent et s'embrassent en un hymne délicat et touchant.
« Vicious » nous fait passer par toute une palette d'émotions que seul Halestorm est capable de susciter avec autant de sobriété. Fidèle à sa réputation, le groupe nous propose tantôt des chansons énergiques et agressives, tantôt des hymnes à la rébellion, tantôt des balades douces et maîtrisées. Leur investissement ne faiblit pas avec le temps et nous ne pouvons que leur être reconnaissant pour leur engagement et la beauté de la musique qu'ils nous offrent.