La création d’un super projet reste toujours un moment fort qui attise toute la surprise des fans des groupes et artistes concernés.
Comme nous le verrons dans ce groupe qui nous préoccupe, l’union s’est faite en regroupant des artistes diversifiés dans leurs cursus respectifs, mais des artistes non des moindres. « Giraffe Tongue Orchestra » a été impulsé par Brett Hinds, chanteur et guitariste chez les sludgeux progressifs « Mastodon » originaires d’Atlanta.
Lors de la participation de son groupe au Soundwave Festival, le Brett s’est permis un petit moment de détente, fréquentant le zoo de Sidney. Devinez quel animal l’a séduit ? Il tenait le nom de son projet.
Au niveau de la constitution dudit projet, quelques illustres membres ont été choisis en raison de qualités évidentes afférentes à leurs parcours respectifs :
- Au chant, William DuVall, chanteur légendaire d’Alice In Chains (Rock progressif Post Grunge de la scène de Seattle) ;
- Ben Weinman, je pense pouvoir dire qu’il s’agit d’un très bon ami de Brett et qui possède la particularité d’être guitariste chez les Post Hardcoreux Jazzy progressifs de Dilliger Escape Plan (excusez du peu !!!) ;
- Pete Griffin, bassiste tout droit venu du groupe Californien de Death mélodique, « Dethklok » ;
- Thomas Pridgen, ancien batteur de Mars Volta, groupe Texan de Rock US fondé en 2001.
On n’allait pas s’arrêter en si bon chemin, les fûts sont faits pour frapper et il peut être bon d’inviter un autre marteleur à cet effet : Jon Theodore serait convié, oui, le maître des rythmes chez Queens of the Stone Age (groupe éminemment réputé dans la scène Stoner Rock).
Cerise sur le gâteau, la charmante actrice et musicienne brunette Californienne, Juliette Lewis viendrait poser des chœurs sur deux titres. Pourquoi pas ? Le petit monde se retrouve et se lance dans la création de l’album « Broken Lines ». A quoi s’attendre en mélangeant du Rock US, aux éléments Jazzy Stoner, sludgy-progressifs et mélo-deatheux ?
A l’écoute de l’album, force est de constater que le mélange est hétérogène et savoureux. Le nectar est monstrueux et peut s’apparenter à un métal alternatif assez riche et densifié.
Quelques morceaux risquent fortement de vous faire chavirer sous le coup de la séduction :
- « Crucificion » avec son rock déjanté, de type fusion à la Faith No More. C’est rythmé, prenant, quelques envolées vous surprendront dans le refrain. Superbe morceau ;
- « All we have is now » partant dans un registre plus calme, plus mélodique, une quasi ballade teintée de romantisme. Sidérant !!!
- “Everyone gets everything they really want” qui repart en mid tempo bien groovy, véritable orfèvre musical. Le refrain est direct et efficace;
- “Thieves and Whores” qui poursuit sa route groovée mais qui se démarque par de superbes riffs de guitare, ce qui dynamise le tout, vous donnant envie irrépressible d’headbanguer.
D’autres surprises vous attendent, à l’instar du remarquable titre éponyme de l’album qui se caractérise par une envolée dans le monde de l’erratique, comme savait si bien le faire Mister Bungle, Fantomas, et j’en passe. On sent véritablement une expérimentation dûment maîtrisée qui se consolide par un refrain de chant quasi crooner. Merveilleux morceau montrant ce que la musique peut avoir de riche dans la composition.
Sur « Fragment & Ashes », c’est le jeu de guitare qui vous surprendra, donnant la sensation dès les premières notes de trouver une saturation vous plongeant au Far West, nous notons que quelques groupes de Black métal tels les Glorior Belli ne se privent pas de ces éléments Rock assez géniaux. Les riffs typés métal viendront vous achever dans l’évolution du morceau avec un chant qui va aller dans la hauteur. Pur bonheur !!!
« Blood Moon » permet de respirer car il opte pour un cheminement plus direct sur des bases plus posées, plus popisées.
Le groupe nous surprend dans ce registre car l’on réalise bien vite que le morceau vous accroche d’emblée, tel le nœud coulant ne laissant guère d’échappatoire à sa victime. Incroyable et limpide.
Je finirai sur le très beau « Adapt or die » qui est un chef d’œuvre de part sa structure Punkoïde amenant l’image du spectre de Therapy ? Les riffs sont boostés, le refrain est super prenant et bien mémorisable.
Cet album est captivant, il apporte fraîcheur, vous esquissera un sourire sur le visage car il est couillu. Il fallait y songer, ils l’ont fait. L’anecdote de la girafe n’est rien au regard du travail abouti. Le plus surprenant, c’est d’avoir l’impression que les artistes ont pris ensemble un méga pied, ont joué dans une sorte de forte cohérence de camaraderie, alors que paradoxalement, ils expérimentent tous.
En conclusion, ce projet nous montre que quelques titans du Rock US, venant d’horizons divers, ont été capables de transcender le métal alternatif pour le plonger dans la véritable fusion groovy, en apportant des titres différents les uns des autres sans nous faire sombrer dans une forme quelconque d’ennui.
Brett, vous fûtes bien inspiré sur ce coup là. L’année prochaine, pouvez-vous aller voir les rhinocéros dans un autre zoo ?