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Fear Inoculum

United Rock Nations

Tool

Un album qui a su se faire attendre et qui tient ses promesses
7 titres
Metal Alternatif
Durée : 79
Sorti le 31/08/2019
5770 vues






Fred H
Journaliste




Herger
Journaliste





La Chronique de Fred H


C'est un secret pour personne, Tool aime prendre son temps entre deux opus. Lorsque « 10,000 Days » (NdT : Dix mille jours) est sorti (le 28 avril 2006) les plus taquins ont rapidement persiflés en annonçant que ce serait probablement le délai d'attente pour entendre son successeur. Vous imaginez 27 ans à poireauter. Finalement, dans leur grande mansuétude, les américains ne nous aurons fait patienter « que » 13 piges et quelques mois. Merci à eux. « Fear Inoculum » est donc leur cinquième album (l'EP « Opiate » et la compil' « Salival » ne sont pas comptés) en quasi trois décennies d'existence… cet anniversaire sera pour 2020. Bien sûr, Maynard a (un peu) occupé le terrain avec ses projets Puscifer et A Perfect Circle mais bon... ce n'est pas Tool.

On le sait (aussi), le combo fait ce qu'il veut, comme il l'entend, et n'a que faire des diktats des labels, du formatage des passages-programmations radios (3' maxi) ou des codes musicaux imposés (intro+Pré ref/Refrain+Couplet+...). Les morceaux « pavés » peuvent côtoyer des interludes décalés voire totalement barrés. Dans le cas présent (du moins sur le format physique), point de cassures. Sept pistes (le chiffre 7 joue un rôle important dans le concept du disque, on y reviendra) pour quasi 80 minutes. Un seul titre de 5 minutes, les 6 autres se baladant entre 10 à 15 min. La version numérique, avec ses trois plages-apartés bonus ('Litanie Contre La Peur', l'ambiant 'Legion Inoculant' et 'Mockingbeat') toutes instrumentalo-bruitistes (glauques et dispensables pour être totalement sincère), porte le total à 86 minutes 40.

Dès la chanson d'ouverture, on retrouve ce savoureux mélange bien connu de puissance metal, d'éléments psychédéliques et de rock progressif. La « patte » Tool-ienne - si particulière – est bien là. Les compos et les ambiances sont travaillées à l'extrême. Les couches sont multiples. Que d'éléments mélangés (percus, sonorités étranges, cloches, petites notes répétées en boucle, grattes doublées-triplées, arpèges, bruits de vagues, ...). A l'instar des rondelles passées, il faut écouter, réécouter... encore et encore pour saisir les NOMBREUX détails (port du casque fortement recommandé) saupoudrés ici et là. Les arrangements sont riches, complexes... uniques. La basse de Justin Chancellor est omniprésente et toujours si hypnotique et puissante. Précis comme un métronome, le batteur Danny Carey exécute un job phénoménal derrière son énorme kit. Quel boulot monstrueux et subtil sur la double grosse caisse, les toms, les cymbales, etc. Tout est mûrement réfléchi, soigné, millimétré. La prod' commise par l'ingé son-producteur Joe Barresi (Kyuss, The Melvins, Queens of the Stone Age, Tomahawk, The Jesus Lizard, Bad Religion) est co-lo-ssa-le.

Peu démonstratifs mais pourtant massifs, les riffs (rythmes et de polyrythmes en 7/4, 7/3,... on vous parlait du 7) de sixcordes de Adam Jones se font tour à tour doux, angoissants, distordus, syncopés (estampille du bonhomme), furieux (cf. la fin tout simplement meurtrière du title-track). Le natif de Park Ridge (dans l'Illinois) pousse l'insolence à proposer un solo de... 4 minutes ('Descending'). À bas les conventions !. Avec son timbre envoûtant, le sieur Keenan mêle mélancolie, douleur et rage (maîtrisée) pour contraster et finalement coller parfaitement avec la musique et les atmosphères recherchées. Chant, chuchotements, voix trafiquée ('Invincible'), passages aériens … tout y passe pour transmettre un maelstrom d'émotions en tous genres. Le voyage est intense (l'épique '7empest' et son compteur dépassant le quart d'heure), lugubre (le très/trop zarbi 'Chocolate Chip Trip'), bouillonnant, planant ('Pneuma', 'Culling Voices') … indubitablement EXIGEANT (que l'on soit initié ou non).

Comme à l'accoutumée, le quartette a autant perfectionné le fond que la forme. L'artiste Alex Grey (qui avait déjà sévi sur les 2 derniers méfaits) rempile pour la pochette. Pour la version physique/coffret collector (pour lequel il faudra casser votre tirelire et débourser la modique somme de 80€, aie ça pique !?), les 4 gars ont encore inventés. Après les lunettes 3D sur l'œuvre précédente, histoire d'être encore plus immersif, ce nouvel effort contient le CD dans une édition digipack classieuse en 3 volets incluant un écran rechargeable HD intégrant du contenu vidéo exclusif, un haut-parleur de 2 watts, un livret de 36 pages et une carte de téléchargement MP3 (inclus les bonus). Rien que ça !.

TRES attendu (doux euphémisme), Tool est de retour. Impressionnant et inventif (tout du moins sur les 6 morceaux véritablement chantés), « Fear Inoculum » c'est du plaisir et du bonheur garantis pour vos mirettes et vos cages à miel. Des centaines d'heures d'écoutes en attendant une prochaine livraison qui arrivera probablement un jour ou l'autre.



La Chronique de Herger


Celui-là il se sera fait attendre ! 13 ans depuis la sortie de 1000 Days, Tool a pris son temps et bien lui en a pris. Les Maîtres du métal alternatif et progressif, auteurs de "Undertow" en 1993, de l'exceptionnel "Aenima" sorti en 1996, "Lateralus" en 2001 et "1000 Days" en 2006 sont enfin de retour.

Tool compte dans ses rangs le guitariste et tête pensante du groupe Adam Jones, le chanteur fantasque Maynard James Keenan que l'on connaît pour ses performances dans A Perfect Circle ou Puscifer, le bassiste Justin Chancellor et le talentueux batteur Danny Carey.

"Fear Inoculum" est produit par le groupe lui-même ce qui lui permet d'avoir un contrôle total sur l'ensemble de son univers. Ce nouvel album ne va pas décevoir les fans et la critique musicale. 13 ans, c'est long mais quand on connaît le perfectionnisme du groupe et surtout celui de Adam Jones on savait que nous allions pas être déçus.

Il faut savoir que le guitariste avait composé une première série de titres pour « Fear Inoculum » mais qu'il n'en était pas content. Il a donc décidé de reprendre dès le début et c'est ainsi que ce sont les 10 compositions présentes qui sont la base de cet album au combien attendu. Une attente qui n'a pas été veine.

Ceux ayant participé à leur concert de cette année ou au Hellfest 2019 avaient eu la chance en avant-première d’écouter des titres comme "Descending"ou "Invicible" qui laissaient présager de l'excellence. Et le groupe va enfoncer le clou avec la sortie en début de mois du titre éponyme "Fear Inocolum". Et il résume vraiment bien l'essence de ce nouvel opus. On y retrouve tout ce qui définit la musique du groupe californien : polyrythmies, riffs alambiqués et habités, structures changeantes comme tout bon groupe de prog.

Avec plusieurs titres dépassant allègrement les 10 minutes, avec des parties à tiroirs où les digressions instrumentales sont légion, maîtrisées et recherchées comme sur "Pneuma", moins agressif que "Aenimia" par exemple même si certains passages de "Invicible"sont plus rentre dedans. Moins agressif mais tout autant intense car les guitares sont hypnotiques donnant un caractère quasi religieux comme si on entendait un Mantra.

« 7empest » est déjà considéré comme étant une des meilleures compositions de Jones. Les titres instrumentaux accentuent ce sentiment hypnotique et ritualiste comme c'est le cas sur "Litanie contre la Peur" ou "Legion Inoculant".

Et puis comment ne pas parler du travail fait par Danny au niveau de la batterie qui est tout simplement génial : technique, varié et inspiré. L'utilisation de rythmes presque tribaux (sur "Fear Inoculum" ou sur "Chocolate Chip Trip ») démontre toute sa créativité rythmique.

Et le taf fait par Keenan n'est pas en reste. On reconnait son timbre entre mille. Il peut s'énerver quand la musique le veut et être plus tendre quand c'est le calme qui prédomine. Ce que nous venons de dire est évident à l'écoute de "7empest"morceau parfois énergique ou" "Culling Voices" aux contours plus posés.

On finira par parler de la production qui restitue parfaitement la qualité des compositions et nous conclurons par parler de l'artwork dans le prolongement des albums de Tool qui est une réussite lui aussi.

Tool confirme son talent avec encore un opus inspiré, maîtrisé, dans la veine de sa discographie qui ne nous déçoit absolument pas. Du Grand Tool. L'album de l'année voire de la Décennie!