BLEED
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Thrash / Death Metal

Chaos Impact
Morbid Domi
Journaliste (Belgique)

BLEED

«Avec « Chaos Impact », Bleed nous prouve qu'il maîtrise bien l'art de la fusion de quelques styles clés qui font la richesse du métal, ils syncrétisent le Thrash, le Death et le Hardcore avec brio. »

11 titres
Thrash / Death Metal
Durée: 54 mn
Sortie le 27/01/2017
9935 vues
Voilà un groupe que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam et qui avait éveillé ma curiosité à travers leur slogan publicitaire, un fifrelin autoproclamé :
« Modern Thrash ». Des « revisiteurs » du sacré Thrash… « Mouais !!! »

Mais d'où viennent-ils donc ? De Paris, bien sûr, tout y est possible.

Sérieusement, Bleed est un quintet artistique jeune dans sa création avec un peu plus de 3 ans d'ancienneté.
Ceci dit, les musiciens possédaient déjà quelques bonnes expériences préalables.
Au niveau des influences, ces Parisiens réfèrent du lourd, Machine Head, Lamb of God ou encore, Chimaira.

En septembre 2014, le groupe quitte la capitale pour aller écumer quelques salles en Province.
Rien de tel pour vous forger des hommes dans la sueur et le Métal.
Notre quintet rêvait de sortir son premier album dans le courant du 1er semestre 2015. Comme bien des choses dans la vie, quelques mois supplémentaires auront été nécessaires à la cristallisation de ce beau rêve. L'important est d'y être parvenu, n'est-il pas ?

Ce « Chaos Impact », que vaut-il ?
De prime abord, après une première écoute, vous pourriez légitimement vous dire que c'est correct en écoutant les 11 pistes d'un bon Thrash Death, assez travaillé, fluide et puissant.
Pour ma part, eu égard au travail fourni, j'estime qu'il convient de rendre hommage au labeur du groupe en allant un peu plus loin. C'est que, voyez-vous, il y a bien plus de richesses dans l'univers de Bleed qu'il n'y paraît. Clairement, cet album m'a beaucoup plu.

Dans les règles de l'art, nos Parisiens nous offrent une introduction typée industriel qu'ils ont sobrement baptisée « Prelude to Desolation » qui nous plonge dans l'angoisse en raison de son timbre apocalyptique.

Les choses sérieuses démarrent sur le superbe « Time to Bleed » qui montre une énorme énergie, de l'engagement comme nous aimons. Quelques relents de Hardcore pointent le bout du nez. Les deux guitaristes Vincent et Olivier se complètent harmonieusement. Le jeu de basse de Damien est très groovy, ce qui donne une dimension intéressante dans ce Thrash qui en est sublimé. Le chant growlé de Florent flirte vers le Death old-school tout en étant accompagné de quelques refrains en voix claire qui eux, s'inscrivent davantage dans le métalcore mélodique. Ce premier titre montre une capacité à créer un bon gros métal syncrétique que je caractériserais par le terme « Fusion ».

Sur « Your Answer », les riffs sont mordants, la vitesse de jeu lie les éléments Thrashy au bon vieux speed qui a pris, ici, un bon lifting.
L'accompagnement au chant tinte à la Machine Head mais sans pour autant sonner plagiat. Le groupe garde sa propre griffe.
Le chant Death m'emballe complètement et n'a rien à envier à la puissance des meilleurs growleurs. Nicolas se démarque aisément derrière les fûts, posant un jeu tonique, dynamique et diversifié.

Si nos Parisiens se démènent et montrent quelques jolies qualités, sur « The Foreigner », ils suivent une autre architecture de composition, baissant un peu le tempo et non la puissance, développant davantage les balises mélodiques. Le chant s'insinue dans le Hardcoreux tout en gardant cet esprit Death.
Ce morceau est remarquable.

Autre superbe morceau, « Retaliation » qui vous rappelle Agressor dans le style. Le chant est presque haineux, bien lové dans une ambiance musicale plus nauséabonde, à la Archgoat. Franchement, j'aime tout autant leur prégnance dans ce registre plus noir. C'est énorme.

Sur « Prohibited », la batterie écrase l'auditeur, fauchant tout sur son passage, la basse délaisse le groove pour vous prendre dans les lames d'une moissonneuse batteuse. Le morceau presque Punkoïde ne laisse aucun répit et s'en va aisément rivaliser avec du Napalm Death.

Le titre éponyme démarre sur un riffing bien martial, en mid-tempo pour mieux vous envoler après 35 secondes. Nous retrouvons la même efficacité que sur la piste précédente. Les déclinaisons de chant sont vraiment captivantes, faisant un peu penser à Hypocrisy, sans hanter le registre aigu, s'entend.
A 2 minutes et 25 secondes, un petit passage plus éthéré avec des bases techniques, histoire de reprendre son souffle…mais dans la 3ème minute,
un « Mars » et ça repart… Votre plexus déguste.

S'ensuit « The Fall », plus sinueux dans son accroche et nous guidant plus dans l'expérimentation pendant une bonne minute. Je constate à ce moment que les pistes se sont succédé, gardant toute mon appétence de curiosité en éveil. L'ensemble reste cohérent, évitant les pièges de la redondance.
L'accompagnement vocal apporte cette fois une teinte mélodique, ponctuée par des battements plus tendres, volontairement contrôlés par Nicolas.
« The Fall » repart de plus belle à la 5ème minute, vous scotchant devant les baffles, lançant une accélération inattendue. Vraiment bien sympathique.
Et ce solo de guitare, enchanteur !!!

Sur « Within the Machine », là, la jonction avec Machine Head est faite dès les premières notes. Ça ne choquerait même pas dans la discographie du groupe cité. Ce titre est plaisant et vous promène.

« War Brothers » débute en mode Power Heavy et présente un chant qui lamine par secousses, le riffing Thrashy Speed vous décolle les fesses du canapé. J'apprécie ici le duel des guitares sur des tonalités plus hautes. Le chant se durcit ensuite, redevenant hargneux. Florent est très bon, parvenant à égaler le caractère glauque d'un Mayhem sans prendre forcément l'orientation Blackened.

Les bonnes choses ont une fin et « Never Surrender » se charge de clôturer les ébats sur un jeu guitaristique rapide et riche en célérité.
La batterie gronde, la basse crie presque. Le chant susurre par moments, ce qui donne une véritable âme au corpus.
Quelques notes très Panteriennes vous font un clin d'oeil çà et là.

L'heure est au bilan et je dois dire qu'il m'apparaît excellent pour ce premier album.
Il y a de l'engagement, pas mal de travail sur les instruments, de la technicité, des espaces mélodiques. Les parties de chant collent parfaitement à l'univers musical dégagé.
Je sens de la cohésion dans ce groupe et je gage que l'expérience scénique apportera encore des évolutions sur le rendu.

Je salue aussi la sobriété de l'artwork de la pochette qui dégage quelque chose.

Avec « Chaos Impact », Bleed nous prouve qu'il maîtrise bien l'art de la fusion de quelques styles clés qui font la richesse du métal, ils syncrétisent le Thrash, le Death et le Hardcore avec brio.

Morbid Domi – 23 janvier 2017