Voilà un plus de deux décennies, Gotthard livrait son tout premier opus en public (en acoustique) baptisé « D Frosted ». Depuis, plusieurs efforts multi-certifiés et autres compils ont été publiés et puis fin 2010... la tragédie avec la perte du vocaliste originel et membre fondateur Steve Lee. Difficile de survivre à cela, pourtant les suisses y sont parvenus (en tout cas musicalement) avec notamment l'arrivée de Nic Maeder derrière le micro.
Enregistré en mars dernier lors du 'Defrosted Unplugged Tour 2018', ce live est donc une nouvelle revisite en mode débranché des plus grands succès de nos helvètes (en plus de vingt cinq ans de carrière ça en fait forcément quelques uns). L'écueil possible avec ce type d'exercice est de ne proposer que les morceaux les plus calmes (ou carrément que les ballades) du répertoire pour faire « facile ». Bien sur le quintette propose des moments tranquilles (le sublime et bien nommé 'Beautiful', 'Why', le séduisant 'Heaven'), pourtant l'ensemble est des plus festif, coloré et diversifié. Tout cela est enjoué (le dynamité 'Starlight', 'Sweet Little Rock N´ Roller' et sa partie de honky tonk piano avec en intro quelques notes du 'Rock and Roll Ain't Noise Pollution' de AC/DC). S'enchaînent le rock sudiste plein de feeling ('Sister Moon' et son harmonica), la country-pop ('Out On My Own'), le Rock/Rythm N' Soul (le jouissif 'Bang', le dansant 'Right On') ou encore les orchestrations à cordes ('Remember It's Me'). N'oublions pas la reprise de la cinquième symphonie de Beethoven ('Tequila Symphony N° 5') qui était tout indiquée pour une relecture jazzy avec violons et piano. Archi-présents, et c'est tant mieux, sur bons nombres de chansons ('Tell Me,....), les choristes féminines ajoutent une touche des plus classieuse et un groove phénoménal.
De bout en bout, Nic Maeder se fait chaleureux (le mélodique et mélodieux 'Miss Me') de par ses interventions et sa voix chaude. Bien que les albums les plus récents soit les plus représentés, la période du chanteur disparu n'est pas délaissée. Nic s'approprie les anciens titres entre respect, émotion (les frissons sur 'One Life, One Soul') et pure énergie (le génial 'Anytime Anywhere'). Magistral. L'alchimie entre le combo et le public (conquit) est réelle. L'auditoire ne se fait pas prier pour participer et reprendre en choeurs les mélodies imparables ('Hush' et ses percus/bongos, 'Mountain Mama'). La joie du groupe est palpable. Le plaisir évident. En guise de final, les cinq larrons offrent une réinterprétation sous forme d'un duo chants masculin/féminin du standard de Deep Purple 'Smoke On The Water'. Exquis. Comme si cela ne suffisait pas, en bonus à ce déjà somptueux et copieux concert, on a le droit a deux inédits studio. Une première piste bien rock ('Bye Bye Caroline') inspirée par un classique de Status Quo de 1973 ('Caroline') et avec rien de moins que Francis Rossi - l'homme à la célèbre queue de cheval en personne - en invité de luxe (bah oui tant que faire) et une ballade acoustique ('What I Wouldn´t Give') plutôt réussie.
Ainsi réarrangées, plus ou moins méconnaissables suivant les cas, les compositions de ce « Defrost 2 » connaissent une seconde vie. Alternant à perfection moments calmes et parties endiablées, Gotthard nous gratifie là d'un live aussi magnifique qu'indispensable.