Cradle Of Filth, groupe anglais venant du Suffolk, ne se présente plus vraiment. Qu'il soit adulé ou décrié, il laisse rarement indifférent. De ses débuts en 1991 dans un total domaine underground où les fans de black et de death s'échangeaient des cassettes audio sous le manteau jusqu'à nos jours actuels, Cradle n'a jamais fait l 'unanimité. Il faut dire que Dani Filth, qui s'est rapidement approprié le groupe, possède une passion bien plus large que le domaine du black metal. Il ne peut donc en être autrement que le pure black n'est pas fait pour Cradle Of Filth.
Que se soit l'imagerie, les textes ou la musique, Dani en fait un fourre-tout de ses goûts personnels et il n'y a là rien d'étonnant. Ainsi la musique au gré des albums subira de multiples influences. Le groupe est un mouvement permanent autour de son leader et nous pouvons compter jusqu'à 22 anciens membres. Difficile dans ce cas d'être toujours crédible sauf pour celui qui admet Cradle comme le projet exclusif de Dani qui s'entoure des musiciens adéquats selon ses propres phases.
C'est avec joie d'ailleurs que nous retrouvons le même line-up que pour l'album précédent « Hammer Of The Witches ». Scott Atkins à la production a fait un boulot fantastique. Le groupe est dirigé de main de maître et le son colle au groupe comme un gant. La pochette d' Arthur Berzinsh est superbe et la mise en scène photographique possède un très beau cachet. Notons Liv Kristine en invitée spéciale sur un titre et il ne reste plus qu'à se plonger dans la bande sonore.
« Exquisite Torments Await » nous plonge dans l'ambiance gothico-macabre tant aimée par Dani. Cette introduction de deux minutes possède déjà de quoi donner l'eau à la bouche. Tout les ingrédients sont déjà bien présents et nous amènent vers un titre qui fait office de roman musical tellement il exprime de nombreux rebondissements. « Heartbreak And Seance » n'hésite pas a être mélodique malgré la rapidité. Les arrangements, les choeurs, le chant, tout est en place à la perfection sur une base à la technique impressionnante. Les musiciens ont tout donné de leur savoir et il en ira de même jusqu'au bout de l'album.
L'introduction donne l'impression de venir des Indes mais sera vite effacée par le cri sur-aigu et le déferlement des guitares. « Archingly Beautiful » est encore plus mouvementé que le titre précédent de par le nombre de changement que le morceau subi. Si l'histoire est prenante, la musique suit la même logique et nous partageons le drame de la trame au son des notes, qu'elles soient violentes où douces comme à certains rares moments. Un piano et des choeurs lance « Wester Vespertine ». Marthus est toujours un monstre derrière sa batterie, alternant différentes rythmiques pendant que ses compères n'hésitent pas à se montrer plus thrash par moment. Si le titre est moins accrocheur dans la mélodie, il l'est dans la prouesse du groupe.
Le départ bien lourd de « The Seductiveness Of Decay » se laissera sus-planter par une débauche d'énergie où l'influence speed-thrash se fait ressentir jusqu'à aller dans le pur heavy metal à la Iron Maiden. D'ailleurs il est difficile de ne pas y penser sur un certain passage que vous reconnaîtrez à tout les coups. D'un autre côté nous sommes également comblé par les blasts efficaces et de très bon arrangements symphoniques. « Vengeful Spirit » est trituré entre calme et agressivité. Liv Kristine apporte le juste contraste. Les solos de guitare sont comme sur tout les titres assez époustouflants.
L'avant dernier titre « You Will Know The Lion By His Claw » nous la joue encore en mélangeant les riffs trashy et le black sympho. Cet album privilégie la vitesse et la rapidité d'exécution, ce qui rend la tâche des orchestration plus difficile et donc plus méritoire. C'est donc un titre de près de 9 minutes qui referme le chapitre de l'édition normale de Cryptoriana. « The Death And The Maiden » contient de bon mouvement de tempo. Nous passons par de multiples rythmes et vitesses. Les pistes clavier font un boulot d'accompagnant assez faramineux.
L'édition avec deux titres bonus contient « The night At Catafalque Manor » et « Alisson Hell » . Le premier est dans la même veine que l'album et tout aussi bon alors que la reprise d'Annihilator nous bluffe tellement le groupe se l'approprie sans rien dénaturer. Le morceau donne l'impression d'avoir été conçu pour Cradle et c'est donc une belle surprise.
Ce nouvel album est un grand monument du groupe, il recèle de nombreuses prouesses de la part des musiciens et l'ensemble est maîtrisé de bout en bout. Les placement de voix de Dany sont placés comme rarement avec une justesse qui colle à la musique à tout moment, ce qui n'a pas toujours été le cas par le passé. Cradle a de plus très bien dosé ses influences thrash, speed, heavy, gothique et black sympho. pour que le tout soit d'une grande cohérence. Les titres sont longs mais ne lasse pas avec les nombreux rebondissements affectés à l'histoire. Bref, nous tenons là un album de Cradle Of Filth comme nous aimerions en avoir plus. A classer parmi les meilleurs de leur discographie !