Généralement, quand je parle de metalcore allemand autour de moi, cela provoque 2 réactions : un effroi mêlé de curiosité de la part de mon interlocuteur… puis de la mienne ! Quand on connaît la lourdeur du style et l'application des allemands, pas étonnant que le résultat soit impressionnant. Et bien que Caliban ne souhaite pas être étiqueté (le groupe se décrit comme faisant partie de la scène métal moderne), les influences sont clairement à aller chercher côté métal et hardcore. Donc bon, permettons-nous ce raccourci, surtout à l'écoute d'Elements, leur nouvelle production.
Pour l'anecdote, Caliban tient son nom personnage monstrueux de Shakespeare, esclave d'un mage et fils d'une sorcière dont le nom serait une anagramme de « canibal ». Ça pose les bases.
Et avec plus de 20 ans de carrière, les Ruhriens sont non seulement prolifiques en studio mais également des tourneurs invétérés. Il est vrai que les germains sont parmi les nationalités qui voyagent le plus au monde. C'est aux côtés des plus grosses pointures de la scène HC métal que le groupe a parcouru la planète ou s'est arrêté pour les plus gros festivals en Europe : Wacken, Hellfest, With Full Force, Download UK, etc.
Caliban a connu quelques changements de line up, surtout à ses débuts et s'est stabilisé en 2005. C''est en avril que le groupe sort son 11ème album intitulé Elements. On s'y plonge.
Rappelons pour les non-initiés que le metalcore est un savant mélange d'éléments provenant du hardcore et du métal. Le style est somme toute stéréotypé et propose quasi systématiquement du scream, des passages chantés, des guitares et basses heavy et un festival de double pédale à se choper des crampes aux mollets en moins de 30 secondes. Et, bien que je m'attendisse à quelque chose de moins heavy mais plus sombre de la part de Caliban (genre death métal mélodique en somme, comme à leurs débuts), il faut bien avouer qu'Elements ne fait pas exception. On est bien dans le style. Et ce n'est pas pour me déplaire.
Ca commence déjà très fort avec This Is War, qui met une grosse claque de cow-boy, d'entrée de jeu. Le son est excellent, les instruments et les chants sont agressifs. Vraiment un bon morceau pour vite rentrer dans l'album. On a déjà la dualité son lourd et puissant / mélodies.
En parlant de mélodie justement, le titre suivant, Intoxicated, mixe parfaitement les ingrédients entre les couplets énervés et refrains mélodiques. Autre composant du genre, mais sans excès de la part de Caliban : quelques éléments électroniques et samples. Il y a juste ce qu'il faut pour l'ambiance. Comme sur I Am Fear ou Before Later Becomes Never où on se trouve plongés dans les limbes avant de refaire surface avec un metalcore puissant et une voix acérée. D'ailleurs, par moments, on entend des chants à la limite de la stridence comme ce que proposent Architects : Delusion, Incomplete ou Carry on, même s'il y a une partie importante laissée aux chants clairs.
Question brutalité, on est servis : Ich Blute Für Dich est parfait. Non seulement le morceau est particulièrement heavy (quels riffs, quel grunt et quels back ups !) mais en plus de cela, il est joué en allemand dans le texte, ce qui aide un peu. Beaucoup. Plus traditionnel, le titre The Great Unknown est tout en vitesse et en screams. Tout comme Sleepers Awake qui ferme la marche avec puissance, vitesse et hurlement qui permettent de conclure en beauté ce très réussi Elements.
A noter les featuring de 3 hurleurs de plus (comme si Andreas Doerner ne suffisait pas) : Matthi de Nasty et Sebastian “Sushi” Biesler de Eskimo Callboy sont venus prêter voix forte sur Ich blute für Dich et Chris “CJ” McMahon de Thy Art Is Murder sur Before Later Becomes Never. Autre grosse surprise réservée par les allemands, c'est la présence de Brian “Head” Welch, sur Masquerade (mais dites-donc, c'est vrai que ce petit break fait penser à du Korn). D'ailleurs, parfois on est plus sur du métal limite Nu qui me rappelle Spineshank, comme sur My Madness.
L'ensemble reste très plaisant et finalement moins extrême que ce que je m'imaginais. Elements fait bien ressortir les nombreuses influences de Caliban et du coup ne nous enferme pas dans la répétition qu'on pouvait redouter. Beaucoup de mélodies, des passages très maîtrisés, un peu de samples mais pas trop, sans oublier le principal : du gros métal qui arrache ! Wunderbar Jungs !