C'est un Lacuna Coil à l'esprit moderne et brut qui est ici mis en avant, « Black Anima » est certes un peu inégal sur la durée mais tout de même convaincant une fois que l'on est entré dedans
11 titres
Gothic Metal/Rock (early), Alternative Rock (later)
Lacuna Coil vit une période pour le moins agréable depuis la sortie de « Delirium » en 2016. Grosse tournée immortalisée par « The 119 Show –Live In London » à l'O2 Arena, un livre biographique, « Nothing Stands In Our Way » et la sortie ces jours-ci d'un nouvel album, « Black Anima ». Les Italiens sont plus que jamais sur le devant de la scène, et si la période est faste autant en profiter, à condition de ne pas s'auto-saboter avec un opus qui ne ferait pas l'unanimité. Ce serait quand même bien dommage.
Si « Delirium » montrait un groupe à l'aise, misant davantage sur la force que sur la mélodie, « Black Anima » s'inscrit dans sa continuité, il ne faut pas plus d'une écoute pour le constater. On retrouve un Lacuna Coil rentre-dedans qui n'hésite pas à balancer de grands riffs hargneux comme sur 'Sword Of Anger' où Andrea Ferro mise essentiellement sur les vocaux profonds pour accentuer le sentiment de lourdeur à l'instar de la production. Un schéma qui se répète sur les très bons 'Reckless' et 'Layers of Times' avec cependant plus d'interventions de l'électronique et une Cristina Scabbia fidèle à elle-même amenant plus de douceur via son chant dans un départ d'album assez brutal. On y voit un groupe qui ne s'encombre pas de superflus sans pour autant offrir une musique dépouillée, sans construction, la marque et le style Lacuna Coil sont bien présents, ne serait-ce que dans la dualité des vocalistes ou les passages plus atmosphériques mais loin de l'aspect parfois Pop que l'on a pu connaitre dans le passé. Et quelque part c'est un peu déstabilisant, ça l'est parce qu'on sent que les Italiens délaissent un peu la mélodie pour se concentrer sur l'impact. Si 'Apocalyspe' dément totalement ces propos, ce n'est pas le cas de 'Now or Never' où une fois encore Lacuna Coil impose son autorité via des guitares puissantes où s'intercale de temps à autre quelques plans mélodiques tout de même, notamment quand c'est au tour de Cristina Scabbia de prendre le chant. Il faut attendre 'Under The Surface' et 'Save Me' pour qu'enfin la finesse prenne le dessus et que l'on retrouve un groupe qui fait parler l'émotion avant les muscles, une émotion que l'on retrouve également sur le très interessant 'The End is All I Çan See' où l'électronique prend un part bien plus importante. Pour autant, une fois la ''surprise'' passée et les écoutes enchainées, on découvre de nombreuses subtilités sur « Black Anima ». Un solo de guitare par-ci, des choeurs par-là, une basse qui claque ou encore des arrangements discrets et on en vient à se dire que cet opus est plus qu'une simple démonstration de force. Pour sûr Lacuna Coil est imposant, sûr de son fait, du genre direct mais ne s'éloigne pas tant que ça de son identité, il montre simplement un autre visage, plus noir, plus anxiogène que ce fut le cas dans le passé. Ce qui est par contre plus embêtant c'est le manque d'homogénéité de « Black Anima » dont on ne comprend pas bien le fil conducteur, si pris indépendamment les morceaux ont de l'allure, difficile de voir une véritable cohésion sur une écoute complète, et ça malheureusement, c'est assez regrettable.
De manière générale, il est difficile de dire que cette nouvelle réalisation est mauvaise tant les Italiens font parler l'expérience, ils se montrent peut-être moins créatifs mais assurent l'essentiel avec des titres massifs dont l'esprit ne renie pas leur identité profonde. On peut conclure en disant que c'est un Lacuna Coil à l'esprit moderne et brut qui est ici mis en avant, « Black Anima » est certes un peu inégal sur la durée mais tout de même convaincant une fois que l'on est entré dedans.