Welcome to Fat City
Morbid Domi
Journaliste (Belgique)

CROBOT

«"Crobot nous a pondu une oeuvre de toute beauté qui se caractérise par un Revival bien teinté de la puissance métallique contemporaine".»

11 titres
Hard Rock
Durée: 40 mn
Sortie le 00/00/0000
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Crobot nous vient de Pennsylvanie et sévit depuis 2011 dans le domaine du Hard blues stoner - revival rock 70’s-80’.
Le combo composé de Brandon Yeagley au chant, accessoirement, homme à l’harmonica, Chris Bishop à la guitare, les frères Figueroa : Jacke à la basse et Paul à la batterie.

Crobot possède déjà 2 albums à son actif : « The Legend Of The Spaceborne Killer », autoproduit en 2012 et « Something Supernatural » qui sortit en 2014, sous l’égide de Nuclear Blast, tant le patron fut séduit par le travail acharné de nos ricains ; il comptait bien les ajouter à sa belle carte de stoner rock aux côtés de ses autres pointures du genre : Scorpion Child, Kadavar, Orchid et Graveyard.

Ce genre musical semble bien répondre à une demande au vu des nombreuses sorties.
En juin de cette année, Scorpion Child pondait un album fabuleux « Acid Roulette », pendant que, sur son prochain album, The Sword semble se disperser dans d’autres univers musicaux.

Qu’en est-il de nos valeureux Crobot sur ce tout nouvel « Welcome to Fat City » ?
Eux qui furent comparés à « Queens of The Stone Age » ou encore aux Australiens de « Wolfmother », allaient-ils poursuivre leur progression sur les marches d’un podium déjà bien empli de solides candidats ?
C’est que depuis 2014, nos gars, ils ont tourné, tourné et encore tourné avec quelques pointures (de Motörhead à Volbeat) et ont écumé quelques festivals prestigieux (dont notre super Graspop national). La presse spécialisée a donc appris à les connaître, les bougres.

En janvier 2016, rien de tel que de retourner sur leurs terres natales pour aller enregistrer 11 pistes auprès du producteur Machine (Lamb of God, Clutch,..).
On imagine nos joyeux lascars bien s’amuser durant cette épreuve.
Une fois le nouveau méfait commis, hop, ils se précipitent chez Alan Moulder pour le mixage.
Le Messire Moulder, il sait y faire (Justement à son palmarès : Les Wolfmother, Foo Fighters, Led Zeppelin,…)
Sur papier, certes, cela semble bien séduisant.

Quelques écoutes plus tard, je réalise que nous avons là un superbe album. Tout y est.
Des riffs de bon aloi, assez pétulants, des distorsions géniales, un très bon jeu de batterie bien énergique et savamment posé sur les envolées musicales continues.

Le titre éponyme de l’album est prenant, c’est rythmé, soutenu, bien carré avec un bon gros son. Brandon nous montre un très beau timbre de voix et surtout, partage sa passion d’être là au moment présent. Le jeu de basse est intéressant car il se permet des petits moments de folie sans spécialement se calquer systématiquement sur les martellements des fûts. C’est psychédélique comme pas possible.

S’ensuit « Play It Cool » qui me ramène de très beaux souvenirs d’un autre grand groupe splitté en 2015, « The Black Crowes ». Le chant reste magistral, les musiciens s’en donnent à cœur joie. Ce qui est grandiose, c’est la capacité de chaque musicien à prendre des espaces de liberté sans nullement menacer la cohérence de l’ensemble. L’on sent vraiment d’excellentes synergies entre eux, ça transpire dans le rendu.

Sur « Easy Money », la cadence change un fifrelin, Jake s’en donne à cœur joie sur de très jolies lignes de basse qui donnent un certain volume à l’ensemble. Le refrain est génial.

« Note for Sale » démarre dans un registre plus « crade » pour s’illuminer dès les premières notes de chant. Le morceau gagne en puissance musicale en superbe soutien du refrain cette fois nettement plus dosé dans une certaine retenue. La musique est davantage maîtresse de cérémonie. Scotchant.

Arrive alors mon premier véritable coup de cœur, ce fabuleux « Hold On For Dear Life » qui nous plonge dans une ambiance bien « Soundgardienne », l’architecture musicale est de toute beauté. Le chant se pose à bon escient dans les rares espaces d’accalmie. Encore un super refrain.

Second coup de cœur avec « Temple In The Sky » qui nous semble plus aérien en raison de la modulation du chant de Brandon qui bien vite va nous reposer sa pleine puissance. Mais quel frontman !!! Les musiciens jouent entre passages plus lents et terribles envolées. Chris m’apparaît comme étant un excellent guitariste. Je vois planer sur lui le spectre de Jimi Hendrix. C’est un véritable hit en puissance.

« Right Between The Eyes » poursuit dans cette dynamique particulière, ne vous laissant aucun répit. L’on se surprend à osciller de la tête, il est vrai, reboosté par des « Yeah, Yeah » à vous retirer du divan.

Nous versons alors dans une ambiance plus Bluesy sur « Blood On The Snow » qui brille, au risque d’être redondant, par un refrain géantissime. Moins de folie musicale cette fois mais le tout reste excellent.

La 9ème piste m’emballe moins, ce « Steal The Show » m’apparaît plus feutré et fort heureusement, l’harmonica vient me sortir d’une torpeur naissante. Cela dit, le fait que je n’accroche pas dessus ne signifie certainement pas qu’il faille bouder le labeur.

Nous terminons sur deux surprises.
La première, « Moment Of Truth » qui démarre en mode chant de crooner, de très bonne qualité, avec une bonne marge de blues. Dans la partie plus Métal, j’en arrive à penser qu’un Aerosmith aurait pu écrire un titre de cet acabit. Mais quelle accélération à la fin de la seconde minute. Grandiose !!!

La seconde, et tenez-vous bien, ce « Plague Of The Mammoth » comprend des riffs dignes de Rage Against The Machine. Le chant est plus engagé, les artistes semblent avoir transposé un pur morceau de nu-métal en le « revivalisant » à la sauce du bon Hard de feu mon papa. Plane aussi l’ombre d’un Zeppelin.

Au rayon « Classic Rock des temps jadis », c’est la seconde claque que je me prends cette année, juste après Scorpion Child.
Crobot a pondu un excellent album qui vous ravira certainement. J’en mets mon clavier à couper.

L’album est tellement bon que les Allemands électroniciens de Kraftwerk ont décidé de remixer un de leur hit légendaire : « We are the Crobots » !!! Peut-être chez Nuclear Blast si le patron me lit.

En conclusion, avec « Welcome to Fat City », Crobot nous démontre qu’il possède franchement un très haut niveau artistique et mieux encore, que sa puissance créatrice, solidement pertinente, est une véritable gageure d’un hard revival de très grande qualité.
Hautement recommandé mes braves.


Morbid Domi (septembre 2016)