«Écoutes après écoutes, « Awakening » révèle ses qualités. Sacred Reich (et son zombie-mascotte toujours casqué) est bien de retour pour le meilleur. »
Sacred Reich aura attendu 23 piges pour commettre son cinquième effort studio. Depuis la sortie de leur précédent opus (« Heal » en 1996), il s'en est pourtant passé des choses. Le batteur Dave McClain est parti chez Machine Head, le cogneur originel Greg Hall est revenu quelques temps avant le split du combo (en 2000), puis finalement tout ce petit monde s'est remis ensemble pour assurer une centaine de gigs entre 2007 et 2018 (Sweden Rock Festival édition 2012, Hellfest en 2016, World Tour 2017 pour le 30eme anniversaire de « Ignorance »). Et bang, v'là t'y pas que depuis l'année passée, de nouveaux chambardements ont secoués le groupe originaire de Phoenix. Hall a (re)claquer la porte et quasi dans la même période le sieur McClain a lui aussi choisi de quitter la bande à Robb Flynn pour revenir avec ses anciens comparses. Plus récemment, suite à des problèmes de santé, Jason Rainey, le second guitariste et membre fondateur historique, a été contraint d'abandonner son poste. Pour le remplacer, les étasuniens ont recrutés Joey Radziwill (ex-Dichotomize), rejeton de Tim Radziwill (maître ès baguettes pour nos thrashers durant la dernière tournée). Ce jeunot de 22 balais (donc pas né à la sortie du dernier méfait en date) et son paternel ayant participés aux enregistrements des démos pour le futur disque en préparation, la décision d'embaucher ce « gamin » comme nouveau gratteux s'est logiquement imposée comme une évidence.
Comme à leur habitude, les américains varient les tempos à grands coups d'accélérations, de cassures et de redémarrages furieux. On retrouve ces riffs Thrash old-school plutôt basiques mais qui n'en sont pas moins efficaces (le puissant morceau éponyme, le frénétique 'Manifest Reality' aux accointances Slayer-iennes). Des grosses rythmiques de grattes comme on les aiment (l'agressif 'Divide & Conquer'). Pas de temps à perdre en longues plages instrus ('Something To Believe') ou en soli interminables. Tout cela promet quelques bons moments de headbanging en live. Aux côtés du vétéran Wiley Arnett, le petit nouveau s'intègre parfaitement (en même temps, on imagine bien papa avoir nourri son chiard avec des biberons-albums/EP estampillés « The American Way » et « Surf Nicaragua »). Difficile de croire que plus de 2 décennies se sont écoulées entre leurs deux dernières livraisons. Il ne faut clairement pas s'attendre à du révolutionnaire mais sacred vingt dieux qu'est-ce que c'est bon.
Malgré tout, cette nouvelle rondelle n'est pas ancrée que dans ce passé. L'aspect groove metal n'est pas oublié ('Salvation', 'Killing Machine') tout comme les accents plus mélodique ('Death Valley' alias ''la chanson la plus joyeuse de la mort'' comme s'en amuse Phil Rind). De sa voix toujours aussi reconnaissable, le chanteur-bassiste se fait toujours rageur et engagé ('Revolution' et ses 2min48s follement implacables). Bref, vous l'aurez compris, pas grand-chose à reprocher si ce n'est une légère frustration liée au « si peu » (seulement 8 pistes pour 31 minutes 29). En même temps, ils ne nous ont pas trop habitués à des rondelles bien longues.
Écoutes après écoutes, « Awakening » révèle toutes ses qualités. Sacred Reich (et son zombie-mascotte toujours casqué) est bien de retour pour le meilleur. Par pitié les garçons, ne nous faites pas poireauter aussi longtemps la prochaine fois.