GLEB KOLYADIN
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Progressive Rock / Jazz Fusion

Gleb Kolyadin
Chozo Tull
Journaliste

GLEB KOLYADIN

«Un album riche, touchant et virtuose, un must pour tout amateur de prog et de musique en général !»

13 titres
Progressive Rock / Jazz Fusion
Durée: 55 mn
Sortie le 23/02/2018
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Gleb Kolyadin est une petite sommité du monde du monde du prog moderne (ou des musiques post-progressives, comme kscope aiment les appeler), officiant dans le duo Iamthemorning qui nous vient de Russie. Plus dans la musique de chambre que dans le registre pompier d'un ELP ou d'un Yes, Kolyadin est un pianiste avant tout, et cela s'entend sur son premier album éponyme, à paraître bientôt. Et je pense que vous vous devez de l'écouter, car il pourrait bien s'agir là d'une des meilleures sorties de l'année (et je dis ça en tant que personne qui déteste ce genre d'annonces. Ouais, La La Land, c'est toi que je regarde. Le rapport avec la review ? Euh ... Y'a du piano ?)

Outre notre claviériste slave, le disque rassemble du beau monde : deux chanteurs invités, le sublime Steve Hogarth de Marillion, et Mick Moss, d'Antimatter, mais aussi (et surtout) des instrumentistes dont les noms devraient être familiers aux aficionados de la maison de disque de Steven Wilson : Nick Beggs, le bassiste du groupe solo de SW, Gavin Harrison, batteur de feu Porcupine Tree, et Theo Travis aux vents, à qui l'on doit ces superbes envolées de flûtes et autres solos de sax rageurs sur The Raven That Refused To Sing. La crème, quoi. Oui, mais la mayonnaise prend-elle ?

Indéniablement, oui. Le disque est à mon sens une réussite totale. Les cinquante-cinq minutes au compteurs sont riches de rythmes fusion, de plans mélancoliques, de jazz à l'européenne et de mélodies aériennes. Rien que la première piste, ''Insight'', est une claque immédiate. Quatre minutes de fusion avec le piano comme clé de voûte et le reste du groupe qui suit et livre une performance bouillante et groovy. On en redemande. Ca tombe bien, quelque pistes plus tard, ''The Room'' remet le couvert dans un registre plus subtil. Oui, mais et si j'aime aussi Thelonious Monk ? Le ravageur ''Penrose Stairs'' est là pour vous. Dans ce dernier, Gleb enlève les gants et tous les coups sont permis - le morceau est fun, survolté, imprévisible, tout est en place, c'est une petite merveille de composition, d'arrangement et de performance. Et puis il y a aussi ''Kaleidoscope'', au groove impair lumineux. Le sourire jusqu'aux oreilles.

Mais l'album ne repose pas uniquement sur ces moments de pur plaisir un peu zicos - on trouve aussi des courts morceaux pour piano solo qui dilue un peu l'ensemble, comme le ''Eidolon'', touchant et délicat. Des deux morceaux avec Hogarth, ''The Best Of Days'' est une jolie ballade portée par la voix inimitable du maestro, tandis que ''Confluence'' s'étend sur dix minutes. Pièce maîtresse du disque, le morceau passe par différents registres mais n'oublie jamais de maintenir une cohérence dans le ton, la gravité. Cela fait vraiment plaisir de voir sieur Kolyadin aussi à l'aise sur différentes longueurs, capables de gérer de longs morceaux aux arrangements complexes comme ''Confluence'' ou ''Astral Architecture'', plus orchestral, mais aussi de courts moments solo ou des morceaux plus rock. Rien à redire.

Pour finir, et c'est peut-être personnel, j'ai été ravi d'entendre un album où le piano et son timbre acoustique dominait. Dans un genre où la guitare électrique règne en maître et où la compression à fond est commune, cela fait un bien fou d'entendre une basse martelée par la main gauche ou des descentes-éclair de notes qui gardent malgré tout une clarté et une fragilité. Gleb Kolyadin a beau être un virtuose et ne pas s'en cacher sur ce disque, on sent quand même un souci du morceau et de la composition, même si les influences classiques et jazz abondent et imprègnent son jeu magistral et poignant.

Alors certains diront certainement que le disque est trop long, trop bavard, pas assez ceci, trop cela, que sais-je. Qu'importe. Voilà un disque rafraîchissant et parfaitement exécuté qui nous offre un cocktail détonant de styles et d'ambiances. Ne passez pas à côté.

Ah oui, et il y a un morceau featuring Jordan Rudess. Histoire d'achever les autres claviéristes.