«"Resonate", c'est l'histoire du rock incarnée en 50 minutes qui remet Glenn Hughes sur le piédestal qu'il n'aurait jamais dû quitter. En terme de classic rock, "Resonate" est le grand gagnant de l'année.»
La première évidence lorsqu'on parle de Glenn Hughes est son statut d'icône. Il est un grand, très grand chanteur-bassiste du rock. La seconde évidence est que malheureusement son statut d'icône ne vient que de ses pairs et pas du grand public. Cette double constatation est regrettable. Il est triste de penser qu'une majorité du public ne se doute pas de la qualité de Glenn (voir même de son existence) mais il faut bien l'avouer, cet état de cause lui est en partie imputable, son jeu avec la drogue ayant créé une carrière en dent de scie.
Des débuts de Trapeze à l'embauche par Deep Purple, le talent de Glenn s'est épanoui rapidement, le succès amenant les dérives dans son sillage. Et pourtant quel apport il fût a Deep Purple, quelle force il donne à l'album de Toni Iommi qui n'a que le défaut d'être sorti sous le nom Black Sabbath. 25 albums solo (live et best of compris), un nombre incroyable de participations à divers groupes, à divers projets, Glenn collabore avec une facilité déconcertante. Son grand retour avec Black Country Communion est peut être le déclencheur qui le raccroche au rock et l'album de California Breed de 2014 est certainement l'ancrage final pour ce grand retour solo de 2016 avec un opus de toute beauté. "Resonate" est un condensé de ce qu'il fait de mieux: rock, hard-rock, heavy. Cet album, bien varié, est de haute volée et nous sommes heureux de pouvoir dire : "Bon retour parmi nous Glenn".
"Heavy" est ce titre que tout le monde a déjà pu découvrir, très groovy, calibré radio américaine de classic rock. Ce titre dégage une vraie puissance et si Glenn est un chanteur hors pair, la basse bien audible nous rappelle aussi quel excellent musicien il est. "My Town", mid tempo typé hard rock 70' nous plonge dans l'essence même du style qui dévoile le mieux les talents vocaux de Glenn. Nous sommes dans les racines du genre et le ton se durcit. La claque peut arriver. Nous venons d'être préparé à la recevoir. C'est donc "Flow" qui vient nous l'asséner: très lourd, heavy, ce titre est une tuerie, le break annonçant le solo avec des sons à l'ancienne nous ramène à l'époque d'un Purple survitaminé. La voix de Glenn est sublime sur un riff Sabbathéen appuyé par l'orgue Hammond.
Il est curieux d'avoir un rythme lourd et un riff proche de Sabbath et d'en tirer le titre aéré tel que "Let It Shine": une belle réussite des placements vocaux et de quoi nous répéter à l'envie les refrains dans la tête. C'est après une intro d'orgue Hammond qu'un "Steady" mid-tempo démarre puissamment. Les accords de guitares et d'orgues étant liés, la force rendue est impressionnante. Puis vient le contre-pied: le refrain est d'une douceur inattendue ! Mon Dieu ! Que c'est beau ! Les parties de basse sont parfois proche du solo tellement elles sont bien fournies. Solo de guitare, solo d'Hammond, superbes parties de batterie, mais quelle débauche de talent de la part de ces musiciens qui peuvent tour à tour en mettre plein la vue ou se retirer dans la simplicité pour laisser toute sa place au chant.
"God Of Money" est très lourd également avec des passages plus aérés. Mais quelle pèche et quelle accroche ! Le son est énorme et actuel malgré une instrumentalisation qui fleure bon les années 70'. Le solo d'orgue Hammond délivre d'ailleurs un solo plus métal que certains groupe du genre, c'est dire.
Avec un tempo plus élevé "How Long" est encore une fois un titre ou la dextérité de la basse est prépondérante. On a jamais croisé un mix qui sait aussi bien mettre la basse en valeur tout en laissant l'ensemble des instruments dominer le son. Vocalement Glenn se fait plaisir et se lâche comme jamais avec cette fin de morceau qui est tout bonnement la quintessence du rock.
Un "When I Fall" de toute beauté dans le refrain est le titre doux du CD. La chanson est un savoir faire de composition, un solo d'hammond où Glenn joue de la voix également. Un seul mot : superbe !
Avec "Landmines" c'est un retour au groovy et funky que Glenn avait privilégié au détriment du rock, chemin sur lequel de nombreux fans n'avaient pas suivi. Mais ici, la qualité de la composition est telle que le titre est une bouffée d'air frais, apportant un plus à l'album. Un petit côté Red Hot Chili Peppers, ce morceau qui aurait pu amoindrir l'ensemble va au contraire le renforcer de bien belle manière.
"Stumble And Go" au tempo plus enlevé joue plus sur le répétitif à la manière d'un The Cult ou un Neil Young en pleine forme avant de nous diriger vers la fin de l'album de manière plus légère sur un "Long Time Gone" qui provoque en nous le désir de relancer l'album pour un tour.
Nous avons avec "Resonate" la réussite incarnée en un album, l'histoire du rock incarnée en 50 minutes. Cet album est celui qui remet Glenn Hughes sur le piédestal qu'il n'aurait jamais dû quitter. En terme de classic rock, "Resonate" est le gagnant de l'année. Chapeau bas Monsieur Hughes !