C'est en 2013 que Vitja voit le jour entre Münster et Cologne. Vitja est choisi comme nom pour sa sonorité malgré qu'il ne soit pas de la langue maternelle de nos musiciens mais d'origine russe. Vitja ne tarde pas à être signé par Redfield Records et publie l'année de sa création « Echoes », un premier album prometteur qui leur permet d'effectuer un tour d'Europe en première partie de Texas In July. Le groupe à le plaisir en 2015 de tourner avec Annisokay et Callejon, ainsi que de pouvoir participer au célèbre Summer Breeze Festival. Au niveau discographique, cette année là ne verra que la parution d'un e.p. « Your Kingdom » qui signera la fin de contrat avec Redfield Records.
Malgré une catégorisation djent par les médias, le groupe préfère la dénomination de metal-rock. Il est vrai que bien que parsemé d'éléments djent, Vitja puise allègrement dans l'ensemble du metal et du rock. La signature avec Century Media Records leur permet d'ailleurs d'aller plus loin dans la recherche des ces influences diverses et Vitja nous revient avec « Digital Love », un album varié, entraînant, qui bien que suite logique de ce qu'est le groupe, voit aussi une évolution dans sa qualité de composition et sa clarté sonore. Le travail effectué au Sureshot Studios par Daniel Keller et Andreas Vieten est de qualité et le mixage/mastering d'Aljoscha Sieg au Pichback Studion offre un rendu massif et clair qui rend justice à la qualité des compositions.
« Scum » démarre cet album sur un bon gros riff moderne. Ce mid-tempo à tendance rapide accroche à la première écoute. Le refrain agrémenté de notes électroniques rend l'ensemble digne d'un single. C'est sur une rythmique plus joyeuse encore que « D(e)ad » pointe le bout de son nez. Une tendance plus rock se fait sentir, le refrain mélodieux garde son rôle de nous donner l'envie de chanter. Les touches électros jamais prédominantes donnent ce qu'il faut d'enrobage pour que le titre gagne en qualité.
Bien plus de sons cleans dans les guitares pour « No One As Master No One As Slave ». Le titre possède des couplets assez calmes contrastant avec les refrains bien pêchus et mélodiques. Le chant de David Beule est convaincant à souhait ce qui renforce son efficacité. Un martèlement plus lourd lance « Roses » qui aurait pu rester un titre sombre, mais dès le couplet le groupe se fait léger, accélère et sonne totalement poppy dans son refrain. Accélération subite pour le titre éponyme « Digital Love ». Plus violent et saccadé, la construction du titre est certainement la plus djent de l'ensemble de l'album. Le refrain par contre reste dans la tendance mélodique que l'on retrouve tout du long du disque.
La violence reste de mise pour « Six Six Sick » avec des couplets bien rageurs sur saccades et riffs prenant les tripes. Les passages mélodieux sont bien entendu attribués aux refrains et au très beau break situé à mi-morceau. « The Golden Shot » débarque sur un tempo plus élevé mais reste doux par l'absence de distorsion pendant les couplets. Nous avons encore droit à l'envie de chanter car comme tout les titres de l'album, les refrains sont vraiment calibrés pour nous entraîner dans la joie et la bonne humeur du hit chantant. « Heavy Rain » plus groovy voit David se contenter de parler avant de s'enrager. Le groupe n'hésite pas à miser sur l'ambiance en coupant la rythmique sur de long passage.
« Find What You Love And Kill It » poursuit dans cette optique groovy et ambiant. Le refrain en scream est efficace et la paire basse-batterie que forme Mario et Daniel applique une section rythmique solide à l'ensemble du titre alors que Vladimir se fait plus discret à la guitare pour son plus grand bien. Il a de toute manière eu l'occasion de dévoiler son talent tout au long de l'album. L'ambiant rock restera de mise pour cet avant dernier titre qu'est « In Pieces ». Ce morceau est superbe de bout en bout, il touche au coeur et ça fait du bien. Le groupe réussi là son accroche la plus émotive quand aux choix mélodiques de la musique et du chant. « The Flood » termine l'opus de manière plus traditionnelle, le titre ne possédant aucune particularité spéciale sinon d'être un résumé de ce que le groupe nous a présenté sur ce « Digital Love » de bonne facture.
Vitja nous revient donc en grande forme. Nous ne tenons pas là l'album de l'année mais un bon album d'un groupe qui évolue et cherche à grandir, ce qu'il réussi fort bien pour ce deuxième long-playing. La tendance djent est bien entendu présente mais Vitja ne pose qu'un seul pied dans le genre. Le groupe à la faculté de construire de belles mélodies, de pouvoir s'énerver où s'adoucir tout en gardant une belle cohérence dans des titres pourtant assez court. Une belle surprise que nous avons eu le plaisir de découvrir avec ce « Digital Love ».