« The Serpent Only Lies », le dernier effort en date de Crowbar remonte à fin 2016. Ce onzième skeud de la formation originaire de la Nouvelle-Orléans marquait le retour au bercail du bassiste historique Todd « Sexy T » Strange (après quasi seize piges d’envies d’ailleurs). Début 2020, entre deux tournées avec son groupe, Kirk Windstein, le leader-chanteur-guitariste du combo, livrait sa première escapade en solo « Dream In Motion ».
Présentement, nos pionniers du sludge metal s’en reviennent avec leur douzième méfait « Zero And Below ». Visiblement, ledit opus était déjà prêt depuis quelques temps mais la put*** de pandémie de covid-19 étant passée par là et la sortie a été reportée. En fait, Kirk a estimé « que ce n'était pas le bon moment pour publier du nouveau matériel dans une période si triste pour tant de personnes ».
Quoi qu’il en soit, ce « Zéro et en dessous » est désormais disponible. Les dix chansons proposées conservent les codes chers à notre Pied-de-biche américain préféré. Entre tonalités familières (accordages en conséquence), et rythmiques « simples » toutes distordues ('Confess To Nothing'), la/leur zique se veut toujours aussi lourde et grasse. Notre sympathique frontman barbu et ses potes n’ont jamais vraiment changés de style (ils en ont surtout un peu/beaucoup rien à faire des modes). Les étatsuniens restent fidèles à leur genre et à eux-mêmes. N’attendez donc pas de (grosses) surprises ici. C'est LENT, SOMBRE et LOURD (la piste éponyme). Windstein et ses petits camarades ont le chic pour créer des ambiances à vous filer les chocottes. Une fois encore, on a le sentiment de s’être paumé dans le bayou (on n’aurait pas loupé une pancarte ?), en pleine nuit (tant qu’à faire), entourés de bruits étranges et d’alligators aux aguets prêts à nous tomber sur le râble (avouez qu’on n’a vraiment pas de chance). La mega flippe, quoi.
Difficile de se dépêtrer (en même temps en a-t-on vraiment envie ?) de ces marais aussi profonds que fascinants. Les fans retrouveront ici cette prise aux tripes ('Denial Of The Truth') de certains travaux antérieurs (période milieu/fin des 90’s) du gang à la fleur de lys (présente sur toutes les pochettes depuis « Lifesblood for the Downtrodden » en 2011). On ne serait pas un peu maso quand même ?
Kirk « Riff Lord » (surnom non usurpé) et son partenaire dans le crime Matt Brunson balancent des riffs puissants et impitoyables qui vous écrasent avec lenteur ('The Fear That Binds You'). Peu de lascars peuvent/savent déployer une telle intensité avec pourtant des rythmes aux ralentis. Même si le mix laisse une part de choix aux grattes, la 4-cordes est également bien servie et exploitée ('Bleeding From Every Hole').
Malgré les parties doom-esques et les tempos pachydermiques ('Crush Negativity'), on note quelques fulgurances bien amenées ('It’s Always Worth The Gain'). Par moments, on a même le droit à des harmonies plus « dynamiques » qui sortent (un peu) de ce que l’on a l’habitude d’entendre sur les offrandes de nos gaziers ('Chemical Godz').
Du côté du chant, celui qui a tatoué (entre autres) « That Metal Show » sur le haut de son torse nous emmène une fois de plus dans un/son monde de douleurs et d'angoisses. L’homme à l’embonpoint légendaire souffre toujours autant. Sa voix torturée (ne viendrait-elle pas d'outre-tombe ?) passe de la tristesse à la rage ('Her Evil Is Sacred'), et inversement (l’oppressant 'Reanimating A Lie'). Il ne triche pas le gaillard.
100% certifié, ce « Zero And Below » est sans aucun doute un (excellent) disque de Crowbar. Vous l’aurez compris, du pur plaisir en barre (à mine) pour tout fan de Sludge metal et de nos démons de la Louisiane.
