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The Anthropocene Extinction

Anibal BERITH
Journaliste

Cattle Decapitation

12 titres
Deathgrind
Durée : 46
Sorti le 07/08/2015
6509 vues
C'est avec un plaisir tout particulier que j'aborde la rentrée 2015 de United Rock Nations car elle est très riche en sortie d'albums et plus particulièrement dans le genre que j'affectionne principalement à savoir le Death Métal et plus précisément le Brutal Death Métal ! Alors vous devinez mon enthousiasme quand on me signale que je dois chroniquer le dernier album de CATTLE DECAPITATION le 7ème pour être plus précis intitulé « THE ANTHROPOCENE EXTINCTION ».

Ce groupe de death métal fondé en 1996 à San Diego, Californie, États-Unis au line-up actuel suivant: Travis RYAN au chant, Josh ELMORE à la guitare, Dave Mc GRAW à la batterie et Derek ENGEMAAN (guitare, basse) s'est fait une réputation dans le milieu pour leurs thèmes abordés : maltraitance des animaux, dévastations environnementales, misanthropie, génocide humain. Dans leurs textes, l'idée est de mettre les humains dans des situations auxquelles les animaux sont confrontés (tests de laboratoires, abattage), extinction de la race humaine par sa propre destruction comme suite à son mode de vie. La violence de leurs textes et les pochettes illustratrices de leurs albums souvent très explicites et controversées leur ont valu par exemple l'interdiction à la vente dans certains pays de "TO SERVE MAN" en 2002 ou de "HUMANURE" en 2004.

En 2012, l'avant dernier album, MONOLITH OF HUMANITY, abordait le thème du non retour de l'espèce humaine, qui de part son comportement et son irrespect de la nature voyait ses ressources naturelles épuisées pour se nourrir, et n'avait pas d'autre choix que de basculer dans le cannibalisme pour survivre.

THE ANTHROPOCENE EXTINCTION en est la suite logique et décrit l'extinction de la race humaine ne se suffisant plus à elle-même, situation fort bien mise en scène sur l' impressionnant artwork signé de Wes BENSCOTER.

Dès le premier morceau « Manufactured Extinct » le décor est posé; bruit de l'océan en intro, guitare au son lourd et grave, Travis RYAN nous lance ses vociférations gutturales mais mesurées créant une ambiance apocalyptique appuyant sur le fait de l'auto destruction de l'Homme qui sera la lignée de tout l'album. Le côté macabre du style musical retenu ici sera omniprésent sur les 12 pistes de cet opus avec en surenchère une voix aigue, floue voire étrange car indéfinissable et présente sur la plupart des morceaux («MANUFACTURED EXTINCT», «THE PROPHETS OF LOSS», «PLAGUEBORNE», «CIRCO INHUMANITAS», «NOT SUITABLE FOR LIFE», « PACIFIC GRIM »), technique déjà utilisée lors du précédent album et accentuant ainsi l'effet morbide de cette fin de vie pour notre espèce.

Les morceaux sont construits de la même façon : blasts très rapides, secs et précis intégrant parfaitement l'alternance des voix graves gutturales et aigues façon black métal (technique de plus en plus utilisée permettant la variété du style et ainsi dérouter et captiver l'auditeur) comme sur «The Prophet Of Loss» ou de plus se mêle la voix de Phil ANSELMO (ex chanteur du mythique PANTERA et chanteur actuel de DOWN). On ressent énormément de changement de rythme réalisé avec beaucoup d'intensité de la batterie qui break souvent et accentué par des solos distordus le tout exécuté avec une précision sans faille, voire même l'impression d'une seconde chanson intégrée dans celle que l'on écoute tellement le changement de rythme ouvre une nouvelle voie artistique et musicale («Clandestine Ways», «Circo Inhumanities», «Mutual Assured Destruction»).

Devant toute cette brutalité déversée durant 3/4 d'heure de riffs agressifs et distordus, de blasts puissants et précis et d'alternance de vociférations et de voix étrangement macabre, Cattle Decapitation nous offre deux intermèdes sur les pistes 6 «The Burder Of Seven Billion»; 1'23''de (faux) calme et une ambiance morbide créée par des effets sonores électros de machines broyant les 7 milliards d'êtres humains et 11 «Ave Exitium» où l'on entend l'océan très présent dans l'album en fond sonore laissant place à une guitare acoustique, une batterie tout juste temporisée accompagnant un texte chanté avec tristesse ; 3'06'' de regrets de l'Homme d'en être arrivé là et d'avoir tout détruit...trop tard...

Le 10ème acte est tout particulier car au delà de la rapidité des riffs, des blasts "breakés", de l alternance des voix black/death et de l'ambiance macabre omniprésente, le leader californien Travis RYAN, de part son chant, nous offre une sorte de mort lente par asphixie sur un fond de vague de l'océan s'écrasant sur la plage; le combo associe ici l'image et le son puisque nous avons l'impression d'avoir le fond sonore se dégageant de la pochette du disque.....grandiose!

Pour couronner le tout, on retrouve dans « PACIFIC GRIMM », le dernier titre de cet album, tous les ingrédients qui font que CATTLE DECAPITATION a un style death bien à part et bien à lui et pour clôturer le morceau, Jürgen BARTSCH du groupe BETHLEHEM narrant un texte en allemand avec une voix macabre accompagnée de la voix indéfinissable sur un fond de guitare et de double pédalage avec un blast lent et le bruit de l'océan en outro....

Cet album s'écoute comme on lit un livre, on dévore les chapitres sans en perdre une miette et on se laisse guider par l'écrivain ou plutôt l'enchaînement des chansons. CATTLE DECAPITATION nous conte une histoire macabre au son lourd et agressif et nous montre une vision pessimiste de notre civilisation ayant un épilogue tragique tout en mettant le doigt sur la réalité du fonctionnement de notre espèce.
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