FRACTAL UNIVERSE
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Progressive/Technical Death Metal
Chroniques

Engram of Decline
Morbid Domi
Journaliste (Belgique)

FRACTAL UNIVERSE

«Fractal Universe s'impose déjà comme un leader du Death transcendé dans une fusion improbable de différents styles mais fortement significative dans son essence qualitative. »

10 titres
Progressive/Technical Death Metal
Durée: 59 mn
Sortie le 14/04/2017
11124 vues
KOLONY RECORDS
Vous êtes nombreux à connaître le vieux proverbe Français : « Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ». Certes oui, nos opinions peuvent varier et j'ose même prendre le pli d'ajouter : « Fort heureusement ».
Qui donc ce soir est responsable de cette petite pensée ?
Autant être franc, ce ressenti résulte de la découverte du premier album des Nancéens de Fractal Universe.

Ma petite fiche technique indique que le groupe est versé dans le « Death technique progressif » et là, je me dis, « Aïe, ça va être pompant, lourd, bien chiant !!! ». Si j'adore le Death, en dehors des très chouettes « Carcariass », je vous avoue ne pas être grandement séduit par ce genre particulier que je qualifierais, un jour de mauvaise humeur, de «Musique d'érudits branleurs de manches ».

Bref, je m'en vais, les oreilles de plomb.
Une écoute, deux, trois,…et puis là, je suis totalement scotché.
Me voilà entré dans l'univers de ces musiciens aux 4 ans d'expérience et un E.P. dans l'escarcelle.

Si nos ressentis restent éminemment subjectifs, sur la première piste, « Premiss to Reality », j'ai eu l'impression de découvrir une haute technicité de style « Death », oui le groupe légendaire, entremêlé de fusion, avec quelques patchworks progressifs. Le growl de Vince est excellent, bien tranchant, articulé et surtout porteur d'énergie. La basse de Valentin groove à souhait, prenant çà et là une totale liberté. La frappe de Clément Denys glisse à merveille dans un pur style Fusion-Groovy. L'ensemble est extrêmement accessible grâce à l'intelligente aération faite dans la structure.
On peut entendre sur chaque titre la richesse de jeu de chaque instrument. Le travail est énorme.

Les blasts bien Death sont présents et sur les très agréables titres « Sons of Ignorance » et « Scar Legacy of Hatred », nous découvrons cette nette apparenté à la famille du métal de la mort qui tue. Nous voyons surtout que le groupe pose directement sa propre griffe, dégage sa personnalité à l'instar d'un « Nocturnus »
(il n'y a pas de claviers ici) ou d'un « Gorguts ».
Plus fou encore, je perçois un lien avec les fabuleux Blackeux Norvégiens de Fleurety qui furent les premiers à amener des éléments de jazz dans leur art noir musical. C'est bien de cela qu'il s'agit, Fractal Universe parvient à intégrer des éléments d'un jazz soigné et de respectable classe.
Le travail réalisé est digne.

Nous pouvons espérer que l'ensemble de l'album sera inscrit dans ce registre, suivant ce fil rouge identitaire. C'est bien le cas.

Les Nancéens peuvent aussi durcir leur atmosphère, ralentissant le tempo presque dans un style de post-hardcore progressif, à l'instar du superbe « Parricidal Ghosts » qui brille du haut de son chant martial avec des riffings surprenants.

Toutefois, le génie du groupe atteint une première apothéose sur un morceau extraordinaire, « Venomous Coils of a Holy Fallacy » qui part dans une multitude de sentiers. Un début mélodique introspectif qui fait un bien fou pour ensuite enchaîner quelques secondes dans un registre slow rock.
Le rythme s'accélère légèrement, tout en restant imprégné de cette félicité mélodique.
Les musiciens glissent alors dans leur registre bien typé. On sent toujours le contrôle alors que l'on s'attend à une explosion brutale.
Fractal joue avec nous et nous installe dans la tempérance. A la 4ème minute, le refrain en choeur fait penser à « Hypocrisy » pour ensuite redescendre dans une ambiance Orientale raffinée. Le chant passe brièvement en mode déclamation à la « Orphaned Land » pour ensuite reprendre de l'agressivité et de l'altitude.

Comme si cela n'était pas suffisant, un autre ovni vous tombe sur le crâne, et là, je suis totalement captivé par ce magistral « Backworldsmen » au chant Teutonique. Un mur robuste se dessine grâce au jeu de basse et de guitares. Les éléments Jazzy s'immiscent, mine de rien, pour prendre un certain ancrage dans l'ensemble. Dans la 3ème minute, un petit solo éthéré vient interpeller mais c'est pour mieux vous préparer à traverser l'orage qui s'annonce…à la 4ème minute, du saxo qui vous gicle aux oreilles, se contorsionnant dans l'espace, les notes sont torturées avec brio.
Nous pourrions dire un « Machine Gun » qui se lance dans le métal. Ce morceau est titanesque.

Je vous disais qu'il n'y avait pas de claviers sur les titres, et cela vient sans doute d'une envie de ma part de voir cet instrument intégré dans l'univers de Fractal. Mais ils me font mentir car une intro magnifique nous est donné au piano sur « A Name to Deny » qui poursuit dans ce remarquable registre fusion.
Le refrain se fait en choeur, sur un timbre plus grave. Encore une pièce réussie.

Pour ceux qui préfèrent les démonstrations de technicité, ce sera sur « Narcissistic Loop » que vous pourrez prendre votre pied.
Sur cette piste, on peut palper le monde du spectacle de type « Show Biz – Music-Hall » mais dans une ossature totalement cadenassée de métal.

Autre coup de coeur, de Blackeux en ce qui me concerne, ce superbe « Decline » qui vous écrase le plexus solaire indubitablement.
L'atmosphère est lourde, le growl va très loin dans l'expression de la douleur. Vince vit sa chanson, il l'occupe totalement jusque dans l'esprit.
Il y a authenticité. Ce morceau loin d'aller dans un registre Doom parvient à vous faire ressentir le même impact. Génial !!!

« Collective Engram » clôture cet album incroyable en campant dans un tempo plus moyen et nettement plus progressif, partant aussi en différentes contrées antinomiques sans que cela dérange. Les accélérations Death sont un pur régal à l'âme. Et ce saxo qui revient vous prendre aux tripes.

Que dire de plus ?
Pour un premier album, Fractal Universe a sorti un sous-genre totalement personnalisé, créant un crossover gigantesque entre le jazz, le death technique, le métal progressif moderne. Créer un style est une chose mais avoir l'aptitude de produire une oeuvre fabuleuse, là, ce n'est pas donné à tous les musicos.
Force est de constater qu'il y a du génie dans cette entité Nancéenne où chacun trouve sa place, s'articulant en apparente liberté dans une cohérence hors-norme.

Fractal Universe s'impose déjà comme un leader du Death transcendé dans une fusion improbable de différents styles mais fortement significative dans son essence qualitative.

Plus humblement, cet album est une page de l'histoire du Death.
Saurez-vous la décoder ?

Morbid Domi (Avril 2017)