Depuis plus de dix ans maintenant, l’énigmatique et fascinant projet Zeal and Ardor nous invite à vivre des expériences musicales toujours plus intenses et intéressantes. Pour la faire courte, c’est suite à une suggestion d’un utilisateur de 4chan (forum de discussion assez controversé) proposant de mixer black metal et “nigger” music que Zeal and Ardor naît. Au début, projet solo de Manuel Gagneux, ce dernier commence à composer en essayant de combiner au mieux c’est deux styles dont tout semble opposer.
En émerge le premier album “Devil Is Fine” qui bien qu’assez inégal réussit quand même ce mix si osé et nous donne un album assez rafraîchissant et plutôt original pour le coup. Pour moi, l’essai est véritablement transformé avec le second album “Stranger Fruit”, beaucoup plus ambitieux et mature à tous les niveaux. Et pour le coup, une étape est véritablement franchie avec cet album et Zeal and Ardor passe de simple curiosité d’Internet à un début de phénomène qui ne cessera de grossir au fil des années.
En 2022, Zeal and Ardor sort son troisième album qui vient encore plus faire évoluer son concept initial en y incorporant beaucoup plus d’éléments indus et electro (présent à la toute base du projet). Et nous voici deux ans plus tard et “GREIF” sort en cette fin de mois d’août dans les bacs.
Avec ce nouvel album, Zeal and Ardor continue d'étendre son spectre musical et d'expérimenter toujours plus. En effet, en deux albums, la prétention initiale du groupe commençait déjà à montrer ses limites et faire évoluer sa formule déjà originale est vraiment bienvenue et dans un sens assez nécessaire. Cette mutation entamée avec le précédent album continue et se confirme avec "GREIF". D'ailleurs le pendant Black Metal n'est quasiment plus présent mais maintenant utilisé pour appuyer certains passages plus sombres et graves des morceaux comme sur: "are you the only one now ?" ou "Hide In Shade", morceau que je trouve se rapprochant le plus de ce qu'était le projet à ses débuts.
Ce nouvel album est assez difficile à classer tant il accumule et mélange toutes sortes d'influences variées. Chaque morceau est un condensé de toutes sortes de styles que cela peut rendre assez indigeste et paraître brouillon aux premières écoutes. Mais au fil des écoutes, quelque chose se crée et petit à petit l'appréciation de l'album devient envisageable. Alors pour être honnête, tout ne fonctionne pas pour moi dans "GREIF". Je trouve le début vraiment très bon avec "the Bird, the Lion and the Wildkin" qui vient poser une ambiance pesante faisant le relais pour le puissant "Fend You Off" puis "Kilonova", "are you the only one now ?" morceau vraiment prenant et touchant. Le solennel "Go Home My Friend" vient continuer sur cette lancée et enfin "Clawing Out" et son rythme saccadé et ses voix doublées viennent apporter malice, bizarrerie et noirceur.
Et c'est là que "GREIF" me perd avec "Disease". Une vraie cassure de ton et de rythme s'opère venant interrompre cette belle lancée sur laquelle l'album était. La légèreté du morceau, ce gimmick dissonant et même certaines lignes de chant me rendent le morceau quelque peu insupportable. Il amène un côté dansant qui a du mal à passer chez moi. Et les morceaux "369" et "Thrill" me perdent tout autant...
Mais le très rétro et typé années 80 "Une Ville Vide" revient m'attraper pour cette fin d'album qui raccroche quelque peu au début de l'album. D'ailleurs cette dernière partie d'album est plus du Zeal and Ardor classique. On y retrouve cette énergie et la solennité des deux premiers albums. "Sugarcoat" et "Hide in Shade" pour le versant plus metal et puissant et "Solace" et surtout le très beau "To My Ilk" qui vient clôturer un album très riche, peut être trop par moment, avec une grande sensibilité et originalité.
En conclusion, Zeal and Ardor continue de tracer son propre chemin en expérimentant toujours plus pour proposer une singulière expérience à son auditoire.