GOSTA BERLINGS SAGA
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Rock Progressif

ET EX
Chozo Tull
Journaliste

GOSTA BERLINGS SAGA

«Excellent album de progressif instrumental, ET EX est une nouvelle occasion pour Gösta Berlings Saga de prouver leur intégrité et leur talent !»

8 titres
Rock Progressif
Durée: 47 mn
Sortie le 12/10/2018
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Le débat sur le rock progressif et son ''progressisme'', il est vieux comme 1974. Etre prog, est-ce adhérer aux tropes prog des anciens ou est-ce au contraire pousser la musique dans de nouvelles directions, au risque d'explorer des territoires que les vieux rockers de la grande époque ne voudront pas arpenter (électronique, ambient, pourquoi pas ... *gasp* ... pop) ? Gösta Berlings Saga est ravi de répondre : ''les deux, et si il nous en reste un peu, on vous le met quand même !''. Originaires de Stockholm, les membres du groupe sortent leur premier album (un live) en 2005. ET EX est leur cinquième album, et l'on peut dire qu'il s'agit d'une réussite de plus à l'actif du groupe, qui, bien qu'assez confidentiel, a toujours sorti des albums de qualité.

Le trait le plus remarquable de GBS sur ce CD est probablement leur capacité à jongler entre minimalisme et maximalisme avec une étonnante facilité. En effet, le groupe fonctionne souvent à base de boucles qui tournent et de thèmes répétés mais réussit à donner à ces semi-jams un potentiel de réécoutabilité non négligeable dû aux différentes couches instrumentales, aux arrangements, aux choix des timbres, et aussi à la composition. Gösta Berlings Saga donne l'impression d'un orchestre rock de chambre, un peu à la manière d'un Kayo Dot, mais franchement moins expérimental - et cela leur réussit. Preuve en sont les morceaux comme ''Square 5'' et ''Over and Out''. Le premier mélange des sont de synthés et de basse typiques des 70's (et très cool !) à un beat hip hop inattendu, et le mélange prend. Le morceau commence de manière assez gimmicky mais finit par acquérir une personnalité propre. Idem pour la compo suivante qui s'ouvre sur une batterie 80's compressé comme à l'époque, des choeurs Bonnie Tyler et une bass line pas piquée de ''I Need A Hero'' (enfin un peu piquée quand même). Mais, surprise, GBS transcende cette ouverture un peu gaguesque avec des claviers éthérés ambitieux et les contours du morceau émergent lentement. Subtilité et effort.
Et quand ''Artefacts'' commence avec son piano désaccordé et son ambiance horreur gothique au maquillage un peu cheap, c'est ce qu'on aime, cette théâtralité forcée dont on sait qu'elle finira par muer vers un morceau satisfaisant. Ca ne rate pas : quand la guitare et les arpèges de piano un peu plus lumineux rentrent en scène, ''Artefacts'' change lentement d'ambiance et se retrouve dans un entre-deux fort appréciable. Claviers à la The Damned qui côtoient des synthés presque Tangerine Dream, la progression d'accords est plus ambivalente et flottante, une lente montée vers l'espace.

Vous en faut-il vraiment plus pour vous convaincre de jeter une oreille à cette album ? Allez, deux-trois mots : la deuxième piste est un clin d'oeil appuyé au ''Red'' de King Crimson, mais est exécuté avec beaucoup de précision et d'énergie. Le morceau s'énerve de plus en plus vers la fin - profitez-en, GBS se montrera rarement aussi rock sur ce disque. Au final, ET EX est bien résumé par ''Fundament'', dont les 10 minutes passent en revue une production impeccable, des arrangements enveloppants et un mélange entre électronique et organique irrésistible. Une grande réussite !