Une musique honnête, sans esbroufe…de celles qu’on a besoin d’entendre après la journée de merde qu’on vient de vivre, histoire d’entretenir un peu de bonheur, et de pouvoir se dire que demain sera moins pire.
En plein cœur de l’Allemagne, contrée plus connue pour son amour du Power Metal et autres Heavy, des coupes mulets, des Pils servies à la masse, et des Birkenstock, il est un quintette qui se démarque dans le paysage musical. Dès leur première galette « Without a trace » (prémonitoirement bien mal nommé, puisqu’ils ont fini par laisser la leur), les p’tits gars de The New Roses – puisque c’est d’eux dont nous allons parler présentement - ont remis au goût du jour une certaine idée du Rock US, tel qu’on le goûtait sur MTV dans les années 80.
Et plutôt que de virer parodie glauque à force de glam à tous crins, nos teutons jouent la carte d’une authenticité plus européenne, et saupoudrent leur musique d’une bonne dose d’enthousiasme et de fraîcheur, plutôt bienvenue dans un style dont des tombereaux de toyboys au brushing savamment négligé avaient râclé les fonds de tiroirs à force de riffs mille fois entendus, de productions hyper-propres et de slokitu dégoulinant de saccharose – trustant par la force des choses les rêves humides de la majorité des jeunes filles Outre-Atlantique.
Bizarrement, c’est pourtant la tambouille que nous sert le quintette de Wiesbaden. Mais comme nous l’avons dit, chez les New Roses, on ne tombe pas dans le piège, et on travaille amoureusement son produit. Et le fait est que jusqu’à présent, cela leur réussit plutôt bien. Aussi, qu’en est-il de cette dernière fournée ?
Et bien, dès le premier titre, « When you fall in love », Timmy Rough – ne soyez pas naïf, il s’agit bien d’un nom de scène – et ses potes brossent les fans de « Beverly Hills » (la série, pas le quartier…) dans le sens du poil, avec une écriture qui pastiche brillamment le générique. Sauf que – et c’est un point que l’on retrouve sur l’intégralité de l’album – les choix de production laissent passer suffisamment de grumeaux dans la matière sonore, pour ne pas sonner lisse. Les sons de guitares sont riches, il y a du gras et du graou, et la basse n’est pas en reste. Il y a de la mâche, en somme ! Le brushing savamment travaillé au gel de Brandon Walsh ne s’en remet toujours pas !
Côté ambiance, les morceaux sont suffisamment variés pour ne pas susciter la lassitude. Mis à part le classique Rock FM du titre introductif, on a du riff bien teigneux, quand ce n’est pas du bon parpaing hard rock (« Attracted to Danger », « Bring the Thunder »). On trouve également du dansant (« This Heart ») et on a même droit à une reprise réussie du « Rocking in a Free World » de Neil Young.
Bien évidemment, il ne faudra chercher aucun concept sous-tendu, aucune recherche d’ailleurs musicaux dans le travail des cinq germains. Car c’est bien « travail » qui vient en tête à l’écoute de leur choucroute (so cliché…) : des p’tits gars bosseurs, qui besognent pour pondre une musique honnête, sans esbroufe…de celles qu’on a besoin d’entendre après la journée de merde qu’on vient de vivre, histoire d’entretenir un peu de bonheur, et de pouvoir se dire que demain sera moins pire. Par certains aspects (n’y voyez aucune exagération, laissons ça aux marseillais), il y a un tantinet de fierté prolétaro-springsteenienne dans la démarche des gaziers. Et à les écouter, on réalise qu’elle avait bien raison, Annie Cordy: « Ca ira mieux demain ! ». Qui veut une bière ?