Chroniques

A Tribute To Led Zeppelin
Fred H
Journaliste

BETH HART

«Bel hommage d’une artiste incroyable à un quatuor de légende.»

9 titres
Rock
Durée: 55 min 24 mn
Sortie le 25/02/2022
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Depuis de nombreuses années, Beth Hart aime interpréter du Led Zep’ lors de ses concerts (le classique 'Whole Lotta Love' pour ne pas le nommer). En 2019, alors qu’elle était en studio pour enregistrer son « War In My Mind », la belle balance une version impromptue de ladite chanson. Devant le résultat, Rob Cavallo (Green Day, Linkin Park, Black Sabbath, Shinedown), le producteur de l’effort en cours, lui suggère immédiatement de mettre en boite un opus entier de reprises. A l’époque, ne se sentant pas assez « énervée » pour chanter correctement du Zep’, la californienne préfère décliner cette proposition. Et puis, en 2020, la pandémie de covid-19 et tout ce qui va avec frappa la planète entière. La situation met tellement la « rage » à notre vocaliste qu’elle se ravise et donne son accord pour le projet.

Voilà donc « A Tribute To Led Zeppelin » et ses neufs titres en hommage au plus célèbre dirigeable musical britannique. Pour l’épauler, Beth s’est entourné de musiciens de renom. Le multi-instrumentiste Cavallo, outre de produire le skeud, joue les guitaristes en compagnie de Tim Pierce (Bon Jovi, Bruce Springsteen, Tina Turner). A ce binôme, il faut ajouter le bassiste Chris Chaney (Rob Zombie, Jane's Addiction, Slash), le claviériste Jamie Muhoberac (Bob Dylan, Iggy Pop), et les batteurs Dorian Crozier (Céline Dion, Joe Cocker) et Matt Laug (Alanis Morissette, Alice Cooper). Les parties orchestrales ont été laissées aux bons soins de David Campbell (qui a œuvré avec Muse et Beyoncé). Bref, des pointures.

Reprendre des hits d’une formation qui reste une référence (même plus de quatre décades après sa séparation) est courageux mais aussi dangereux. Ces « standards » du Rock ont TELLEMENT de fois été déjà revisités qu’il est très difficile de proposer quelque chose de vraiment nouveau. Présentement, Beth et ses comparses n’ont pas à rougir du résultat. Bien que l’instrumentation ne s’éloigne pas trop du matériel source, l’équipe a opéré quelques variations histoire de se différencier. On note un passage rallongé par ci et l’ajout de pas mal d’arrangements avec cordes par-là ('Black Dog'). L’Etasunienne a su garder l'esprit de chaque morceau tout en amenant sa propre vision (l’épique 'Kashmir').

Plusieurs pistes paraissent d’ailleurs avoir été écrites sur mesure pour elle. Quand on connait son passé (bipolarité, addictions aux drogues et à l’alcool, …), des paroles comme « 'Good Times, Bad Times'… You know I had my share » (NdT : Des bons moments, des mauvais moments… Tu sais j'ai eu ma part) prennent tous leurs sens. Dixit l’intéressée « J'ai pu exorciser beaucoup de démons en faisant ce disque ».

Certaines performances n’ont rien à envier à celles (parfois habitées) de mister Robert Plant. Notre tout juste quinqua (elle a soufflé ses 50 bougies fin janvier dernier) envoie sévère ('Whole Lotta Love' et sa partie orchestrale à mi-parcours). Une fois encore, l'américaine met ici tout son cœur et âme (l’intemporelle 'Stairway To Heaven'). Vocalement, la chanteuse sait se faire puissante ou au contraire plus sensible et vulnérable (le délicat 'Rain Song').

La clique propose aussi deux medleys ('Dancing Days/When The Levee Breaks' et 'No Quarter/Babe I’m Gonna Leave You'). Là encore, cela fonctionne plutôt pas mal et reste exécuté dans le respect. On pourrait pinailler en regrettant que certaines plages ('The Crunge', 'Dancing …') ont été préférées à d’autres incontournables plus connus/appréciés des fans ('Rock 'n Roll', 'Ramble On' ou 'Immigrant Song' notamment). Mais, ne boudons pas notre plaisir car ça sonne/swing/groove remarquablement bien.

Avec son « A Tribute To Led Zeppelin », Beth Hart livre un album rock à la fois fidèle et personnel. On tient là un bel hommage d’une artiste incroyable à un quatuor de légende.