« Ex Machina », un album qui clôt tous les débats quant aux récentes évolutions musicales de Crossfaith et prouve, s'il fallait encore le faire, que le groupe a parfaitement sa place parmi les plus grands noms du Metalcore actuel
Crossfaith est tout simplement l'association de cinq jeunes musiciens japonais énergiques et flamboyants (Kenta au chant, Kazuki à la guitare, Hiroki à la basse, Tatsuya à la batterie et Terufumi au clavier) en 2006 à Osaka qui a donné naissance à l'un des groupes les plus prometteurs de la scène Metalcore mondiale. « Ex Machina » est leur cinquième album et on peut d'ores et déjà dire qu'on a de sacrées attentes en ce qui concerne ce nouvel opus !
« Deus Ex Machina » est une introduction qui mêle choeurs religieux et fantomatiques, cordes classiques et voix parlée robotique avant de se transformer en beat électro trépidant et qui donne une folle envie de sauter : Crossfaith n'a rien perdu de son piquant ! Ce premier morceau s'enchaine très naturellement avec « Catastrophe », dévoilée il y a quelques temps par le groupe via un clip. Pas de mystère sur cette chanson : la rythmique de Tatsu est tout bonnement explosive et permet à la basse de Hiro de donner davantage de profondeur aux breaks. Comme depuis quelques temps, Kenta troque son scream (qu'il ne cesse d'ailleurs d'améliorer) pour du chant clair sur le refrain, plus léger et dansant que le reste du titre. La guitare reste en retrait et c'est bien le duo rythmique batterie-basse qui domine, donnant toute sa force à la prestation de Crossfaith. Le clavier fait ponctuellement des apparitions, apportant toujours la petite touche électro qu'on apprécie tellement chez ce groupe. Le beat qui ouvre « The Perfect Nightmare » est sans aucun doute également connu des amateurs du groupe puisque la chanson a été mise en ligne relativement tôt (et nombreux furent les déçus qui espéraient en vain y avoir droit en live lors du Download Festival). Alors que les derniers EPs du groupe semblaient s'orienter vers de nouvelles voies, le groupe nous prouve ici toute sa détermination à continuer à offrir à son public un Metalcore survitaminé et lourd à souhait, s'appuyant sur une rythmique particulièrement savoureuse !
Pour la suite, Crossfaith a eu la bonne idée d'inviter Ho99o9 (qui se prononce « Horror ») à collaborer à la chanson « Destroy ». Le duo de Hip Hop américain formé de theOGM et Eaddy apporte un flow plus dansant et des timbres vocaux plus chauds au morceau qui reste malgré tout totalement dans la veine de ce que Crossfaith nous a toujours proposé. Les deux plus grosses évolutions jusqu'à maintenant sont des lignes rythmiques encore plus bondissantes et une plus grande place accordée au travail de Teru derrière ses claviers et platines. Les featurings s'enchaînent puisque c'est cette fois-ci Rou Reynolds du groupe Enter Shikari qui joint sa voix à celle de Kenta sur la plus légère « Freedom », que vous avez pu découvrir dès août 2017 sur l'EP du même nom. On continue avec une énergie survoltée sur l'excellente « Make A Move », véritable invitation au headbang et à la fête ! La voix du frontman se dégage d'un accompagnement plutôt doux sur les premières secondes de « Lost In You » et le groupe fait le choix de conserver cette atmosphère délicate et apaisée, à la manière de certains titres de « Xeno », leur album de 2015. Cette soif de continuer à se diversifier et à évoluer est plus que rassurante puisqu'elle prouve que Crossfaith reste très ouvert d'esprit malgré une carrière fulgurante et une maîtrise absolue des outils faisant leur succès. Après être revenu sur « Freedom », le groupe nous ramène à « Wipeout », leur EP datant de janvier dernier. Ce dernier ayant fait ses preuves, je vous laisse aller y jeter une oreille !
La guitare de Kazuki, accompagnée de nappes de cordes, se révèle dans des tons où on ne l'attendait pas forcément avec la très contrastée « Milestone » qui oscille entre passages agressifs et moments planants, portés par la voix claire de Kenta qui semble la travailler davantage à chaque sortie du groupe, bien que certaines performances live restent un peu faibles de ce côté-là. Les claviers sont mis à l'honneur sur l'ouverture de « Eden In The Rain », avant que la basse et la batterie ne viennent déferler à la manière d'une vague destructrice sur cette mélodie qui se tisse lentement. La chanson se compose d'une alternance de passages divinement légers et d'autres, bien plus puissants et lourds. Kenta a fait le choix de n'utiliser que sa voix claire sur le morceau, ce qui la met en valeur et souligne la contribution des musiciens. « Twin Shadows » est un interlude musicale relativement simple mais très réussi qui voit une composition électro se construire étape par étape, avec la lenteur d'un arbre qui grandit et étend ses branches, et à la fin du morceau, le groupe nous a entièrement happé dans son univers musical, bien plus riche que ce que ses détracteurs peuvent prétendre. La finesse qui se dégage de nombreuses compositions de « Ex Machina » a de quoi surprendre mais il faut saluer cet effort créatif qui laisse deviner un très bel avenir pour le groupe ! Avec « Daybreak », on aurait presque l'impression de retrouver le groupe à ses débuts, avec cependant une ligne de guitare beaucoup plus mélodique et construite que ce que Crossfaith faisait alors. Des choeurs soutiennent le scream de Kenta et les breaks surpuissants font de cette chanson une véritable arme de guerre ! La dernière chanson de cet album est un bel hommage puisque le groupe reprend « Faint » de Linkin Park en featuring avec Masato de Coldrain.
« Ex Machina » est un album qui clôt tous les débats quant aux récentes évolutions musicales de Crossfaith et prouve, s'il fallait encore le faire, que le groupe a parfaitement sa place parmi les plus grands noms du Metalcore actuel. Si les derniers EPs du groupe, « Freedom » et « Wipeout » restaient décevants quand on connait l'étendue du talent du groupe, il semble bien qu'ils aient retrouvé toute leur motivation, leur créativité et leur engagement !