« « Curse To Existence » est un album qui s'ouvre sur des morceaux ultra-classiques avant de basculer dans des compositions bien plus qualitatives et évocatrices ; espérons que cette dynamique s’installe sur la durée ! »
Deux ans après sa formation, en 2007 dans l'Ohio, Miss May I dévoilait son premier opus, "Apologies Are for the Weak". Dès 2011, soit un an après la sortie de "Monument", le groupe commence à tourner avec des artistes comme Sleeping with Sirens, Bury Tomorrow, We Came as Romans ou encore Of Mice And Men. Quatre autres albums plus tard, les Américains reviennent avec une nouvelle création intitulée "Curse Of Existence", leur première sortie chez SharpTone Records.
Miss May I se lance à corps perdu dans ce nouvel opus avec l'explosive 'A Smile That Does Not Exist' qui fait la part belle à la batterie de Jerod Boyd qui sera mise à l'honneur tout au long de l'album grâce à un mixage équilibré. Le moins qu'on puisse dire c'est que le groupe a tenu à mettre la barre assez haut d'entrée de jeu, espérons que la suite sera à la hauteur. 'Earth Shaker' poursuit sur cette bonne lancée avec, une nouvelle fois, un bon travail sur la rythmique assurée à la basse par Ryan Neff. Cette bonne assise donne d'autant plus d'ampleur au scream et au chant clair qui se répondent jusqu'à la conclusion du morceau sur un break. La bien nommée 'Bleed Together' arrive alors pour emporter l'auditeur dans un univers tourbillonnant et agressif qui réussit plutôt bien au groupe qui s'appuie cependant un peu trop facilement sur un contraste très (trop ?) fort entre couplets violents et refrains doux.
'Into Oblivion' a un côté old school qui n'est pas dénué de charme mais le titre a également un côté Bullet For My Valentine difficile à mettre de côté, à voir si on apprécie cette référence ou non... Derrière le nom poétique de 'Hollow Vessel' se cache en fait un morceau lourd mais qui se révèle plus profond que ce que son début laissé présager ; une profondeur qui se dévoile particulièrement dans les jeux vocaux engagés de Levi Benton. Mêlant habilement déchaînement et délicatesse, 'Free Fall' est sans conteste un morceau très intéressant de ce "Curse Of Existence" tant Miss May I nous propose enfin des refrains et des couplets de qualité égale. Si la rythmique chaloupée de 'Born Destroyers' peut surprendre, cette chanson ne tarde pas à s'imposer comme l'une des meilleures de cet album tant le groupe déploie sous nos yeux un titre titanesque à la force évocatrice incontestable ! Les musiciens avaient un projet clair en tête et ils réussissent parfaitement à nous le rendre palpable, ce qui manquait un peu sur les précédentes compositions.
Continuons cette écoute avec un titre qui rassemble toutes les bonnes recettes du Metalcore : 'Unconquered', un morceau simple mais efficace dont on regrette cependant le refrain trop basique et prévisible. Plus audacieuse dans sa composition, 'Savior To Self' offre un beau contraste après ce titre un peu décevant et, sans atteindre le niveau de 'Born Destroyers', cette chanson touche indéniablement par son honnêteté qui passe aussi par de beaux riffs signés B.J. Stead et Justin Aufdemkampe. C'est avec le très complet 'Bloodshed' que s'achève cet album, un morceau plutôt dans la tonalité de ce dernier tiers, c'est-à-dire des compositions plus équilibrées et engageantes qui donnent davantage à voir de l'univers du groupe.
"Curse To Existence" est un album qui s'ouvre sur des morceaux ultra-classiques mais qui restent bien exécutés avant de basculer dans une deuxième partie bien plus qualitative qui permet de profiter de l'intelligence du groupe qui a à cœur de proposer des chansons à l'identité forte, ce qui leur donne la capacité de susciter des images que les auditeurs peuvent mentalement se représenter. Il est agréable de voir Miss May I repousser le cadre parfois un peu paresseux du Metalcore pour permettre à leur création de gagner en impact mais il faudra en entendre davantage pour savoir si cette dynamique va durer dans le temps.