Comme tous les zicos du globe, à cause de cette pandémie de Covid-19 en 2020, Devin Townsend s’est vu privé de tournée et de rencontres avec ses fans et ce pour une durée encore indéterminée. Malgré tout, n’est pas né celui qui empêchera notre lascar d’être créatif. Bien que confiné, entre les mises en ligne de vidéos, les sorties de plusieurs chansons et démos inédites, ses concerts en direct et en solitaire dans son home studio (collecte de fonds aux profits de divers hôpitaux et organismes de santé), le lancement d’un podcast, et la composition des premières bases pour son prochain méfait intitulé « Lightwork », le natif de New Westminster a été des plus actif.
Comme si cela ne suffisait pas, notre canadien a décidé d’en rajouter une (grosse) couche en annonçant les publications dans les mois qui viennent de plusieurs « curiosités » en marge de ses disques « majeurs » comme ils les nomment. Regroupés sous l’appellation « Devolution Series », c’est donc pas mal de matériels inédits (live, sets de quarantaines, …) qui nous attendent à plus ou moins longs termes, et on s’en réjouit à l’avance.
La première livraison de ces « étrangetés » n’est autre qu’une version remixée et remasterisée du « Acoustically Inclined, Live in Leeds » qui figurait déjà sur l’Utimate edition de « Empath » sortie l’an passé. Il s’agit d’un gig acoustique que notre Hevy Devy préféré à donner au City Varieties Music Hall, à Leeds en Angleterre le 27 avril 2019 dans le cadre d’une mini tournée unplugged. Les dix pistes ici proposées permettent de survoler les différentes incarnations de la riche discographie du sieur Townsend (blase éponyme, The Devin Townsend Band, Devin Townsend Project, et même Strapping Young Lad). Il est à noter que plusieurs morceaux interprétés ledit soir ont été présentement retirés ('Why ? ', 'Grace', et surtout toute la seconde partie du show après le jeu des questions-réponses avec l’auditoire).
Du coup, après une assez longue intro (le temps d’accorder sa sixcorde et de faire plus ample connaissance), Townsend se lance. Seul et uniquement équipé de sa gratte acoustique et d’un petit matériel pour goupiller quelques effets accompagnateurs, notre extravagant multi-instrumentiste et chanteur se laisse aller. Totalement détendu, Devin parle beaucoup avec son public, narre quelques anecdotes, et s’amuse. L’assistance semble d’ailleurs apprécier cette proximité avec l’artiste.
Les titres ayant originellement des bases acoustiques ('Let it Roll') ou ayant déjà connus des traitements en mode débranché par le passé ('Ih-Ah!', 'Hyperdrive') fonctionnent donc plutôt bien dans ces versions totalement dépouillées. Revisitées sans artifices scéniques et dépourvues d’un groupe de musiciens teigneux en soutien, plusieurs chansons - d’ordinaires plus lourdes (l’étonnant 'Funeral'), violentes ('Love?' de la période SYL), et même parfois pas toujours faciles d’accès - nous surprennent dans ces moutures plus intimes. Notre homme se fait tour à tour doux ('Terminal'), caressant ('Thing Beyond Things'), murmurant ('Coast'), et n’oublie pas de glisser ici et là quelques rugissements ('Deadhead'), on ne se refait pas.
Ce « Devolution Series #1 - Acoustically Inclined, Live in Leeds » s’adresse avant tout aux fans les plus inconditionnels de Devin Townsend. Pour autant, il serait dommage de passer à côté de ces surprenantes relectures acoustiques offertes par ce sympathique et protéiforme génie canadien.